lundi 3 octobre 2011

Contribution démocratique OBLIGATOIRE? communisme 2.0

Crédits photo : Banque royale du Canada
3 OCT. 2011. OU UN PIÈGE À CONS; CE QUE NOUS NE SOMMES PAS. Dans la foulée de la collusion et de la corruption présumées en lien avec l'attribution des contrats publics en  construction routière et le financement des partis, une idée fait son chemin. Il s'agit du financement des partis via un prélèvement obligatoire additionnel sur les revenus des citoyens. Il y a seulement une petite omission dans cette logique : si la corruption existe sous cette forme au Québec, c'est parce qu'il y a une masse critique, une partie minimale de la société, qui soit corruptible. Cette masse corruptible existera aussi dans un système de multiplication des partis. D'autre part, petit prélèvement deviendra grand. Et avons-nous oublié les allégations actuelles concernant les liens possibles entre certains syndicats et le milieu criminalisé, dans le contexte du marché public de la construction? Même les syndicats n'ont pas le monopole de la vertu.

D'aucuns suggèrent, pour contourner la surfacturation des contrats publics et le financement douteux des partis, que soit imposée une contribution prélevée directement sur les revenus des contribuables (ex. au moment du rapport d'impôt ou prélevé à la source). Par exemple, pourrait être prélevé un équivalent de 0,05 % (pourcent), soit  5 dollars par tranche de 10,000 dollars de revenu familial, donc 40 dollars pour un revenu familial de 80,000 dollars. 

Mais la faible mise de fond pour rendre acceptable la mesure constitue un leurre (un appât, un piège à cons), parce que d'une part, une fois le principe de prélèvement établi et la pratique passée dans les us et coutumes, il deviendra facile par exemple, de doubler ou multiplier autrement la faible contribution initiale. Les dépenses étatisées explosent toujours. Mais avant, il se trouverait, dès la mise en application, quelqu'un pour dire qu'en-deça de tels revenus-planchers, les individus et familles seront exemptés de la contribution obligatoire, alors que les "méchants" riches qui ont revenu familial de 100,000 dollars ou plus devraient contribuer par exemple de quatre fois le montant initial (0,002 % x 100,000 dollars = 200 dollars).   Entre les deux, c'est encore la classe moyenne qui écopera, puisqu'une bonne partie de la population ne paie pas d'impôts

Nous devons nous opposer à ce genre de solutions pour plusieurs raisons

  1. Nous sommes déjà suffisamment imposés et taxés au Québec.
  2. Cela donnerait naissance à une prolifération de partis (ex. 10 petits partis indépendantistes, 5 petits partis communistes, 10 petits partis socialistes, etc.). La formule avantagerait les partis marginaux ou extrémistes ou hyper-spécialisés.
  3. L'argent privé (revenu familial ou individuel) ira vite au support d'idéologies totalement contraires aux valeurs du contribuable cotisant. Ce qui semble à prime abord une noble cause démocratique constituera dans les faits une intrusion dans notre liberté de cotiser selon nos choix. Une alternative propose que les contribuables choisissent eux-mêmes leur parti en cochant une case parmi une liste présentant les principaux partis. Mais il se trouvera très vite des groupes pour prétendre cette option inéquitable, anti-démocratique et revenant au même qu'avant, avec quelques grands partis (donc plus ou moins l'équivalent du statut actuel). Par exemple, on dira que les citoyens ne payant pas la contribution en raison d'exemption, devraient avoir le choix de représentativité de leur parti aussi. Il se trouvera donc INÉVITABLEMENT, qu'une partie des fonds collectés dans les autres classes sociales devra servir à représenter ceux qui ont de trop faibles revenus pour cotiser. Autrement dit, les uns décideront de l'allégence... des autres.
  4. Le simple fait de devoir cocher une case d'un formulaire pour identifier son parti ne respecterait pas le principe du vote secret. Imaginez : le gouvernement élu et les fonctionnaires pouvant connaître votre allégeance politique pendant que vous votez en "secret" à l'urne. C'est idiot! C'est qu'il s'agit ici d'un exercice obligatoire pour tous, et non plus d'une demande de crédit d'impôt facultative pour un don volontaire.
  5. Une surmultiplication de partis visant dans bien des cas, à pourvoir des revenus complémentaires pour certaines personnes est prévisible et réaliste.
  6. On pourra aussi assister à la création de partis-vitrines (de façade) entièrement légaux, mais servant uniquement à alimenter d'autres partis ou à multiplier la promotion des mêmes idées avec un budget additionnel. Dans l'industrie de la construction, au Québec, l'existence a été établie, concernant des entreprises de façade entièrement légales de par leur structure juridique, mais par la suite servant au blanchiment d'argent et à l'émission de fausses factures.
  7. La division du vote entre de multiples partis ne renforcera pas la démocratie mais contribuera plutôt à la division de la cohésion sociale. Nous savons tous ce que vivent les organisations où il y trop de chefs. Ce serait pire encore avec une multiplication de chefs tirant dans des directions opposées ou hyper-spécialisés; par exemple, parti fondé par des artistes, parti fondé pour récolter les votes de la région de... ou telle ethnie, etc.).
  8. Certains partis représenteraient la tranche de la population qui ne VEUT PAS travailler, ou qui ne s'y prépare pas (études, formation) mais qui en a la capacité, ou encore qui travaille au noir. Ces personnes ayant en commun un faible revenu déclaré, éviteraient de contribuer de façon significative et profiteraient d'un avantage disproportionné et injuste en poids politique, par rapport aux travailleurs de classe moyenne à revenus déclarés qui eux, paieraient leur entière contribution.
  9. Petite contribution obligatoire deviendra grande. Connaissez-vous des contributions obligatoires limitées au départ qui n'aient pas ensuite à augmenté à répétition avec les années?
  10. Et avons-nous oublié les allégations actuelles, dans l'actualité, concernant un lien possible entre certains syndicats et le milieu criminalisé, dans le contexte du marché public de la construction. Même les syndicats n'ont pas le monopole de la vertu. Alors, pourquoi les nouveaux partis seront-ils différents?

