jeudi 19 février 2009

Violence et intimidation à l'école; cas vécus et réflexion

La violence et l'intimidation à l'école peuvent prendre plusieurs formes. Et les résultats engendrés peuvent être sérieux comme ce cas, ces jours-ci, du suicide d'un jeune ridiculisé en raison de sa petite taille. Verbale et sous-entendue ou physique, la violence fait toujours mal ; détresse psychologique, démotivation, décrochage, réponse par la violence, etc.

Cas vécu dont une mère de nos contacts personnels nous a fait part

Un jeune fille à l'école secondaire était stigmatisée en partie parce que ses parents avaient une foi différente de la majorité (protestants dans une région catholique). Mais le mépris avait cours aussi parce que la jeune fille avait des intérêts différents. À la puberté, elle aimait encore la nature et les animaux et ne craignait pas de prendre un insecte, un reptile ou même un crapaud dans ses mains. C'était à l'âge où plusieurs jeunes filles mettent d'autres trucs dans leur bouche, dans des fêtes initiatiques dans des sous-sols de résidences, par exemple.

Celle-ci en vînt à vivre une détresse psychologique et était au bord du décrochage scolaire ou pire... Comme c'est souvent le cas, les actes ou paroles de mépris avaient cours non seulement sur les lieux de l'école, mais au retour dans l'autobus scolaire. En effet, dans ces situations, il y a souvent le parcours vers la maison, et en dehors des heures de classe, d'autres actions, dans certains cas, le phénomène récent de la cyber-intimidation via l'internet.

Après un long moment et la perte de motivation de la jeune fille pour l'école et la vie en général, la mère consulta et ensuite exposa franchement le problème à la direction de l'école. Heureusement, elle trouva une oreille attentive. Le groupe d'élève reçut un coup de semonce: ce qu'ils faisaient était du harcèlement et était au sens de la loi un acte criminel. Ceux qui persévéreraient dans cette voie, seraient poursuivis au criminel. Voilà. Tant pis pour les parents indifférents. La situation changea de manière radicale.

Il fallut une intervention directe de la direction. Mais la jeune fille retrouva-t-elle toute sa dignité? Toujours est-il qu'elle a terminé son secondaire, mais en dehors du réseau des polyvalentes. Et lorsque je la vois de temps à autre, elle me semble heureuse. Et elle aime toujours les reptiles et travaille en attendant de débuter ses études post-secondaires sous peu.

Observations dans notre situation familiale

Voici quelques situations que nous avons pu observer en tant que parents d'un garçon qui était au primaire avant un déménagement.

- Il y avait un net manque de surveillance dans la cour d'école. Les rares professeurs surveillants parlaient entre eux (c'était la pause pour eux aussi).

- Aucune distinction n'était faite entre agresseur et agressé. Notre garçon connu dans notre coin de quartier pour être un pacifique, revenait souvent à la maison avec des fiches d'avertissement. Dans nos rues, il jouait autant avec les filles qu'avec les gars et nous ne recevions jamais de plaintes des autres parents.

- Mon fils trouva un stratagème: il rassemblait au besoin une poigné d'amis de sa classe et allait parler à un éventuel individu intimidant plus âgé. J'étais mal à l'aise avec cela, car cela ressemblait à de la graine de gang (pacifique tout de même). Mais que pouvions-nous faire face à cette espèce d'attitude de non-enquête sur les événements survenant dans les cours d'écoles? L'école ou la Commission scolaire avait cette politique; on ne recherchait pas de coupable, à moins d'une évidence incontestable. On punissait indifféremment l'agresseur et l'agressé. Et comme mon fils ne se défendait pas en cachette, il écopait.

- Souvent, il n'y avait pas de discernement pour séparer les actes anodins (tiraillage normal entre enfants) et véritable agression.

- J'étais rendu au point où je disais à mon épouse, que si j'avais un caméscope, je prendrais des périodes de congé pour me stationner près de la clôture et filmer la cour d'école, particulièrement l'entourrage de mon fils pour voir qui provoquait qui. Heureusement pour cette école, j'avais d'autres priorités au budget. Sinon, une copie d'extraits du film aurait atterri sur le bureau d'un policier ou chez les medias, si nécessaire.

