dimanche 26 avril 2009

Certains dessous et motivations du cours d'ECR

OU l'étrange obsession de l'État québécois et de son cours imposé par la force : 
Éthique et culture religieuse - ECR (ÉCR)


Pour les parents du Québec qui croient que le virage de la dernière décennie en matière d'enseignement d'éthique et de culture religieuse ne concerne ni leurs enfants, ni les enfants de leurs enfants, il faut savoir que l'État québécois a désormais tous les outils légaux en main pour décréter ce qui est bien et mal pour vos enfants, ce qui PEUT ou DOIT leur être transmis comme valeurs spirituelles et éthiques, et ce avec ou SANS votre consentement (drogues, sexualité, vie sociale). Ce n'est plus la séparation de la religion et de l'État, c'est l'État qui structure la religion ou la spiritualité et l'éthique. C'est de la réingénierie sociale très tendancieuse qui se sert maintenant de l'école en tant que véhicule pour implanter les politiques des gouvernements au pouvoir. Des avocats ont d'ailleurs qualifié ce qui se passe au Québec comme étant «du droit nouveau». 

Je présenterai ici, certains aspects méconnus du cours d'Éthique et culture religieuse (ECR). Ce dernier a été rendu obligatoire dans les curriculums du primaire et du secondaire, par le Gouvernement du Québec, à la rentrée scolaire québécoise de septembre 2008. Le parti Libéral du Québec, a suivi les traces de ses conseillers et du Gouvernement précédent (Parti Québécois), et j'ose croire, sans en saisir les véritables enjeux. 

Le biais (faux angle) instauré par le traitement médiatique

Certains médias francophones influents, et ce par exemple, depuis la course de Stockwell Day contre Jean Chrétien en 2000, ne se cachent pas de leur orientation antichrétienne, dans le fait que la place des chrétiens convaincus, n'est ni en politique ni dans les débats de société. Quand par exemple, la Radio de la Société Radio-Canada a posé, dans le contexte des dernières élections fédérales de 2008 sur ses tribunes, la question à savoir si la population est en droit de connaître la religion des candidats aux élections, cela était très, très proche de la discrimination et de l'empêchement politique. Nous ne sommes pas loin du brassard jaune que devaient porter les Juifs dans une démocratie très en avance scientifiquement et technologiquement, il y a un peu plus d'un demi siècle. Cela suggère fortement que la société d'État Radio-Canada voit la nécessité d'un profilage religieux. Cette attitude suggère qu'une personne chrétiennement engagée ne peut pas être un bon citoyen, mais surtout pas un leader politique. L'athée, l'agnostique, le gnostique, l'ésotérique et les autres sont "purs", mais pas le chrétien. 

Actuellement, le réseau TVA maintient une ligne plus objective, écoutant les arguments des deux parties dans le dossier de l'ECR. Il faut concéder que dimanche le 10 mai, la SRC a démontré une ouverture avec l'émission Second Regard, animée par Alain Crevier. Quelques mois plus tôt, l'ex-chef de l'ADQ, Mario Dumont, s'y était fait écorcher par l'intervieweuse, comme si on avait été à une émission journalistique agressive. Ce n'était aucunement le ton habituel. Mais au-delà de l'émission Second Regard traditionnellement plus "friendly" (conviviale), la SRC tend généralement à véhiculer le discours officiel des fonctionnaires et des concepteurs du programme et passer sous silence les arguments des opposants à l'ECR en tant que cours obligatoire pour tous. 

Une méconnaissance du fait religieux 

Le biais médiatique tendant à présenter les chrétiens comme des déconnectés du 21e siècle, suppose une méconnaissance du fait religieux. En effet, croire qu'une pierre ou un cristal possède un pouvoir de guérison est un acte tout aussi religieux (animisme, fétichisme), que celui de croire en une divinité. Même chose, pour le fait de croire que les astres et planètes déterminent ma personnalité et mon avenir (et celui des jumeaux identiques pourtant très différents dans leurs caractères), ou encore si je crois que mon énergie vitale a besoin d'être rebalancée par un massage,  ou que la Terre, Gaïa, est un être vivant qui nous envoie des messages conscients. Tout cela relève du domaine du religieux; cessons donc de jouer sur les mots. 


Pourtant, les uns passent facilement la porte d'accès dans nos institutions publiques alors que les convictions déistes avouées comme le christianisme, sont de plus en plus exclues et stigmatisées; ridiculisées. La seule principale différence d'approche, pourtant est que certaines s'identifient clairement (ex. christianisme), alors que les autres tout en étant religieuses, sont volontairement gardées floues pour une période d'implantation tranquille, sont très souvent modifiées pour l'Occident, et ainsi rendues intentionnellement plus difficilement discernables ou identifiables comme démarches d'initiation religieuse ou spirituelle étapistes (ex. initiation à l'hindouisme via le yoga ou la voie yogique ou les yogi). Jusqu'à présent, la majorité des médias, tout autant que les commissions scolaires, se montrent incompétentes à reconnaître les croyances religieuses ou superstitions non institutionnalisées, mais non moins réseautées et extrêmement influentes dans leurs orientations éthiques. Combien savent par exemple (en dehors des initiés qui enseignent ces disciplines) que le yoga est une technique ou pratique dans le cheminement initiatique au sein des grandes religions orientales, au même titre que le sont la prière ou le chant chrétiens, ou encore que le tai chi est une discipline de la voie du taoïsme? 

