lundi 14 septembre 2009

Chrétiens et politique : les chrétiens ont-ils encore un rôle à jouer dans les enjeux éthiques et politiques ?

« Pour avoir une société civile vivante, il faut que les individus puissent faire des choix. C’est le grand défi de la civilisation occidentale. »
(Gary CALDWELL, sociologue. Entrevue : La Résilience, cette capacité de résister aux chocs et de rebondir, RND, Octobre 2000,p. 23).

Si j'ai été silencieux cet été, je n'en ai pas été pour autant inactif. Je ne chantais pas avec la cigale. Je n'ai pas eu de vacances. Voici cependant ce que j'ai à dire, du fait que les valeurs chrétiennes sont l'objet d'une tentative de putch de notre démocratie canadienne et particulièrement québécoise, parce que celles-ci diffèrent et font contrepoids... dans une démocratie.

Si nous vivons en véritable démocratie, nous devons bénéficier d’un vrai droit de parole, individuel et collectif, qui puisse se répercuter jusque dans les recommandations faites à nos gouvernements. J’ai le droit de participer à la vie démocratique, du simple fait que je suis citoyen d’un pays à prétention démocratique, peu importe que ma conviction soit ou non populaire. J’ai le droit d’être considéré aussi individuellement, même si je fais simultanément partie d’une démarche d’une assemblée, d’une association ou d’un organisme chrétien (être pris en compte en tant qu'individu dans les statistiques).

Il y a en effet une différence entre séparer la religion et l’État et éliminer la foi qui
se manifeste publiquement. Jésus a pratiqué la séparation de l'Église et de l'État. Or l'apôtre des non-juifs, Saul de Tarse, connu sous le nom de Paul, a été contraint de faire appel au droit romain.


«J’en appelle à César» (Actes 25:11) ; et si l’apôtre Paul avait raison ?


Dans l'Empire Romain, au milieu du premier siècle de notre ère, le christianisme en pleine expansion est souvent accusé par ses détracteurs (par motifs d'intérêts idéologiques non avoués), d’être contre les hommes; une secte, une peste ou au mieux une nuisance sociale et économique. Voyant l’Église sans cesse entravée dans son message et faussement accusée de sédition contre les autorités civiles et de haine contre l’humanité, et se voyant lui-même sur le point d’être abandonné au sort de ses persécuteurs qui veulent le tuer, l’apôtre Paul (l'apôtre des non-juifs) décide d’utiliser une clause du droit romain, étant citoyen romain par la naissance. Il en appelle à César, le plus haut tribunal de l’Empire (Actes 25:11).

L'Empire Romain est pourtant au mieux, une dictature; collégiale, mais une dictature avec des jeux de cirque pas très catho. La démocratie n'y a rien à voir avec nos démocraties contemporaines. Et pourtant...

En démocratie, pour autant que nous soyons plus démocratiques que l'ancienne Rome, la séparation de la religion et de l’État ne signifie pas davantage que les croyants n’aient plus accès à l’homme d’État. Ils font eux aussi partie du processus démocratique non seulement en tant que groupe, mais aussi chacun, en tant que personnes et citoyens.

Pourtant, on veut oublier les contributions historiques de la foi chrétiennes, récupérées par l'humanisme, comme étant sa création.

Les droits et libertés occidentales sont ils vraiment nés de l'humanisme séculier ? 

Curieusement,alors que les chrétiens par choix sont de moins en moins considérés comme des interlocuteurs valables par nos médias francophones du Québec, le crédit de nos valeurs et de nos réalisations sociales historiques est paradoxalement récupéré à leur compte par les autres croyances religieuses ou philosophiques, sinon par l’humanisme séculier.

Le philosophe Frédéric Lenoir écrit dans Le Christ philosophe:
« Le premier moment de l’humanisme, celui de la Renaissance, reste profondément ancré dans une vision chrétienne. C’est au nom des principes évangéliques, qu’ils harmonisent avec la pensée des Anciens [des sages, des philosophes], que les humanistes valorisent l’homme et critiquent les abus de l’institution ecclésiale. Dans un second temps, celui des Lumières du XVIIIe siècle, l’humanisme se radicalise, de même que la critique des institutions religieuses. Mais la plupart des philosophes des Lumières [...] s’appuient de manière implicite ou explicite sur l’éthique évangélique pour [...] édifier une morale laïque [...] Ce n’est que dans un troisième temps, au milieu du XIXe siècle, que certains penseurs entendent aller plus loin et débarrasser l’homme de toute croyance religieuse, considérée comme une aliénation» (LENOIR, Le Christ Philosophe, Plon 2007, p. 169-170).
Nous sommes actuellement au Canada et au Québec, j'en suis convaincu, à une croisée importante des chemins, à l'aube d'un sérieux dérapage antichrétien, digne du IIIe Reich; peut-être sans le sang, mais au moyen de la censure politique, de la contrainte économique et de la pression psychologique de masse (manipulation). Si depuis son "trip" antireligieux, l’Allemagne a toutefois révisé sa position et que le christianisme n’y est plus considéré comme ennemi de l’État et de l’intelligence, cette philosophie basée sur la phénoménologie de la religion (une philosophie qui a prouvé qu'elle a erré dès l'apogée de sa popularité en Allemagne), se retrouve pourtant bien vivante de notre côté de l'Atlantique. Moussée par une certaine élite qui transcende les partis élus, le germe antichrétien et antisémite (les deux vont de paire) est bien intégré comme valeur philosophique au curriculum de l'instruction publique au Québec et aux volets consultatifs (citoyens consultés) lors des enjeux sociaux, religieux et éthiques.