- Les enseignantes faisant fonction de surveillantes pour les jeux n'identifiaient pas les comportements dangereux au jeu. Très fréquemment, durant la saison du soccer dans la cour d'école, mon fils revenait à la maison avec des échymoses (des bleus) aux jambes, aussi gros qu'une pièce de 2 dollars et même plus. C'était toujours le même élève qui frappait le ballon de toutes ses forces même lorsqu'un autre élève se trouvait à deux pas de lui. Souvent même, il frappait la jambe d'un solide coup de pied, et l'action passait pour un banal accident. J'ai compris à ce moment que le personnel n'était même pas capable d'identifier un comportement de jeu à risque ou l'enfant qui blesse intentionnellement. Je ne portai pas plainte par peur que cela ne se retourne contre mon enfant et par crainte qu'on interdise le soccer à tous. Par contre, on donnait des fiches de discipline lorsque des garçons se poussaient en jouant sur la neige et que dans la montée d'orgueil, l'un jetait l'autre par terre sur la neige.

- Il n'y avait pas de surveillance aux abords de l'école, dans la rue où sur les trottoirs en dehors du terrain. Une fois, je surpris un jeune à l'attitude fort agressive empoignant et menaçant un autre qui semblait vouloir éviter la bagarre. C'était à 2 mètres de la clôture entourrant l'école. L'autre élève semblait plus pacifique et sur la défensive, mais il ne s'en laissait pas imposer. Je circulais souvent sur cette rue, sur le chemin du travail ou de la maison. J'immobilisai mon véhicule à cette traverse de piéton de l'école concernée, et regardai celui qui était agressif avec insistance, pour lui faire sentir ma présence. Il vit mon véhicule arrêté et modéra ses menaces.

- Un jour, à la sortie d'une autre école, j'effectuais un levé d'arpentage avec un instrument au niveau sur un trépied. Un jeune garçon se jeta presque sous le trépied pour attirer mon attention et chercher protection de ma part, contre un élève au comportement douteux.

- Dans la cour d'école de mon fils, un élève au comportement violent et fui par les autres, se trouvait souvent dans une zone neutre de la cour, sans être intercepté par les surveillantes de la cour d'école. Il avait une forte taille pour son âge et se tenait souvent près de la section des élèves de la maternelle. De leur position habituelle près d'une des portes, les enseignantes ne pouvaient pas le voir dans ce secteur et il le savait.

- C'est lui qui à l'âge de 8 ans, dans notre voisinage, avait initié un jeune de 6 ans à la fellation. Le problème commençait donc évidemment à la maison. Heureusement le fait commis envers un amis de notre fils nous avait été rapporté et nous avons pu aviser la mère de l'enfant ainsi que la direction de l'école. Et heureusement, nous avons aussi été avisés par une mère de notre voisinage que ce jeune, costaud pour son âge qui jouait avec notre fils depuis quelques semaines, avait un comportement douteux et avait même cassé une ou des dents à un enfant.

Dès que possible, nous avons inscrit notre enfant à des cours d'auto-défense. Il apprendrait dans ce monde "évolué" à n'utiliser que la force nécessaire en cas de véritable agression. Mais je pensais souvent à ce jeune que nous avons dénoncé. Ne serait-il pas tenté de se venger de notre dénonciation lorsqu'il aurait 16 ans? Tout cela nous passe dans la tête. Ne pourrait-il pas à ce moment, nous voir comme la cause de toutes ses douleurs et commettre quelques chose de très grave pour se venger?

Puis, nous avons déménagé dans un plus grand centre urbain pour mon travail, et nous avons choisi une école en fonction des valeurs véhiculées. Désormais, nous ne recevions presque jamais de fiches pour des comportements déplorables (5e et 6e année du primaire) et nous collaborions avec l'école, le cas échéant.

Inutile de dire, que non seulement mon nouvel emploi, mais tout autant cette attitude de non investigation et de fiches à répétition sans égard à la responsabilité (agresseur vs agressé) ont été un facteur important dans la décision de prendre le risque de quitter notre milieu de vie.