L'argument du "vivre-ensemble" 

Le prétexte d'explorer les religions des parents des autres élèves pour le "vivre-ensemble" est difficilement défendable, vu le grand nombre de religions représentées au Québec et surtout l'âge des enfants qui doivent obligatoirement être inscrits aux cours dès l'âge de 6 ans environ (première année du primaire). Dans les faits, une vie adulte entière ne suffirait pas pour saisir les principaux courants. Cela est davantage improbable au niveau primaire avec des enfants! 

Les parents se font retirer leur autorité morale sur leurs enfants d'âge mineur 

Les changements tout récents et en cours dans le droit canadien, vont dans le sens de retirer aux parents, leur prétention historique dans les faits comme dans le droit "ancien" (remplacé durant la dernière décennie), d'être l'autorité spirituelle et morale sur les enfants (jeunes d'âge mineur). Alors que les écoles au Québec ne sont pas la création de l'État, mais de la société civile, L'État québécois leur dit maintenant par des modifications dans le droit constitutionnel, dans la charte québécoise (article 41) et dans la Loi sur l'instruction publique, que ce ne sont plus les parents qui constituent l'autorité morale et spirituelle sur leurs enfants (âgés de moins de 18 ans). Mais nous n'en voyons pas encore toutes les conséquences. Pour l'instant, il pourrait sembler, par une analyse trop superficielle, que seuls les catholiques et protestants sont concernés par les changements dans le droit, parce que ce sont ces groupes qui étaient ciblés par ces modifications. Mais dans les faits, tous les parents le sont. Si plusieurs parents québécois ne l'ont pas compris, ou s'ils ne le savent pas, c'est que soit ils ont été constamment distraits par autre chose (économie, fin du monde apocalyptique annoncée par les écologistes et non plus par les chrétiens sur la base de l'Apocalypse, scandales financiers, etc.), soit ceux qui auraient dû les informer de la mutation du droit ne l'ont pas fait. Et ils ne l'ont pas fait, pour des intérêts potentiellement idéologiques; la ligne éditoriale du média. Plusieurs ont en effet adhéré à la thèse menant à l'imposition à tous, dès le primaire, d'un cours d'Éthique et culture religieuse (ECR), qu'ils prétendent incontournable pour enseigner le "vivre ensemble", dans une société pluraliste (lire: multi-ethnique, multi-culturelle, avec multiples convictions religieuses, éthiques ou philosophiques). 

Le cours d'ECR devait-il être imposé à tous? 

 Voici ce que disait le comité sur l'éducation au phénomène religieux quelques années avant la réécriture finale du cours d'ECR: 


« Bien que le comité ne puisse identifier aucun principe contraignant pour rendre obligatoire la fréquentation d'un enseignement culturel des religions, la responsabilité spécifique de l'État en matière d'offre de services publics milite, selon nous, en faveur de l'aménagement d'un enseignement culturel des religions qui soit obligatoire pour tous les élèves » (1) . 
Ce texte de la littérature gouvernementale officielle dit clairement que rien ne rendait obligatoire le cours, sauf le point de vue socio-culturel d'une certaine "élite"

Un contenu orienté

L'approche consistant à isoler le droit de regard parental sur l'enseignement donné aux enfants, entre autres par la modification de la charte québécoise des droits et libertés et l'imposition du cours d'ECR qui dicte progressivement du primaire vers le secondaire, ce qui doit être enseigné et cru et ce qui doit être rejeté, ressemble étrangement à l'instauration du mouvement des jeunesses hitlériennes. Ces groupes qui prenaient en charge les enfants sous le IIIe Reich, s'appliquaient à les dissocier du lien de confiance avec les parents, souvent de conviction chrétienne, et leur enseignaient les vraies valeurs; celles que les parents, disaient-ils, ne pouvaient pas comprendre, parce qu'ils avaient reçu une autre éducation et étaient de ce fait dépassés; inaptes à comprendre les enjeux supérieurs que la jeunesse allemande pouvait saisir. Nous savons aujourd'hui les horreurs qui ont suivi un tel discours. 

Instaurer le désordre

Si l'on voulait créer le scénario d'un film sur le désordre social en contexte canadien, on ne ferait pas mieux que ce que l'État québécois fait actuellement, même si l'intention politique peut être bonne au départ. Dans la nature, il y a de l'ordre ou un équilibre dans les écosystèmes. Mais si vous mettez dans la même boîte sans possibilité de fuite, le chien, le chat, la marmotte, le raton laveur, la mouffette et le porc-épic. Sinon, ce n'est plus un écosystème. C'est un laboratoire ! Pourtant, dans des conditions normales, chacun a droit d'être partie à part entière de l'écosystème. Cette expérimentation sur population réelle constitue pourtant une partie de ce que fait l'ECR en classe obligatoire. On prétend que pour un système social équilibré, il faut mettre ensemble dans la "boîte" que constitue la classe du cours d'ECR, les gens de diverses convictions et les forcer à échanger au moment où ils ne le désirent pas nécessairement. On dit pour justifier l'approche que la classe est un échantillon de la société, ce qui est faux
  • Premièrement, quand en tant qu'adultes, vous n'avez pas envie d'échanger sur vos convictions personnelles avec un membre d'un groupe religieux ou votre voisin prof de philosophie, vous ne le faites pas. Cela est la vraie société. L'élève n'a pas ce choix.
  • Deuxièmement, la classe puise dans un même groupe d'âge et dans une même langue d'enseignement. Et elle est dirigée par un enseignant qui agit comme autorité, comme animateur et en tant que modérateur; lequel doit s'assurer que les objectifs de l'ECR sont atteints et que les conclusions attendues soient exprimées avec évidence. La classe n'est pas une micro-société! Quel mensonge! Ce n'est pas le cas dans un échange libre et informel dans le monde libre, entre deux voisins issus de deux cultures, discutant le samedi soir.
Cette expérience me rappelle quand j'étais enfant du pré-scolaire et que je mettais ensemble différents insectes dans une petite boîte de camion-jouet en rompant l'équilibre de l'écosystème. Les petites bêtes vivaient en équilibre à quelques dizaines de centimètres les unes des autres, quelques minutes auparavant. Mais en les confinant dans un espace clos sans possibilité d'espace vital individuel, cela donnait lieu à des affrontements ou des mouvements de stress, d'auto-défense ou même de panique.