Enfin bref,

Semblable pensée magique de la contribution démocratique imposée avantagerait des partis marginaux. Croire que ces idéologies ont le monopole de la vertu (justice et équité incluses), c'est gommer un siècle et demi d'histoire, de ce qu'ont produit de les idéologies d'extrême-gauche en Europe. De même que le communisme récupéré en Orient, et plus près de nous à Cuba, par exemple; l'étouffement des droits et libertés, incluant la répression de la liberté des entreprises. On reproche aux États-Unis leur militarisation, mais tous les partis communistes et plusieurs socialismes du monde ont produit des états imposant leur idéologie sociale par la force ou le régime militaire, et par une élite restreinte, amie du parti, bénéficiant des privilèges et des largesses de ces partis. Fidel Castro, si fort dans l'opinion populaire au Québec dans les années soixante, se plaisait à dire qu'il n'était pas communiste; loin de lui cette idéologie. L'équité qui a suivi à Cuba a été à la hauteur du reste des idéologies semblables: restrictions radicales des droits et libertés, de la libre entreprise et de la libre circulation des capitaux et des personnes.

Autrement dit, si c'est peut-être une bonne idée pour un rapport de lecture de cégépien qui fait son DEC en sciences humaines, c'est tout de même
  • un piège à cons, ce que nous ne sommes pas;
  • un piège pour la démocratie et pour la liberté de choix qui ont longtemps caractérisé l'occident démocratique.

Ne tombons donc pas dans ce panneau. Si la corruption existe, c'est qu'il y a une masse critique de la société québécoise qui soit corruptible. Il faut changer la pensée et les comportements.

« Les lois ne servent à rien si elles ne sont pas accompagnées d’une solide volonté politique, continuait Falcone. Et celle-ci ne se formera que lorsque le pays TOUT ENTIER sera conscient de la nécessité de combattre le crime organisé». (1)

La mafia nous prouve qu'on peut avoir la vertu de "solidaire" dans la criminalité. Même les syndicats n'ont pas le monopole de la vertu. Tant que la masse corruptible sera trop élevée, la corruption existera aussi dans un système de multiplication des partis, comme dans tout système où de l'argent public peut être détourné. Là où il y a de l'argent impliqué, il y a de la "crasse"; même chez les socialistes. La solution passe par une coordination constante des efforts, comme le prône aussi Jacques Duchesneau, chef de l'unité anti-collusion, et pas uniquement au niveau policier / judiciaire.
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1.  Richard MARTINEAU. Palerme, P.Q.. Chronique Franc-maçonnique Franc-parler, 17 septembre 2011.
Citation tirée du livre Cosa Nostra : le juge et les hommes d’honneur
NOTE : pour les lecteurs étrangers, l'abréviation P.Q. désigne la Province de Québec, région administrative du Canada (un état d'environ 8 millions d'habitants dans le Canada).