Réflexion

Laissez aux garçons le droit d'être des garçons. Lâchez-les avec les cours d'éthique et culture religieuse et faites-les bouger et dépenser de l'énergie dans un environnement contrôlé. L'école publique aurait intérêt à revoir ses petites théories. Faites augmenter le nombre d'enseignants mâles au primaire. Eux, ils savent c'est quoi un garçon et discerner entre violence et petit "tiraillage" qui demande un simple avertissement sans fiche de délinquant. Notre expérience a prouvé que notre fils était normal et non un violent. Son défaut : être un garçon qui n'avait généralement pas peur, qui oubliait de se cacher lorsqu'il se défendait. Les cas de violence véritable étaient extrêmement rares et sa présence à la nouvelle école l'a confirmé.

Cette attitude de non-enquête et non-identification de l'agresseur cause certainement du tort. La vraie vie n'est pas comme cela. Même chose pour le manque à discerner la violence véritable d'un côté, et de l'autre, le jeu qui tourne à la blessure au genou ou au coude (blessure ne résultant pas d'un acte planifié).

Dans ce contexte à la Jean-Jacques Rousseau, la graine de bandit continuera de grandir et le pacifique a de forte chance de développer lui aussi un comportement violent, en guise de défense. Certains jeunes risquent même de sur-réagir, à force d'être excédés. Il y a quelques années, dans l'est du Québec, un jeune du secondaire a tué accidentellement un autre d'un solide coup de poing, pour une simple casquette arrachée de sa tête. De son côté, sans s'en rendre compte, mon fils avait déjà compris en 4e année du primaire, le principe de la force dans l'association; pacifique à ce moment-là. Mais que serait-il arrivé dans la même situation à l'adolescence? Est-ce le modèle que nous voulons comme société?

Sommes-nous rendus au point où il faudrait des caméras de surveillance dans les cours d'école et à leurs abords (je crois que oui) ?

Faudrait-il des surveillants distincts et formés pour les périodes d'entrée et de sortie des élèves (ou encore des agents de sécurité à certaines heures)? Et puisque la violence et l'intimidation risquent surtout de se déplacer (rues avoisinantes, autobus, internet), et que la répression ou l'intervention sur la propriété des écoles seulement ne suffisent donc pas, ne faut-il pas voir l'école, comme un lieu d'intervention privilégié pour la prévention et l'éducation des comportements, mais avec un milieu de vie hors de l'école plus coopératif et impliqué?

Pensée : Enlevez l'avenir de notre système d'éducation des mains des théoriciens de 25 ans de formation académique qui se servent de la société comme d'un laboRAToire.

dimanche 15 février 2009

Prix de l'essence au Québec; trop ou trop peu élevé?

La question essentielle à mon avis est : comment diminuer notre consommation d'essence et nos émissions de gaz à effet de serre, d'une manière AUTRE QUE des prix élevés à la pompe? Je m'explique.

Le prix du baril de pétrole à la baisse avec un prix inversement à la hausse à la pompe relance le débat. Pourquoi le prix de l'essence est-il à la hausse? Quelqu'un a-t-il brûlé un drapeau au Proche-Orient? Est-ce parce que le président sortant aux États-Unis est retourné au Texas? Mais ce n'est pas la question sur laquelle je réfléchissait hier dans ma voiture. À un peu plus de 0,92$ le litre dans la région de Québec en février 2009, c'est certainement plus facile à accepter que quelques mois plus tôt. On pourrait certainement discuter de la pertinence du prix de l'essence, lequel serait par exemple 1,40$ le litre (atteint en 2008), trop élevé selon les uns ou trop peu élevé pour les autres.

Prix trop élevés ou trop peu élevés?

La question est posée, non pas sous l'angle de l'analyse économique, mais sous l'angle des alternatives à un prix de l'essence élevé, notamment pour concilier la situation des uns (familles, gens à plus faibles revenus, personnes vivant hors des grands centres urbains) versus les contraintes environnementales.

 Les uns, trouvant les prix trop élevés, ce sont ceux qui ont de faibles revenus et qui ne sont pas bien desservis par un réseau de transport en commun pour diverses raisons (situation géographique, etc.). Chaque dollar dépensé et qu'ils n'ont pas, constitue un dollar dans le négatif, donc un endettement, à moins d'avoir accès au love money (p. ex. aide des parents et proches). Ceux trouvant les prix trop élevés sont aussi le groupe social dont les dépenses équivalent à peu près aux revenus et qui aspirent à conserver une part de budget pour les loisirs (sports, cours divers, sorties, vacances) et pour épargner en vue de leur retraite (prendre un REER, etc.). Pour ceux-là, il faut très peu d'augmentation de divers produits et services essentiels ou quasi-essentiels pour déstabiliser ce budget. Dans bien des cas, ce sont aussi des personnes ou familles pour qui le transport en commun et l'organisation actuelle du territoire et des activités quotidiennes ne peut répondre aux besoins et contraintes.