«Déconstruisons ensemble ta foi...»

On leur propose ensuite, sans toutefois utiliser un langage aussi cru, de déconstruire ensemble le fait religieux; faire ressortir ce que l'un (allez savoir qui et en suivant quelle référence morale) a jugé comme convenable et épurer de ce qui est digne de rejet, selon cette même autorité morale anonyme de l'élite. Mais justement, quelle est la référence du bien et du mal? Serait-ce les chartes des droits ou la constitution? Évidemment pas, car la dernière décennie a démontrée que même la constitution canadienne et la charte québécoise peuvent être modifiées en quelques mois pour instaurer un changement social. Il y a 200 ans, le droit permettait l'esclavage.

Voici une question intéressante : Comment réagira un parent qui apprendra qu'un enseignant (modétateur et animateur de la classe d'ECR) a laissé entendre que le prophète qui a fondé l'Islam, n'a peut-être pas véritablement reçu la révélation d'Allah? On peut en débattre, évidemment, mais pas dans ce genre de cours imposé. Voici un autre exemple: l'incarnation de Jésus-Christ en tant que Dieu fait chair (Dieu fait homme) est le lieu commun, le dénominateur commun du christianisme. En dehors de l'incarnation, de la crucifixion et de la rédemption, il y a de multiples divergences au sein de la chrétienté au sens très large. Or, impossible de croire à une erreur ou omission des rédacteurs du cours, le fait de la croyance dans l'incarnation est pourtant évacué du programme dans lequel Jésus ne serait qu'un grand réformateur, comme le moine Martin Luther au 16e siècle en Allemagne, ou au mieux, le fondateur de la religion chrétienne. 

L'obligation de débattre ou même seulement discuter lorsque vous n'en avez pas envie 

Comprenez-moi bien; ce n'est pas comme un échange d'idées et de concepts dans une discussion entre un chrétien et un musulman adultes, ou entre un athée et un chrétien, ou entre un catholique et un témoin de Jéhova; ces personnes pouvant être consentantes à en discuter ou même à en débattre. Mais pour le cours d'ECR, il s'agit ici d'une expérience de comparaison des croyances et des expériences (phénoménologie de la religion), imposée de l'extérieur, où chacun risque d'être blessé ou humilié sous le regard des autres. Vous dîtes ce qu'il y a de bon dans l'expérience de l'un et de l'autre, puis, tôt ou tard, l'inévitable arrive. Vous devez faire ressortir certains illogismes réels ou apparents d'une position, ou certaines positions qui apparaissent inacceptables en éthique occidentale laïque. Vous venez donc de ridiculiser l'élève qui avait accepté de s'ouvrir devant toute la classe, pour partager son expérience quelque temps auparavant. Comment, par exemple, peut se sentir un jeune de conviction chrétienne au secondaire (devenu chrétien par sa conviction et non celle de ses parents), lorsque l'enseignant donne la consigne, incluse dans un cahier d'exercice du secondaire, de redessiner le drapeau du Québec en y enlevant la croix symbolique, parce que la croix n'a plus rien à faire sur le drapeau d'une société laïque? Qu'est-ce, sinon une forme pernicieuse de manipulation psychologique? Cela peut s'apparenter pour le jeune croyant par décision, à une forme d'intimidation collective dont il est une cible potentielle. 

Éventuelles conséquences économiques pour museler les enseignants qui pourraient être mal à l'aise avec le cours d'ECR

