mercredi 6 avril 2011

Québec : un indice de fécondité de 1,7 enfant par femme

Le taux de fécondité du Québec a subi un "léger" repli en 2010, par rapport à 2009. C'est ainsi que l'indice de fécondité est passé de 1,73 enfant par femme à 1,7 enfant par femme (1).
ET je crois bon de préciser ici, que l'indice de fécondité global demeure à ce niveau bas, malgré la fécondité des femmes issues de l'immigration massive des dernières années. Autrement dit, si la population augmente constamment par le moyen de l'immigration, le nombre de jeunes demeure insuffisant.

Un recul n'est jamais "léger" quand on est déjà en sérieux déficit

Les médias parlent d'un "léger repli", alors que la population ne se maintient même pas à un niveau stable par elle-même.  C'est comme un couple qui dit que ses revenus ont connu un léger repli de 500$ annuel, alors qu'ils ont un manque à gagner récurrent annuel de 5,000$ pour simplement se maintenir à flot.

Il faudrait 2 enfants par femme, simplement pour maintenir le renouvellement générationnel


Il est vrai qu'en raison de la longévité croissante (durée de vie qui augmente), une population peut augmenter de façon naturelle durant quelques décennies même avec une dénatalité (ex. Japon dans l'après-guerre n'a pas connu de baby boom) mais le problème alors est l'inversion de la pyramide des âges; trop de personnes non productives pour le nombre de personnes productives. La statistique de 1,7 enfant par femme confirme, si on lit entre les lignes, que l'accroissement de la population (autre statistique démographique) se fait par l'immigration mais que la fécondité globale demeure faible. Donc : un population croissante, plus "colorée" et davantage multi-culturelle, mais un potrait global encore vieillissant (pyramide d'âge déséquilibrée avec manque proportionnel d'enfants).

Voici la donnée présentée sous une autre forme. Sachant que les femmes composent environ la moitié de la population, il faudrait 2 enfants par femme sur une vie, simplement pour maintenir le renouvellement des générations. Mais le Québec connaît un déficit (manque à gagner) d'environ 0,3 enfants par 2 individus (soit 2 individus - 1,7 individus nouveaux = 0,3 nouveaux individus manquants pour arriver aux 2 requis pour en remplacer 2). Autrement dit, sans l'immigration, la population du Québec ne serait PAS stable, mais serait en croissance.

Or, un manque autour de 0,3 enfants par 2 personnes, correspond à un déficit autour de 15 pourcent (%) de naissances ou plus pour maintenir le renouvellement des générations (2). Évidemment, ceci n'est même pas suffisant, car il y a de la mortalité infantile et chez les jeunes adultes.

L'immigration massive de la dernière décennie (env. 50,000 nouveaux arrivants ou une ville au Québec par année ces temps-ci) ne permet même pas d'atteindre un indice de fécondité de 2 enfants par femme. Et
qui connaît des familles de nouveaux Québécois, lesquelles ont souvent 3 enfants et plus, peut aisément déduire que les femmes nées au Québec ont encore moins que 1,7 enfant en moyenne.

Autre statistique : alors que le taux de fécondité est à la baisse, l'âge pour donner naissance tend à augmenter

Alors que la natalité connaît une baisse, l'âge de la fécondité tend inversement à augmenter, de sorte que les femmes de 30 à 34 ans pourraient bientôt donner naissance à davantage d'enfants que celles du groupe des 25 à 29 ans, selon Madame Chantal Girard de la direction des statistiques sociodémographiques, citée dans le Journal de Québec du mardi 5 avril 2011.

Déficit des naissances et effets inévitables sur les programmes sociaux publics

-   Le mode de vie hérité de la "révolution tranquille" ne fonctionne pas (pyramide d'âges qui a besoin d'un traitement).
-  ET la solution immigration, si elle contribue à faire augmenter constamment la population, ne rajeunit pourtant pas suffisamment cette dernière.
-  On peut aisément suggérer que les générations X et Y qui s'inquiètent de leur retraite (régime public) devraient penser à avoir des enfants.

Ces dernières semaines, les Québécois non retraités s'inquiétaient en effet pour les régimes publics de  retraite, particulièrement celui de la RRQ au Québec. Or, par un effet de miroir, une partie de la problématique pourrait se trouver dans le faible indice de natalité des dernières décennies; donc les inquiets en partie coupables de leur sort. Car depuis les années suivant la "révolution tranquille", le problème n'est pas le "vieillissement" des individus (processus naturel inévitable), mais le manque de renouvellement par des jeunes. L'expression "vieillissement de la population" est un peu trompeur et peut suggérer la nécessité de l'euthanasie pour réduire la moyenne d'âge, mais le problème réel s'explique par le manque de renouvellement naturel des générations (3).

En résumé, malgré l'immigration de plusieurs dizaines de milliers de personnes au cours de la dernière décennie, l'indice de natalité global demeure faible. Sans l'immigration, nous serions une nation en extinction. Et on appelait cela (taux de natalité à 1,73 enfants par femme) un baby boom... C'est ce qui moi, dans ces statistiques, me surprend le plus. En ce sens, la référence à un mini baby boom ces dernières années, nous a trompés collectivement. Peut-on parler de baby boom avec un indice de fécondité, dans une crête à moins de 2 enfants par femme? Il est fort probable en plus, que les femmes nées au Québec, aient un indice de fécondité significativement inférieur à l'indice toutes origines et ethnies confondues de 1,7 enfant. 

Le modèle québécois hérité de la "révolution tranquille" semble donc avoir là aussi des ratés à corriger. Une partie de la solution se trouve peut-être dans moins de matérialisme et dans des études écourtées d'une année ou deux. Peut-être que l'aide aux études devraient cesser après la première maîtrise ou le premier doctorat et que le financement privé devrait prendre la relève pour la seconde maîtrise, le second doctorat et le post-doc.

Ainsi, seuls ceux pour qui la seconde formation est essentielle dans leur travail, trouveraient du financement; les autres intégrant le marché du travail (et la fécondité) plus tôt en carrière, à moins de multiplier les diplômes à leurs frais et à leur rythme ou avec le love money (ce qui est dans les 2 cas, une autre sorte de financement privé).

A+ ;-)

Autres textes

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Les chiffres de l'article du journal de Québec sont ceux de l'Institut de la statistique du Québec.

2.  À 2 enfants par femme, il y aurait presque maintien de la population, sans mettre plus de pression sur la ressource du territoire. Mais dans les faits, l'indice de natalité n'atteint PAS 2 enfants (2 naissances requises) pour remplacer les 2 individus qui mourront.

3.  En effet, à 1,7 enfants par femme, la population ne se renouvelle pas suffisamment par des individus plus jeunes et cela a un impact logique jusque dans les programmes sociaux et les régimes publics de retraite. Ce manque de "régénération" de la population par les naissances, donc par la natalité chez les couples au cours des récentes décennies, explique en partie le manque à gagner des fonds ou régimes de pension publique. Le problème est la dénatalité et non le "vieillissement", processus naturel incontournable. Au même moment au Québec, c'est bon an, mal an, plus de 1 grossesse sur 4 qui est interrompue par un avortement provoqué. 
Par exemple, 30,3 interruptions volontaires de grossesses comparativement à 100 naissances en 2008, nous donne un chiffre approximatif de 30 interruptions pour 130 grossesses ou 23 pourcent. Et 2008 était une année avec moins d'avortements provoqués. En plus, le nombre d'avortements provoqués est sous-estimé de 4 à 10 % selon l'Institut de la statistique du Québec; voir l'article suivant :

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