Pour les autres, trouvant les prix trop bas, il peut s'agir par exemple, de ceux qui de toute façon ne sauraient pas où garer une voiture à Montréal ou dans le secteur du "Vieux-Québec" à Québec , ni dans les stationnements "payants" des institutions d'enseignement comme les universités et les Cégeps. Ils peuvent aussi être ceux qui se déplacent dans des secteurs bien desservis par les réseaux de transport en commun.

Sans oublier la conscience environnementale

La raison pour laquelle je n'ai pas parlé encore de ceux qui ont une conscience environnementale plus aiguisée, c'est que cette conscience pourra varier selon le temps et le lieux pour une même personne. Un étudiant de Montréal ou de la grande région de Québec qui trouvait par exemple le prix de l'essence trop bas à 1,40$ le litre en 2008, pourrait changer d'idée s'il avait 3 ou 4 enfants, dont 2 à déposer à la garderie (en vélo, en métro ou en autobus) ou s'il vivait et travaillait en dehors des grands centres. Mon expérience de taxibus dans une ville de région (transport en commun subventionné) durant quelques mois sans automobile était décevante; trois personnes sur la banquette arrière d'une voiture de taxi, c'est trop.

Une fois j'occupais le siège du passager avant, mais le chauffeur m'a suggéré de céder ma place pour un nouveau passager de forte taille; ce dernier étant visiblement fort mal à l'aise. Je ne me suis plus assis à l'avant après cette expérience. Et en semaine après les heures de grande activité ainsi que les weekends, on cessait d'exister. Il ne restait que le taxi traditionnel.

Pour ceux dont la conscience environnementale est ferme et réfléchie (mature), il existe plusieurs facteurs autres que le prix de l'essence, pour atteindre les objectifs environnementaux:

  • réorganisation du transport en commun, incluant l'ergonomie et un confort de base (être capable de lire un livre ou un document ou consulter un portable, en position assise sans devoir se tenir à un poteau de danseuse, au même poteau que le type qui a attrapé l'influenza - la grippe d'homme - et ça pourrait être moi... );
  • réorganisation du transport longue-distance (ex. bonifier le transport par train des personnes ou marchandises pour les longues distances, par exemple avec des voies distinctes dans les grands axes des déplacements, nord-sud ou est-ouest);
  • des véhicules de transports urbains adaptés pour les personnes et livraison ou collecte des marchandises ou pour certains véhicules publics ou d'entreprises (hybrides, électriques, ...);
  • des zones ou rues réservées pour certains types de véhicules;
  • favoriser les garderies (centres de la petite enfance) près ou sur les lieux de travail;
  • nouvelles énergies (mais pourquoi les gouvernements au Canada n'ont-ils pas établi dans les décennies précédentes de normes et d'échéanciers pour les véhicules utilisant essence, diesel, etc. ?);
  • repenser la façon de taxer, laquelle bénéficie à nos gouvernements lorsque les prix sont plus élevés à la pompe;
  • véhicules communautaires (location ou formule de contribution financière autre);
  • une gestion du territoire (aménagement du territoire et urbanisme) et des services qui soit une gestion évolutive, car en tant que système, une ville n'est jamais statique; les quartiers avec beaucoup d'enfants et de travailleurs d'aujourd'hui seront les quartiers d'une majorité de retraités dans 30 ans.
  • et autres. 
Je vous suggère de compléter cette liste: Comment diminuer notre consommation d'essence et nos émissions de gaz à effet de serre, d'une manière AUTRE QUE des prix élevés à la pompe? Et comment le faire, non seulement dans les grands centres comme Montréal ou Québec, mais AUSSI en région ou dans les petites villes?

samedi 7 février 2009

Faut-il privatiser Hydro-Québec? Énergie équitable ou inéquitable?