Pour se garantir l'appui des enseignants dans cette exercice, l'État se sert encore d'une forme d'intimidation potentiellement économique particulière; la menace à peine subtile d'une coupe de salaire pour l'enseignant de l'ECR, sans substitution par un autre cours ou une tâche équivalente. Selon les avis juridiques obtenus par la Coalition pour la Liberté en éducation, en perdant sa liberté de conscience, 
l'enseignant devient un «instrument; essentiellement un dispositif dans l'appareil de l'État. On élimine ainsi les résistances qui pourraient provenir du système scolaire» (2). 
Voici comment l'État procède, bien que nous n'en voyons pas encore tous les impacts qui pourront se révéler à moyen et long terme. Il a modifié la loi, par l'abolition de l'article 20 de la Loi sur l'Instruction publique, retirant ainsi aux enseignants, la liberté de conscience jusque là reconnue dans la fonction d'enseignant. Ceci signifie qu'éventuellement, rien ne contraindrait une commission scolaire à accommoder et à réaffecter un enseignant à un autre cours, dans le cas d'un refus d'enseigner la totalité ou des périodes spécifiques d'ECR, par motif de liberté de conscience personnelle. L'enseignant récalcitrant peut maintenant être mis à pied (remercié de ses services). C'est la possibilité latente d'une menace économique digne des anciens pays de l'est (ex. bloc soviétique, Roumanie, etc.), dans leur répression antireligieuse pour soutenir des idéologies sociales qui ont échoué. On ne sait pas quand ni comment le tri commencera effectivement à s'appliquer. Mais le terreau est là et la semence aussi.  Si un enseignant n'est pas en accord avec une prémisse ou une conclusion du cours ou des cours (car l'approche en réalité plus englobante visera pratiquement tous les cours), cela implique éventuellement l'application à la fois légale et logique suivante : soit désobéir et dire sa position personnelle derrière les portes closes, soit le retrait à moyen et long terme sans compensation / substitution

Un exercice d'ingénierie sociale

Ce n'est plus la séparation de la religion et de l'État, c'est l'État qui structure la religion ou la spiritualité et l'éthique. C'est de la réingénierie sociale très tendancieuse et sujette à créer des précédents dans notre contexte nord-américain. Il ne manque que le brassard de couleur, porté par les déistes, pour exclure les chrétiens de toute position sociale d'influence (politique, enseignement, grands débats sociaux comme le suicide, l'euthanasie, la sélection des êtres humains à naître en fonction de critères génétiques, etc.). Et c'est, il me semble, ce que la plupart des journalistes souhaitent aussi (du moins c'est ce qu'on croirait, à les regarder aller). Pour Gary CALDWELL, sociologue et professeur émérite de l'université Bishop's, c'est effectivement de la réingénierie sociale et en occident, ce n'est pas le rôle de l'école de se faire le véhicule pour le contenu des politiques adoptées par les gouvernements. Les gouvernements et leurs politiques sociales passent, l'instruction, l'éducation et la vraie neutralité doivent demeurer. 

L'ECR au point d'arrivée (A vers B)

Si au départ avec les enfants de 6 ans l'ECR semble plus inoffensif (observation des rites et des fêtes, par exemple), le curriculum du cours d'ECR, échelonné sur plusieurs années, vise pourtant à amener progressivement l'enfant à douter de l'existence de vérités universelles et du bon jugement de ses parents, s'ils ont des convictions déistes. Dès la fin du primaire, vers 10 à 11 ans, l'enfant est amené à se distancer de l'opinion de ses parents, sans toutefois s'opposer à eux ouvertement. Cet aspect de son développement normal est ici étrangement et CONSCIEMMENT mis à contribution, comme par une forme de psychologie de manipulation des masses, assez tordue merci, pour imposer une politique. Et cela est documenté et prévu pour le troisième cycle du primaire, soit entre 10 et 12 ans. Voici ce qu'affirmaient les spécialistes conseillant le Gouvernement, en faveur du cours, avant sa réécriture pour y inscrire l'éthique et son actualisation :
« Cette même autonomie rend l'enfant en mesure d'assumer discrètement certains choix entre des valeurs, tout en demeurant conforme aux perceptions qu'il a des conduites attendues de sa part par les adultes et les autres enfants de son entourage » (3).
C'est sa révolution tranquille non seulement en matière de foi, mais aussi de ce qui est acceptable ou répréhensible comme valeurs et comportements. L'État suggérera à l'enfant de 10 ans, ce qui est bien en matière de spiritualité et d'éthique (ex. les spiritualités acceptables, les bonnes pratiques sexuelles, la bonne position à adopter face à la consommation des drogues, ...) mais les parents exclus du processus (ayant été destitués de l'autorité spirituelle et éthique chez des jeunes d'âge mineurs) paieront les factures lorsqu'il y en aura

Le relativisme institutionnalisé

Il faudrait plusieurs vies à un adulte normal pour comprendre seulement en partie les religions, les spiritualités, les philosophies et les systèmes éthiques de ce monde et je sais de quoi je parle, de par l'une de mes spécialités qu'est la théologie (bac obtenu du milieu protestant). Ce seul constat, soit l'impossibilité de bien saisir les nuances du vocabulaire et des concepts de plusieurs religions; surtout pas avant le 5e secondaire, prouve à lui seul que le but réel n'est pas de comprendre l'autre pour le "VIVRE-ENSEMBLE" dans une société pluraliste, mais de RELATIVISER et de s'assurer de la rupture avec les valeurs parentales non conformes à celle de l'État ou plutôt et plus probablement d'une certaine élite qui manipule le pouvoir politique par des arguments difficiles à comprendre et des affirmations à double sens. En réalité, le programme part en douceur, des options à comparer et peser et plus il avance à chaque cycle, plus il met en valeur les options jugées les meilleures

Cela se fait tout au long du programme. Autrement dit, on procède comme dans toute présentation d'une argumentation, au départ avec les options potentiellement les moins vraies, optant pour celles les plus "vraies" pour la fin (selon les positions prises par concepteurs du cours), en conclusion. C'est un processus souvent utilisé en communication ou en enseignement. Vous présentez les options, de la moins probable vers celle qui vous apparait être la plus acceptable. Le but est d'installer progressivement un doute raisonnable face à certaines religions chez le jeune. 

