mercredi 15 janvier 2014

Haïti et reconstruction de la capitale: des questions à poser

POUR HAÏTI (principalement Port-Au-Prince) je répète encore, moi qui veut que cela se fasse: «OUI, mais comment?». Il semble que mon «Oui mais comment?» soit compris par quelques-uns comme une opposition de ma part. C'est tout le contraire! Il s'agit de faire la nuance entre la théorie et la pratique. Voilà! Par exemple, l'expérience démontre que les comités traditionnels ne sont pas adaptés aux réponses rapides en situation de crise, lesquelles exigent une autorité forte et une centralisation des décisions pour se relever rapidement d'une crise. Il faut des leaders avec un mandat; une sorte de cellule de gestion de la reconstruction mais avec des pouvoirs pour décider et aller de l'avant au quotidien. Voir l'article et ses liens pour comprendre...

C'est pour cela (complexité et situation atypique) que j'ai proposé cet article d'opinion. Retenez ce qui est bon, s'il y a quelque chose de valable. 

La situation ressemble à une Europe profondément blessée et à un Berlin démoli en partie après la Deuxième Guerre mondiale (1939-1945).

Haïtiens assemblés devant les ruines du palais présidentiel (2010).

À celui-ci, j'ajouterai cette réflexion 

Peut-être que de l'argent ne s'est pas rendu, ou pas encore rendu, dans l'attente d'une gestion serrée, mais ce fait seul n'explique pas la lenteur de la reconstruction (en janvier 2014, 4 années se sont donc écoulées depuis le séisme en janvier 2010). 
  • Il y a aussi de l'argent qui dort en plus d'autres raisons. 
  • J'ai moi-même comme plusieurs Québécois, donné pour Haïti et je comprends notre déception OU le scepticisme. Après les premiers secours, il y a la reconstruction nécessaire.
  • Cette reconstruction pourrait se révéler une opportunité immense de former une génération d'ouvriers en leur donnant du travail (formation en situation réelle de construction via des coachs).
  • C'est pour cela qu'il est préférable d'envoyer des gens avec l'argent, et non pas l'argent seul.
  • On voit aussi ailleurs dans le monde que de nombreux dirigeants s'enrichissent en lien direct avec les dons étrangers destinés à leurs pays, mais qui ne semblent pas se rendre sur le terrain... On peut comprendre la prudence que cela suscite quand de l'argent pour des services (santé, eau potable, école, ...) est détourné vers le militaire, et cela s'est déjà vu, les résidences présidentielles.
  • Même des dispersés Haïtiens ont collecté de l'argent qui ne s'est pas rendu (par exemple un de Montréal qui a un nom d'oiseau) et d'autres cas connus. 
  • Il y a de l'argent promis qui dort prêt â être livré, mais quelques intérêts haïtiens ne veulent PAS de présence étrangère. Croient-ils vraiment que des milliards de dollars vont être envoyés en Haïti dans un compte banquaire sans présence étrangère sentie? Ces intérêts parlent d' «occupation étrangère» s'ils voient 100  ou 200 soldats d'une branche de l'ONU, qui sont là pour la protection des personnes et des biens. Mais les civils étrangers risquent l'enlèvement pour rançon s'ils ne sont pas protégés... alors c'est l'impasse. Il y a, j'en suis presque sûr, de l'argent annoncé par les pays étrangers qui est «gelé» ou retenu, peut-être même qu'une partie ne sera pas acheminé.
  • Quelles sont les initiatives concrètes entreprises par le gouvernement haïtien pour cela, pour la sécurité, pour le rétablissement de douanes non corrompues, etc.?
  • Après leur envoi en 2010, des camions chargés de médicaments et de matériaux de construction dormaient sous le soleil dans une aire, depuis 1 mois. 
  • Je connais des gens qui oeuvrent là-bas, et il a quelques années, s'ils faisaient venir des équipements, par exemple un VTT (motorisé 4 roues pour les chemins difficilement carrossables) ou une génératrice, ils devaient en plus de payer la douane, payer une somme importante, un pot-de-vin, à un fonctionnaire pour que le véhicule ne reste pas bloqué aux douanes durant des mois.
  • Le problème touche donc aussi la corruption interne. Je sais, vous me direz que Montréal, la métropole du Québec et les villes environnantes, n'est pas trop un exemple en matière d'intégrité en ces années. Justement, servons-nous de cet exemple haïtien pour voir ce à quoi peut mener une corruption tolérée.
  • Parlons de développement. Alors que le pays a un énorme besoin de capitaux étrangers, une politique étrange a été réclamée dans la dernière décennie pour refermer le pays sur lui-même. Le créole haïtien serait décrété éventuellement langue officielle et de formation du pays. Avez-vous une idée de l'impact économique et du handicap d'une telle décision à moyen et long terme, à la fois pour les investissements étrangers et pour les Haïtiens? Pouvez-vous me dire combien de pays dans le monde, parlent le créole haïtien? Pouvez-vous me dire combien de livres et publications spécialisés sont rédigés en créole haïtien? Le créole n'a pas les mots pour la technologie de toute manière. D'un point de vue culturel, que le créole soit conservé est une évidence. D'un point de vue philosophique, décréter le créole comme la langue officielle à la place du français, cela semble cool. Mais remplacer le français de l'éducation pour imposer le créole, c'est une catastrophe pour la génération qui s'y conformerait.
  • L'on peut aussi se demander quel rôle pourraient jouer, en plus des étrangers et des gouvernements, certains dispersés professionnels d'origine haïtienne, s'ils ont quitté en tant qu'adultes? Car la reconstruction ne sera pas uniquement en architecture et ingénierie. Elle est certainement aussi en partie sociale et économique (infrastructures, agriculture, touristique,  industrielle, etc.). Ils connaissent les besoins, les enjeux, le contexte géopolitique, socio-économiques, etc. Par contre seraient-ils trop politisés pour le genre de tâche urgente qui impose une dépolitisation des enjeux. 
  • (...)

Voir ces autres articles: 

Celui-ci expliquait assez bien la partie visible des problèmes d'Haïti (contient un extrait du LIVRE BLANC DU GOUVERNEMENT DE TRANSITION 9 MARS 2004 – 9 JUIN 2006)
Ce n'est donc pas uniquement dans ma tête. Il est très éclairant sur les problèmes à surmonter pour reconstruire la capitale haïtienne et... le pays. Les intérêts divergents devront converger vers l'amour du pays et du peuple.
Haïti : reconstruire l'État (lundi 22 février 2010)

J'Haïti ça la corruption !!! (vendredi 19 février 2010)