7 FÉVRIER 2009 (mon côté gauchiste judéo-chrétien).

Le ballon est relancé. C'est un peu comme pour la question de privatiser Postes Canada qui revient de façon cyclique, comme si quelqu'un voulait vraiment que les envois postaux passent à 3 dollars, pour l'enveloppe standard expédiée à l'intérieur de nos frontières.

Le salut d'Hydro-Québec doit-il passer par la privatisation?

Pourquoi une révision de la gestion et des prix doit-elle passer par la privatisation? Pourquoi cette société d'État doit-elle entrer dans le giron de la mondialisation des marchés? Les fonctionnaires de nos sociétés d'État doivent travailler vraiment mal pour générer une telle envie (j'ironise). 

Nos forêts géographiquement accessibles ont été vidées de leur matière ligneuse et nos eaux de leurs poissons tandis que les travailleurs de ces milieux avaient des salaires et conditions au mieux ordinaires et devaient faire avec des périodes de chômage. 

Signature du privé corporatif (pas tous heureusement)

Nous avons parfois le sentiment d'avoir été vendus et pillés (c'est-à-dire nos pères). Le privé se foutait pas mal des notions de justice sociale et de bonheur. Y aurait-il vraiment optimisation de l'exploitation de la ressource? Pourquoi faut-il privatiser, pour ensuite devoir logiquement implanter des "brigades" spécialisées pour surveiller et contrôler les activités et opérations de ce qui serait privatisé? Dans certains domaines les entreprises qui font du partenariat avec le secteur public ont l'habitude de calculer leurs coûts en incluant profit + administration. De même, ce que les salariés d'une société d'État pourraient éventuellement sacrifier, pourrait-il revenir par une autre porte, en coûts administratifs, en redevances aux actionnaires ou d'une autre façon? Une partie de la solution, si le problème du prix est visé, ne pourrait-elle pas passer par l'utilisation des surplus, vendus à un prix majoré, par exemple? Mais dans ce cas, il faudrait être tout de même conscients que si nous avons des surplus, certaines situations de force majeure (ex. climatiques; surmultiplication de véhicules rechargeables) pourraient faire de nous des importateurs sur des plus longues durées que ce que nous avons connu. Nos clients ne manqueraient pas de nous retourner la pareille (facturation majorée pour nos demandes de pointe).

Je ne suis pas économiste, mais... 

Je ne suis pas économiste, mais il y a plusieurs questions qui doivent trouver réponse dans le dossier ou débat d'une éventuelle privatisation d'Hydro-Québec. Ma prochaine question fera un peu amateur : pourquoi est-ce grave si nous payons un prix inférieur au marché mondial pour une ressource naturelle régionale renouvelable que nous avons le privilège d'avoir et que nos pères et mères ont payé pour nous avec leurs impôts et taxes lors de la nationalisation de l'électricité au Québec (régionale au sens plus large)? Ne paie-t-on pas les oranges moins cher si on réside au Maroc ou en Floride? Ne paie-t-on pas le pétrole moins cher lorsqu'on est citoyen de l'Arabie Saoudite? N'y a-t-il pas des hausses de tarifs quasi-annuelles pour les utilisateurs domestiques d'électricité que nous sommes? Est-ce mal d'avoir une société d'État rentable qui fait bénéficier ses concitoyens de ses avantages? 

Définir les termes de la privation S.V.P. 

Et de quelle privatisation parle-t-on; de la gestion ou de la Société et des infrastructures et équipements?  Ou encore, parle-t-on de certains pans seulement et pourquoi en ce cas? Car on peut pet-etre privatiser la gestion en conservant les profits et ressources.  Les infrastructures et les secteurs d'activité seraient-ils morcelés entre un certains nombres de compagnies? Qui assumerait les coûts de la recherche? Si on nous dit éventuellement que les infrastructures resteraient à l'État, est-ce à dire qu'on veut le chèque de paye, mais pas les factures d'entretien et de recherche et développement qui viennent avec? 

À qui la privatisation d'Hydro-Québec bénéficierait-elle le plus? 

Qui a des intérêts sur un fleuron québécois tel qu'Hydro-Québec? Y aurait-il dans un futur pas très loin, des intérêts pétroliers ou gaziers dans la gestion de notre énergie électrique? Cela pourrait-il s'insérer dans un grand marché de tendance monopolisante? Si l'on parle d'une privatisation totale, qui seraient les actionnaires et quels seraient en ce cas, leur intérêt ou intention dans l'acquisition de cette entreprise? Se pourrait-il qu'un bon matin, ils n'en aient rien à foutre que la ressource soit québécoise. Imaginez-vous, par exemple, les Chinois ayant le contrôle sur notre hydro-électricité? Les profits des grandes entreprises n'ont pas de nationalité. 