Une prémisse très tordue : l'État est bon, les parents croyants sont soit mauvais, ou contrôlants ou trop directifs (alors que l'État ne l'est pas selon les défendeurs de l'ECR). Voilà le pari du gouvernement ou sinon de ceux qui le manipulent; pari qui justifie la méthode intransigeante employée pour faire avaler la potion à coups de changements dans les droits (constitution, lois, menaces d'expulsion de l'école ou menace d'échec scolaire). Pensez-y; la menace de dénonciation à la DPJ (Direction de la protection de la jeunesse) pour un parent qui retire son enfant d'un cours d'éthique et culture religieuse, c'est carrément dément et... encouragé par le système. Cela s'est fait dès l'implantation du programme.

Discrimination à l'horizon : l'approche par la phénoménologie de la religion mène au relativisme et à la méfiance

Dans le cours d'ECR, vers la fin du secondaire, le jeune devra être en mesure de dire que l'équilibre en matière de foi, n'est ni l'engagement, ni le rejet total, mais une observation prudente. Car la phénoménologie de la religion est prévue d'être une voie privilégiée par l'ECR, de façon plus directe, au secondaire. Selon la phénoménologie de la religion déjà véhiculée durant la première partie du 20e siècle, l'équilibre n'est ni l'engagement dans une voie, ni nécessairement le rejet total, mais quelque chose entre les deux; une observation prudente sans engagement (sans foi, sans conviction). 

Dans la phénoménologie véhiculée avant la deuxième grande guerre mondiale, les religions du "déséquilibre" ou de "l'équilibre rompu" (celles de l'engagement) avaient déjà été ciblées par des personnes comme Gerardus Van Der Leeuw dans sa Phénoménologie de la Religion (Phänomenologie der Religion, 1933); il s'agissait de la foi chrétienne, de l'Islam et du Judaïsme. Cette conclusion relevait évidemmen de positions privilégiées par une certaine élite. Inutile de dire que le nazisme se nourissait de telles théories. 

Autre source de discrimination contre les branches les plus convaincues du christianisme : la haute critique libérale (littéraire et historique); florissante dans l'Allemagne de la première moitié du 20e siècle

Voici une seconde preuve de la tendance discriminatoire de l'ECR. Une autre approche complémentaire contre la foi chrétienne, consistera à utiliser les arguments de la haute critique libérale (critique de nature littéraire et historique de la Bible en vue de la déconstruire). Ce qui est pernicieux est que cela se fera SANS que ne soit présentée la réponse ou la défense de l'autre point de vue, d'autres spécialistes tout aussi érudits qui ont eux aussi une reconnaissance universitaire (ex. historiens, archéologues, sociologues, anthropologues, etc.), mais qui ne vont pas dans la direction du vent antichrétien actuel, très fort au Québec. Mais l'aspect le plus provocateur et pernicieux de l'approche de la haute critique de la Bible, est qu'il n'y a pas d'équivalent de déconstruction consciente ou systématique dans la critique des écrits dits sacrés à l'extérieur de la Bible. Ces approches déconstructives contre la foi chrétienne, parmi celles appliquées au secondaire (phénoménologie de la religion et haute critique littéraire et historique) sont dans les faits depuis longtemps prévues et seront probablement plus visibles dans une seconde génération de manuels scolaires, une fois l'ECR bien implanté. Mais très peu de gens ont la formation pour décoder la terminologie utilisée et saisir ces nuances. C'est pourquoi le programme a tellement de défenseurs; on le juge sur le concept et sur l'intention

L'ECR; préparé d'aussi loin et si peu prêt en apparence à l'automne 2008 ...

Curieusement, alors que tout se prépare depuis plusieurs années (une première version  expérimentale au secondaire existait dès la fin de la décennie 1970 et fut testée jusqu'en 1984, et pour la dernière version élargie, de 2005 à 2008), les manuels sont pourtant arrivés ou arrivent avec un retard qu'on dirait presque concerté; comme pour se soustraire à une trop grande attention médiatique ou des parents. Lors du lancement du programme en septembre 2008, tous étaient aux aguets (parents, médias, grands-parents, plusieurs enseignants n'ayant pas eu la formation pour le cours), mais il n'y avait rien à regarder. Les manuels n'étaient pas sortis des presses. Puis, l'intérêt a décliné, aidé par les médias francophones ayant déjà statué sur ce verdict: "affaire classée". Mauvais travail journalistique!

Le programme ne présente pas uniformément les points de vue internes des religions, soit avec une approche équivalente si on compare les unes aux autres

Au risque de se répéter, ils oublient qu'il faut des années pour bien comprendre une religion et ses subtilités et variantes. On n'a qu'à penser aux formes contradictoires du seul christianisme. Ce qui unit le CHRISTianisme, c'est le Christ; son incarnation, son oeuvre de rédemption à la croix, sa résurrection. Que les rédacteurs du cours y croient ou non, ce qui suit aurait dû ressortir dans la présentation du christianisme: ± «Les chrétiens disent (ou croient) que Jésus est Dieu fait homme (l'incarnation du Divin)». Mais l'incarnation, le lieu commun de la foi chrétienne, est étrangement évacuée du programme. C'est donc une prise de position clairement éditoriale, voire idéologique qui démontre que le programme ne présente pas les points de vue internes des religions avec une approche constante et équitable. À partir du moment où le programme ne dit pas ce que la religion enseigne, mais ce que les auteurs du cours pensent, vous venez de démontrer que le programme a un but non avoué OU une approche biaisée

