mardi 20 septembre 2011

Libéraux du Québec : le parti comme une famille...

20 SEPTEMBRE 2011
Le parti comme "une famille" et comme "un orchestre avec son chef". Telle est  l'image choisie en septembre 2011, pour parler de la position monolithique des politiciens du parti Libéral du Québec (PLQ) devant le refus d'une Commission d'enquête sur la corruption présumée dans le marché de la construction publique; harmonie et orchestre dans le contexte des scandales à répétition impliquant possiblement la mafia et le crime organisé. Espérons que ce n'est pas comme certaines familles italiennes de la Sicile? Car les étuis à violon ne servent pas toujours à transporter des instruments à cordes... 

On parle d'harmonie et d'orchestre derrière le chef, au sein du parti Libéral du Québec, dans le contexte des scandales à répétition dont certains seraient en liens possibles avec la mafia... Refus encore d'une commission d'enquêt sur la collusion et la corruption dans les contrats publics. Mais les étuis à violon ne servent pas toujours à transporter des instruments à cordes. Ici un violon à la forme peu commune... "Violon" les lois impunément, semble suggérer l'instrument. Fiction ou réalité politique 2011?

Cela me répugne de parler contre certaines positions des autorités civiles que je respecte. Mais parfois, il faut oser extérioriser nos doutes, comme on invite les élèves et étudiants à le faire  dans nos écoles en 2011.

Le parti fait «appel au clan» pour reprendre la terminologie du programme ÉCR destiné à nos enfants et adolescents

Le programme d'ÉCR (Éthique et culture religieuse) le répète dans ses manuels, du primaire au secondaire: «l'appel au clan» dans une argumentation est un procédé susceptible d'empêcher le "dialogue". Les enfants doivent donc éviter l'appel au clan, dans une argumentation. C'est ce que fait pourtant le parti Libéral du Québec en se décrivant solidaire comme "un orchestre" derrière son chef, ou comme une famille...
Du moins, c'est la ligne de parti dans le dossier de la fraude en construction publique, selon le compte-rendu verbal du chroniqueur Michel Hébert, invité du FM 93 le 20 septembre (émission Parent - Le retour, 20 septembre 2011), (1). On parle d'harmonie et d'orchestre dans le contexte des scandales à répétition, mais les étuis à violon ne servent pas toujours à transporter des instruments à cordes...


Cette prise de position politique confortable peut rappeller l'Omerta (loi du silence imposé) à laquelle il a aussi été fait référence lors des séances de la Commission sur la nomination des juges au Québec (2010), suite aux déclarations de Me Marc Bellemare, ex-ministre de la Justice sous l'actuel gouvernement Libéral au Québec.

Parfois, il faut se dissocier du parti, pour un bien-être plus grand, plus juste et plus respectable

Je ne suis pas en accord avec la position du respecté chroniqueur Michel Hébert qui justifie la ligne de parti pour la stabilité de la gouvernance. Il faut en certaines circonstances, en démocratie, que les membres d'un parti puissent parler et voter selon leur conscience. Je rejette l'idée qu'il faille toujours se rallier en tout, sous prétexte que l'état deviendrait ingouvernable et que la démocratie serait comme un "buffet chinois" (repas en formule libre-service). La libre conscience, au sein d'un parti fort, doit s'exercer lorsque la cause le justifie. Quand il y a de l'inceste ou de l'abus, il faut parfois rompre le silence et exposer la famiglia ("la famille" en italien, selon le traducteur Google), en vue de la justice. Il faut parfois qu'un grand frère brise le lien avec le silence complice d'une maman (une "mamma") qui couvre les actes d'un père très violent ou autre membre injuste, pour conserver son confort personnel. Vous avez compris que je n'insinue rien au sujet du premier ministre, mais plutôt contre la sacro-sainte unité à n'importe quel prix. Et le scandale de la collusion (détournement des règles avec liens possibles entre le pouvoir politique et le milieu criminel) dans la construction routière (et ailleurs!) le justifie grandement.

Agir avant que le milieu criminel fasse son nid dans nos institutions démocratiques

C'est au début de la collusion et de l'infiltration du politique par le milieu criminel ou par les "détecteurs de failles", qu'il faut lever la couverture, avant que tout le monde soit installé confortablement avec une autre couverture en back up. Pas dans quelques années de plus, quand les ramifications seront tellement étendues, qu'il sera très difficile de faire marche arrière, même pour un nouveau parti au pouvoir, en raison de tous ceux qui survivent aux élections (fonctionnaires et consultants ou conseillers spécialistes des élus, juges, avocats, policiers, cadres, entrepreneurs fraudeurs, etc.). Autrement dit, si le criminel fait son nid, le système sera tellement infiltré au politique et à la justice (incluant le milieu policier), que tout revirement deviendra très difficile. C'est au début de l'incendie, qu'il faut sonner l'alarme et en attaquer le foyer avec l'extincteur, lorsque cela s'applique sécuritairement.