J'essaie de comprendre... 

Pourquoi ce "dossier" fait-il surface au moment où les possibilités de croissance sont énormes, considérant les objectifs de réduction de la consommation du pétrole, l'apparition des voitures électriques, l'éolien et le solaire encore à leur état d'enfance (son école primaire), l'énergie des courants marins de notre grand fleuve encore non exploités et croyez-moi, il y a des courants importants en certains secteurs du Fleuve-Saint-Laurent.? Ce ne sont que des exemples.

Dans le contexte de la mondialisation qu'on semble vouloir nous enfoncer dans la gorge par la force, quelle serait la garantie que les retombées iraient vraiment là où le voudraient les théories de gestion? La spéculation pourrait-elle entrer dans le domaine de l'hydro-électricité (faire monter les enchères et les coûts pour nous)? Dans le marché de l'énergie tel que nous le connaissons, nous savons les effets de la rareté (ou pseudo-rareté) sur le prix d'un produit ou d'une ressource. Ne serait-il pas tentant d'étaler certains développements, pour ensuite dire que la demande croit plus rapidement que la capacité de production, et qu'ainsi il faudrait augmenter substantiellement les coûts pour les clients domestiques? Ce sera potentiellement le cas avec les véhicules entièrement électriques. 

Hydro avec un "o" = Eau OU histoire d'Eau

Il y a aussi l'aspect hydro-électrique de la chose. Hydro-électricité contient la racine hydro, donc eau. L'eau est une ressource naturelle que nous avons en abondance au Québec. Quel serait l'impact d'une privatisation de la gestion sur l'aspect hydrologique de la ressource et sur d'autres dossiers dans le domaine du droit sur l'eau? Autrement dit, quel serait l'impact sur toute la délicate question de la gestion de l'eau au Québec? À qui appartiendrait l'eau ou les droits sur l'eau qui s'écoule dans les rivières harnachées et les zones inondées ou réservées pour produire l'énergie? Quel serait l'impact plus global du résultat d'éventuelles contestations et jugements en cour ou en arbitrage international sur la question de l'eau (précédents créés, jurisprudence)? 

Responsabilités légale et financière face à d'éventuelles pertes

De plus, advenant le problème de la perte de rentabilité pour une raison inconnue aujourd'hui, qui assumerait les responsabilité financières et légales? Par exemple, des infrastructures sont victimes de terrorisme, ou encore, on révolutionne la production d'énergie (ex. des super piles d'automobile) et en 2029, la la croissance n'a pas cru au rythme prévu. On a donc surestimé le boom du marché et ça ne se passe pas tout à fait comme prévu. Les contribuables deviendraient-ils les désignés responsables légaux et financiers par défaut (par la bande)? Ou si les conditions du marché changeaient durant les années suivant la signature des ententes, les compagnies respecteraient-elles leurs engagements, ou se défileraient-elles? Qu'arriverait-il en cas d'insolvabilité de la compagnie envers ses créanciers et si elle se révélait être un mauvais payeur pour ses fournisseurs, ou devenait non opérationnelle pour une raison quelconque? Actuellement, des compagnies peuvent signer des ententes pour fournir de l'énergie éolienne à Hydro-Québec à un prix donnée le kilowatt-heure. Puis, quand les conditions du marché ne sont plus favorables pour le prix de l'entente (hausse du prix unitaire accordé dans les contrats subséquents selon l'évolution du marché), certaines repartent et se retirent pour une autre province sans terminer tout le développement prévu. Qu'est-ce qui nous garantit qu'une privatisation ne serait pas seulement pour les bonnes années, ou jusqu'à ce qu'on hérite d'un réseau devenu vétuste? Faudrait-il renégocier à la hausse des contrats avec des entreprises qui menaceraient de cesser leurs opérations pour difficultés financières? Donc, dans des cas semblables, qui comblerait à ce moment-là les éventuelles pertes? 