Une complexité impensable au primaire et même au début du secondaire

La sphère de la foi ou des croyances constitue un univers de nuances et même de teintes personnelles en sous-composantes ou en marge des grands courants. Imaginez maintenant pour un enfant, la complexité de comprendre l'autre élève du primaire sous l'abord de la foi ou les convictions de... ses parents. C'est plutôt un non-sens, avec des centaines de religions ou voies professées dans un grand centre urbain. Quelqu'un qui par exemple aurait passé quelques heures à étudier une famille catholique au Québec, pourrait-il prétendre comprendre la culture et les valeurs par cette fenêtre? Évidemment non. Les familles catholiques varient l'une de l'autre. Même les enfants diffèrent l'un de l'autre, et à l'âge adulte, plusieurs cessent de suivre la consigne parentale. Car nous n'étions pas encore dans un État totalitaire... avant l'ECR. 

DANGER : Rétrécissement des voies

La sagesse même, enseignerait de ne pas toucher à cela, justement dans l'intérêt de la paix sociale et du respect. La réflexion religieuse, l'échange d'idées sur la religion et la spiritualité et même la discussion ou le débat, ne s'imposent pas, ils se préparent et se font lorsque les parties sont disposées à le faire. Quelle est cette prétention de l'État québécois à créer l'ordre et le respect en imposant par la force la discussion, le pseudo-dialogue et les conclusions prédéterminées (attendues par le contenu des manuels), entre... des enfants qui ne savent pas distinguer leur gauche de leur droite? Nul besoin d'enseigner à relativiser les valeurs ou convictions des parents ou même de les déconstruire par moment; l'adolescence s'en chargera fort bien dans une démocratie pluraliste comme la nôtre. La raison ou la cause motivatrice derrière toute l'énergie à défendre l'ECR doit donc se trouver ailleurs... Un jour peut-être, nous saurons ce qu'il y avait derrière cet acharnement ou obsession compulsive à imposer le cours d'Éthique et de culture religieuse, là ou l'État aurait pu simplement retirer l'enseignement religieux et enseigner les notions de respects sans imposer l'exploration et l'échange entre enfants sur les questions religieuses. Mais il apparait de plus en plus qu'il y a un agenda, autre, derrière l'acharnement actuel

À mon point de vue, pour avoir suivi durant près de deux décennies, le débat de l'enseignement religieux et moral et l'argumentation menant à l'ECR, 

  • il se prépare un interdit de partager la foi chrétienne et son volet moral
  • premièrement (phase 1) sur la place "publique" dans son sens le plus large possible, 
  • puis dans une seconde étape (phase 2) dans nos foyers.
  • Le partage de certaines religions est en processus de devenir criminel, comme l'inceste ou la pédophilie, alors que d'autres cultes auront leur libre entrée dans les écoles publiques comme cela se fait déjà (techniques ou disciplines puisant directement à l'hindouisme, au bouddhisme, au taoïsme, etc.). 
C'est écrit... dans le ciel. Seul un revirement majeur (ex. une prise de conscience des "modules" idéologiques qui se construisent en "ateliers" en vue de s'assembler en une nuit) pourrait renverser la tendance

Pour les parents du Québec, non associés à une religion ou une croyance spirituelle particulière, qui pensent que le virage de la dernière décennie en matière d'enseignement d'éthique et de culture religieuse ne concerne ni leurs enfants, ni les enfants de leurs enfants, il faut savoir que l'État québécois a désormais tous les outils légaux en main pour décréter ce qui est bien et mal pour vos enfants, ce qui peut ou doit leur être transmis comme valeurs spirituelles et éthiques, et ce avec ou SANS votre consentement, incluant sous votre toit. Il ne faut pas si méprendre, le cours peut devenir plus orienté ou plus caustique encore, s'il réussit à s'implanter sur une cohorte complète. 

Le contenu de la version de démarrage actuelle (souvent sans les cahiers d'exercice pour les élèves) n'est aucunement garant du ton et des valeurs dans 5 ou 10 ans, par exemple. 

  • Si l'État en venait à décider par exemple, que l'enfant peut prendre tel type de drogue "acceptable", il aura préséance sur votre autorité morale. 
  • Si l'État décide éventuellement que le suicide est une solution adéquate aux maux de ce monde, vous ne pourrez vous opposer à une telle prise de position sans être accusés de culpabiliser ceux qui choisissent cette voie, incluant votre adolescent.
  • Si l'État décide que telle pratique sexuelle est correcte à 9, 10, 12 ou 13 ans, et que votre enfant en devient infecté ou affecté, vous paierez les factures pour les soins et vous vous taierez. 
Pourquoi? Parce que le droit a changé pour TOUS et qu'on ne vous l'a pas dit. Pendant les changements de la constitution canadienne, des lois et chartes, les médias étaient trop occupés aux dégustations de vins et fromages. Ils ont cru que seuls les catholiques et protestants seraient visés par le droit nouveau et s'en foutaient donc. Mais le droit nouveau, ce n'est pas le vin nouveau; c'est pas mal plus étourdissant.