Déjà, l'Opération Marteau semble limitée; vouée à un espace clos. Nous pouvons prédire qu'elle ne livrera que quelques cas-types aux médias et au peuple. Ils font ce qu'ils peuvent avec le mandat qu'ils ont.

Expérience d'un juge italien spécialisé dans la lutte contre la mafia italienne

Le juge Giovani Falcone parle encore, quoique mort. Je ne suis pas toujours en accord avec le chroniqueur Richard Martineau, mais ici j'abonde dans le sens de son texte Palerme, P.Q. publié le 17 septembre 2011. Il y présente et cite certains propos, on ne peut plus actuels, du juge et héros italien Giovanni Falcone, assassiné par ses ennemis en 1992, à Palerme en Sicile.

(...) le résultat des 11 longues années passées dans un bunker aménagé dans le sous-sol du Palais de Justice de Palerme:


Sa première leçon ?

Il faut plus qu’une escouade policière pour lutter contre la mafia et la corruption. Il faut une VOLONTÉ POLITIQUE.


DES MOYENS INADÉQUATS

« Les hommes politiques sous-évaluent le problème de la mafia, disait Falcone. Ils prétendent affronter un phénomène criminel d’une gravité sans précédent avec des remèdes ordinaires, sans la mobilisation générale, durable et constante de tout l’appareil répressif.

« Persuadés qu’ils avaient tout à perdre et peu à gagner à s’engager sur le terrain de la guerre, les politiciens se sont empressés de déléguer à une structure séparée, dotée de moyens le plus souvent inadéquats, et incapable de coordonner toute l’activité anti-crime, les responsabilités qu’ils devraient exercer EUX-MÊMES… » (2).

Le juge Falcone soulignait donc l'importance de l'engagement politique dans une approche globale, et non seulement du judiciaire. Il fallait coordonner toute l'activité anti-crimes et non pas uniquement déléguer la tâche à une escouade. Souvenons-nous des résultats mitigés, dans la région de Québec, relativement à l'Opération Scorpion qui visait à démanteler un réseau de prostitution impliquant des jeunes d'âge mineur. On se souvient d'une prise assez importante dans le domaine de la radio privée, ce qui devait faire l'affaire du politique, mais à part cela... C'est ce que je veux dire par quelques cas-types réprimandés, mais pas grand chose de plus. L'impression est que quand ces opérations atteignent des niveaux supérieurs (ex. politiciens, juges,...), elles sont soudainement suspendues. Est-ce que je me trompe?
« Les lois ne servent à rien si elles ne sont pas accompagnées d’une solide volonté politique, continuait Falcone. Et celle-ci ne se formera que lorsque le pays TOUT ENTIER sera conscient de la nécessité de combattre le crime organisé.
« Pour fonctionner, la mafia a besoin d’administrations qui ne fassent pas obstacle à son expansion...» (3)
Approche globale

La constance et la connaissance du mode opératoire du milieu criminel et aussi des failles de la loi et des règlements ou même de la désuétude de certaines procédures (ex. contrat au plus bas soumissionnaire sous le prix réel), est certainement une lecture à faire des pistes nombreuses données dans le rapport Rapport de l'Unité anticollusion aussi connu sous la désignation de Rapport Duchesneau (de Jacques Duchesneau).

Autre texte :

Construction publique et corruption : les Libéraux défendent l'indéfendable


_______________
1.  Gilles PARENT,  Parent - Le retour, entretien avec Michel HÉBERT, 20 septembre 2011, 17h13, FM93 (93,3) Québec.
       Monsieur Michel Hébert est chef de bureau parlementaire pour le Journal de Québec.

2.  Richard MARTINEAU. Palerme, P.Q., Chronique Franc-parler, 17 septembre 2011.
     P.Q. : Note pour les lecteurs étrangers, l'abréviation P.Q. désigne la Province de Québec, région administrative du Canada (un état d'environ 8 millions d'habitants dans le Canada).

3.  Même référence, texte cité par Richard MARTINEAU, tiré du livre Cosa Nostra : le juge et les hommes d’honneur
      Une compilation de 20 entretiens accordés à la journaliste italienne Marcelle Padovani. «Falcone y livre le résultat des 11 longues années passées dans un bunker aménagé dans le sous-sol du Palais de Justice de Palerme».  westernpoudrenoire.net