Vétusté et responsabilité des coûts d'entretien; l'allégorie d'un certain pont à Québec

Qui paierait pour le maintien (entretien à long terme et remplacement) des équipements et infrastructures actuels? Vous n'avez qu'à penser à la problématique d'entretien pour l'actuel Pont de Québec. Les deux parties (compagnie ferroviaire et Ville de Québec et... la rive-sud) en ont besoin, mais personne ne veut se taper la facture de l'entretien pour le rattrappage en travaux pour les années décrites comme déficitaires en matière d'entretien. La privatisation serait-elle sous forme de bail (baux) de 30, 50, 75 ou 100 ans? Et si on nous retournait des équipements vétustes et négligés après quelques décennies, les contribuables que nous sommes (ou nos enfants et leurs enfants) seraient-ils encore sollicités, après avoir supporté les hausses prévisibles des coûts d'énergie reliés à la privatisation? Le privé n'exigerait-il pas la remise à neuf de certaines infrastructures et équipements avant d'en assumer la gestion (un service top shape à la livraison)? En tel cas, la facture nous serait logiquement refilée alors qu'eux auraient les avantages pour les bonnes décennies à suivre.

Relations avec les régions ressources et les communautés

Quelles seraient les relations avec les régions-ressources et les communautés. Quel serait l'impact d'une privatisation d'Hydro-Québec sur les relations avec les communautés autochtones amérindiennes? On parle souvent des régions comme un fardeau pour Montréal, mais si celles-ci et leurs communautés recevaient les redevances équivalentes à ce qu'elles produisent, cela changerait peut-être la donne. Les bois de construction ne vient pas premièrement de la quincaillerie, ni l'électricité de la prise murale.

Pas si simple... 

Toutes ces questions doivent trouver une réponse très claire et être incluses dans toute réflexion ou dans un éventuel débat publique sur la question. L'énergie électrique dans le contexte québécois, ce n'est pas un marché de production de balles de golf autographiées ou de sandales de plage. L'électricité est vitale et incontournable. On a des hivers avec des froids qui tuent. Il est donc drôlement important de réfléchir longuement sur l'éventualité d'une privatisation d'un réseau qui fonctionne bien en matière d'énergie. Je ne sais pas mais, il me semble qu'il y a un risque élevé que s'insèrent un jour des intérêts obscurs dans le dossier de la privatisation d'Hydro-Québec. Il est difficile de croire que le but soit purement altruiste; comme par exemple rembourser la dette du Québec. La notion de dette d'une nation constitue d'ailleurs à elle seule le sujet d'un débat social. Pensée : À l'heure où l'on commence à comprendre la notion de café équitable, allons-nous courir le risque de nous doter d'une énergie nationale inéquitable?

mardi 3 février 2009

Photo de président versus photo de Madame David

Madame Françoise David du parti Québec Solidaire a la peau plus sensible que son député élu, Monsieur Amir Khadir. La proposition questionnable d'un animateur radio du FM 93,3 à Québec, consistant à déchirer la photo de Madame David d'un manuel scolaire, s'apparente tout au plus, à lancer un soulier contre la photo d'un président de nation ou contre les embassades de celle-ci.

L'argumentation du député Khadir était qu'il n'avait pas lancé une chaussure (agression) contre une personne mais contre une photographie du président sortant des États-Unis; selon lui, acte d'aucune conséquence. Suivant cette même logique, que l'animateur radio ait tort ou raison n'est pas la question. Pour poursuivre la logique solidaire, inciter à déchirer une photo par motif d'opinion politique ne constituerait pas une agression contre la personne.

Dans sa plainte déposée au CRTC, Madame David argumente que les ondes publiques n'ont pas été utilisées de manière adéquate. Suivant la même logique, Monsieur Khadir a utilisé une fonction publique honorable (député élu à l'Assemblée nationale) pour véhiculer sa position, d'une manière inhabituelle à notre culture. Nous assistons ici à l'exemple typique de débats sociaux sans issue que nous verrons en nombre croissant.

Puisque nous sommes en perte de référence pour ce qui est ou non éthique, chaque clan devient sa propre référence. L'action de l'animateur a le mérite de faire ressortir cette contradiction, de même que l'importance du symbole. Déchirer, brûler ou piétiner un drapeau ou une photo, s'apparente à agresser ceux qu'ils représentent. Merci au 93,3 pour le rapprochement, conscient ou non.