Quelques réserves et nuances personnelles

Ma conviction personnelle ne va pas dans le sens que nous devrions revenir à l'enseignement public religieux ou moral de type catholique ou protestant. Car les enfants en région étaient particulièrement stigmatisés par ce système. Il y a avait des cas d'enfants avec le pupitre dans le corridor (supervision à distance) ou encore, les commissions scolaires refusaient d'offrir l'enseignement religieux pour une minorité, sauf dans une seule école de la commission scolaire. Les parents devaient en ce cas assurer eux-mêmes le transport de leur(s) enfant(s) et les inscrire dans la seule école dispensant l'enseignement protestant, sans parler du mépris. À Rimouski, par exemple, une enseignante dispensaient un cours religieux catholique, en avertissant les enfants dès la première leçon, qu'elle ne croyait pas en Dieu mais qu'elle l'enseignait par contrainte (cas vécu par mon propre fils en 4e année du primaire). Imaginez la stimulation pour les élèves. Gare à eux s'ils avaient l'intention d'être passionnés pour Dieu. Ce sont des situations semblables venes à ma connaissance puis vécues par nous ou nos proches, qui m'ont conduit à me documenter sur le dossier de l'enseignement, dès le début de la décennie 1990, avant même les états généraux sur l'éducation, sous le parti Québécois.

Ceci dit, bien que certains aspects du cours auraient pu être intéressants, il n'en demeure pas moins que l'on peut noter une différence importante entre le concept ou l'intention véhiculés dans les médias, ET les caractéristiques réelles des documents prescriptifs ayant précédé sa rédaction ou le produit livré et expérimenté. N'oubliez pas que nous ne sommes pas jugés par nos pairs sur nos intentions, mais sur nos réalisations ou résultats.

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En terminant, Je vous suggère très fortement de voir ou revoir le film La liste de Schindler. Il montre quel esprit peut se cacher derrière le fait de vouloir priver, de toute position d'influence sociale sur la base de leurs convictions ou affiliations ou tendances religieuses, des groupes ciblés. En d'autres termes, les retirer de l'«espace public» selon le néologisme intentionnellement vague, à double sens, abondamment véhiculé au Québec en ces jours.

Pour mieux saisir la problématique, je vous recommande le site internet de la CLÉ - Coalition pour la liberté en éducation, bien que je n'en fasse pas partie, et que je ne sois pas pour le retour du statut quo, contrairement à certains parents que je respecte. Je suis pour l'abolition pure et simple de l'ECR. Et devant le fait accompli pour le christianisme, je suis pour le retrait de nos écoles publiques, de toutes les religions et spiritualités (ésotérisme, bouddhisme, hindouisme, taoïsme, animisme, gnosticisme, panthéisme et autres inclus) SAUF comme activité volontaire et optionnelle en dehors du curriculum régulier (projets para-scolaires, location de locaux en dehors des heures régulières de classes, animation spirituelle).

On ne connait pas clairement toutes les influences qui ont échoué en Europe et qui sont pourtant toujours à la base de la rédaction de l'ECR. Mais il y a quelque chose; ça c'est une certitude. Le problème est que nos universités regorgeaient dans les années 1970-1980 et regorgent encore de traductions tardives de théories sociales dont l'application a échoué au cours des 19 et 20e siècle en Europe. Or c'est exactement le genre de littérature et de formation qu'ont reçu nos intellectuels qui ont conçu l'ECR et mené la réforme de l'instruction publique. Un des cas historiques d'échec de théorie sociale, parmi les plus flagrants a été certainement l'Allemagne; une société post-christianisée avant que le Québec le devienne à son tour au sens large (plus précisément post-catholicisé) et une société isolée de l'Europe, un peu comme le Québec se sent isolé avec sa culture et sa façon de faire différente, dans la vaste mer anglophone de l'Amérique du Nord.

(dernières modifications : 19 mai 2009, 9 décembre 2011; 21 mars 2014)

Cours d'Éthique et culture religieuse (ECR) : une vision du monde imposée par l'État



Éthique et culture religieuse - quelques curiosités



Cours Éthique et culture religieuse (ECR) et charte québécoise des droits et libertés de la personne


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1. AUBERT, Marcel et autres (Comité sur l'éducation au phénomène religieux), L'Enseignement culturel des religions - Principes directeurs et conditions d'implantation, Gouvernement du Québec, Ministère de l'Éducation, 1999, p. 16.

2. Coalition pour la Liberté en éducation (CLÉ), documentaire vidéo en ligne: Les parents demandent que leurs droits soient respectés. Consulté sur http://coalition-cle.org/, le 12 mai 2009.

3. L'Enseignement culturel des religions - Principes directeurs et conditions d'implantation, cité précédemment, p. 21

dimanche 5 avril 2009

Faut-il acheter la paix des artistes?

Il y a plusieurs années, le parolier Luc Plamondon faisait une sortie célèbre au gala de l'ADISQ au Québec, concernant les droits d'auteurs. L'intervention inattendue, largement reprise par les médias (et souvent imitée), a marqué l'imaginaire québécois. Il était question d'équité dans la répartition des revenus générés par les productions artistiques (musicales dans ce cas précis) où il ne recevait que quelques sous par album vendu. Il me semble qu'il avait raison et parlait selon l'évidence. Et son combat m'a semblé apolitique; indépendant du parti politique au pouvoir. 

Mais ce qui amène à se poser des questions, davantage encore lorsque la situation économique devient difficile, c'est jusqu'à quel niveau (degré d'investissement) faut-il subventionner les artistes à même les impôts et taxes des contribuables? Et encore, quels artistes ou quelles productions dites culturelles et sur quelle base? Pourquoi un artiste canadien qui voulait faire flotter une banane géante au dessus du Texas pour passer un message politique, devait-il recevoir des subventions de nos gouvernements? (AU COÛT DE 65 000 $ On se paye une banane géante au-dessus du Texas. 2007) 

Qu'on me comprenne bien. Je ne nie pas que plusieurs artistes qualifiés et de qualité aient des revenus trop faibles et mon intention n'est pas de les mépriser. Mais j'aurais actuellement aussi de sérieux problèmes de revenus, si je n'avais pas par moment, ajusté mes aspirations professionnelles, m'accrochant à ma ou mes passions uniquement. Prenons l'exemple de trois personnes qui ont fait un baccalauréat, l'une en histoire, la seconde en philosophie et la troisième en éducation physique. Aucune de ces personnes n'a le privilège ou la prétention d'exiger que le gouvernement la subventionne à vie, pour qu'elle puisse vivre aisément de sa passion. Si nous transposons la situation d'un diplômé de philosophie, ou d'histoire ou d'éducation physique à celle des artistes et producteurs artistiques, nos artistes ne doivent-ils pas d'une certaine façon, produire un livrable avec lequel ils peuvent vivre avec un minimum d'intervention de l'État; un livrable « viable » en quelque sorte? Nous sommes forcés d'admettre que la raison pour laquelle certains artistes ont tant de pouvoir, c'est qu'ils ont les micros et tribunes pour revendiquer. Ils utilisent la méthode revendicatrice lors des remises de prix, si populaire en ces années, mais leur combat n'est plus le combat apolitique de Plamondon. Ils visent carrément à influencer fortement, voire renverser, l'intention de vote en pleine campagne électorale, comme nous l'avons vu aux dernières élections fédérales de l'automne 2008.

Le Gouvernement Conservateur avait-il raison? Peut-être pas dans toutes les intentions de coupe. Mais il n'avait probablement pas tort en tout! Chose certaine, le poids média et le poids politique de cette catégorie de travailleurs est peut-être sur-représenté, du seul fait qu'ils utilisent désormais les galas à haute cote d'écoute, des micros, des apparitions et du temps d'antenne sur les tribunes de radio et de télévision d'État, donc subventionnées, pour passer un message hautement politisé et très politiquement orienté (ex. dire à la population pour quel parti ne pas voter). Bien sûr, comme tout travailleur, ils peuvent négocier ou revendiquer. Mais sur quelle base un artiste ou toute activité qui revêt le drapeau d'une culture « enveloppe-tout », peuvent-ils prétendre que tous leur doivent un revenu garanti dans l'exercice de leur fonction? 

Ce qui relève de la culture au sens où ils l'entendent, n'est même pas défini et peut-être même très difficilement définissable. Si Bombardier ne trouve plus de client pour ses avions et wagons de trains, la compagnie se voit contrainte de mettre du personnel à pieds. Je connais personnellement, plus d'un biologiste (la biologie n'est pourtant pas une science taxée de « molle ») qui ont dû réorienter leur carrière. J'ai même parlé avec un avocat qui, vivant en région comme moi en ces années-là, n'avait pas de travail. Je présume qu'il a dû s'exiler par la suite ou quelque chose du genre. Il y a aussi des ébénistes qui ne peuvent pas vivre seulement de leur passion en raison de l'offre et de la demande. Mais de telles personnes n'ont pas de micro ou de tribune comme les galas Artis, Adisq et autres. 

Rejean Pinard personnage
de la série télévisée La
Petite vie. Il aurait pu être
astronaute ou ingénieur,
à ce qu'il dit, mais puisque
ça n'a pas fonctionné, l'État
lui doit l'aide sociale à vie.
Parfois, je ne peux m'empêcher de repenser au personnage de Réjean dans la série télévisée La Petite vie. Le rouquin, selon ses propres prétentions, aurait pu être astronaute ou ingénieur, mais comme il n'y a pas eu de place pour lui, l'État lui devait bien, maintenant, de le faire vivre (pensait-il). Un artiste au sens large ou un producteur, est-ce une personne qu'il faille absolûment supporter dans sa passion, quel qu'en soit le prix, quelle que soit la situation économique, alors qu'on ne le fait pas pour d'autres choix de carrière? 

Comprenez-moi bien, je ne hais pas les artistes, et j'ai moi-même une personnalité artistique (aptitudes en arts graphiques et en lettres). Mais la réalité de la vie m'a amené à adapter mes choix de formation. J'ai aussi des gens de formation artistique dans ma famille, mais la loi de la sélection naturelle si chère à notre Québec en ces années, est bien cruelle (sans sentiment) lorsqu'elle est mise en application. À moins de se faire enseignant, il est souvent difficile de vivre uniquement des arts, de la philosophie, de l'histoire ou de l'éducation physique, et de plusieurs autres disciplines, à leur état pur, et même en biologie ou chimie générales.

La sélection naturelle; comme au hockey

C'est comme pour le hockey professionnel, il y a beaucoup de jeunes dans nos arénas, mais peu d`élus parmi eux joueront chez les pros américains ou dans la ligue nationale. Devrions-nous bientôt payer les joueurs de hockey du junior majeur, qui ne réussiront pas à faire carrière de leur passion, parce qu'ils n'auront pas accédé à un poste dans la LNH ?