dimanche 27 mai 2012

Beauté de la jeunesse et séductions sociopolitiques

CES SOURIRES QUI TUENT

Nous avons tort de sous-estimer les courants idéologiques anarchistes ET autres qui menacent la stabilité du Québec. Pourquoi? Parce que ceux-ci ont leurs propres règles fluides et changeantes en plus, comme une sous-culture montante à qui le monde entier appartiendrait. Le chroniqueur Richard Martineau (1) du Journal de Montréal, comme une majorité de Québecois, n'a pas discerné que l'actuel conflit étudiant concernait déjà, avant le boycott des cours, par la CLASSÉ (Coalition large de l'ASSÉ, Association pour une solidarité syndicale étudiante), une remise en question d'un système  (2) et non PAS uniquement d'un parti dont certains élus et financiers sont potentiellement corrompus. Il n'a pas compris que le phénomène actuel n'a pas besoin de 50 pourcent plus un pour déstabiliser l'État et tenter d'imposer la négociation d'un agenda social et politique.


Beauté de la Jeunesse
Nicolae Ceaușescu (1936)
À l'âge de 18 ans, Nicolae avait
la beauté et l'énergie de la
jeunesse. Son parcours militant
et politique fera de lui le célèbre
dictateur du régime communiste
de Roumanie. Crédits photo:
Wikipedia.

Ceux qui organisent les manifestations depuis plus de 100 jours, directement ou en coulisse, ont compris. Ce sont ceux à qui profite l'État-providence offert sans condition (exemple: aide sociale à 18 ans pour ceux qui ont la capacité de travailler mais ne cherche ni à le faire, ni à se former; ex. les artistes subventionnés à vie même lorsque millionnaires, les étudiants chroniques ou permanents-étudiants, ex. l'État qui subventionne la dysfonction en agissant à répétition comme coussin, de sorte que les gens ne vivent pas les conséquences réelles de leurs théories ou de leurs mauvaises décisions ou désordres, etc.).

Dans son texte du 26 mai 2012, Richard Martineau écrit:
«Oublions la menace d’un retour du communisme, qui était réelle en 1968, mais qui ne l’est plus maintenant» (3).
Il a tort parce qu'ils n'ont pas besoin de 50 pourcent plus un des votes. Pour lui, dans la suite de son opinion, la menace c'est le parti Québécois ou la montée de la CAQ de Legault et Deltell. Mais il y a un risque (j'espère me tromper) beaucoup plus grand d'instabilité sociale par ceux qui ont prouvé avoir le temps de manifester à répétition.

Voici pourquoi la montée du communisme et autres utopismes sociopolitiques ne sont pas écartés par défaut

1.  Les idées utopistes d'extrême gauche (socialisme) sont revenues OU ont progressé. Les gens croient faire mieux que Lenine (URSS), Castro (Cuba) ou Ceaușescu (Roumanie) comme on le voit dans la rue et dans les réseaux sociaux. Est-ce en raison de la composition des Québécois qui n'est plus du tout la même qu'en 1960-70 ? Est-ce un système d'enseignement (éducation) où la gauche serait sur-représentée (tous les étudiants postsecondaires ont eu, ou ont, des cours d'histoire et de philosophie dont le contenu pourrait être politisé)? Ou est-ce dans la formation même des futurs enseignants ? Les acclamations répétées de la foule aux idées de révolte exprimées par le porte-voix Gabriel Nadeau-Dubois dans son discours typiquement socialiste d'extrême gauche du 7 avril 2012, confirment une mutation (4). Les quelques centaines d'auditeurs ne se "réveillent" pas; ils en redemandent plutôt. 

2.  L'approche anarchiste change la règle de représentation.  La différence en 2012, versus les années 1960-70 est dans le préfixe anarcho (de anarchie ou anarchisme), comme dans anarcho-syndicalisme, anarcho-communisme ou dans Anarchopanda, la nouvelle mascotte de la junte étudiante. Ils n'ont pas besoin de 50 pourcent plus un pour imposer d'entendre leurs idées et leur(s) manifeste(s) ou de tenter d'imposer la négociation. Ils pratiquent une forme de bypass sociopolitique, au détriment des citoyens qui suivent les règles de la vie en collectivité. Il leur suffit de prendre la rue, comme le rappelle la  caricature par André-Philippe Côté du samedi 27 avril 2012 (Journal le Soleil et LaPresse.ca).
caricature par André-Philippe Côté du samedi 27 avril 2012 (Journal le Soleil et LaPresse.ca)

Et avec la collaboration naïve de nos médias qui les "plug" gratis en plus (point de départ de la manif, heure, ordre du jour comme casseroles, la thématique, etc.)...

Avec 2% ou 3% de la population du Québec et même moins qui veut imposer un changement à la majorité et qui a tout son temps pour manifester (contrairement à la majorité silencieuse), il est possible de nous déstabiliser collectivement. Petit calcul, M. Martineau: avec plus de 8 millions de population, 1 pourcent de gens prêts et disponibles à la contestation d'un gouvernement durant des jours, ça donne 80,000 personnes. Donc, ils peuvent alterner (moi cette semaine, toi la semaine prochaine, etc.) et cela suffit à paralyser un État. À 1/2 de un pourcent de la population de la province de Québec, il en reste 40,000 et ça fonctionne encore pour des mois, avec des contestataires permanents (subventionnés par le système!) qui se relaient dans la rue, par tranche de 1000, 2000 ou 3,000). Même pas besoin de se fatiguer. Divisons maintenant 1/2 de un pourcent par 3 pour mettre en proportion la région de Montréal, il en reste encore plus de 13,000 qui peuvent se relayer ainsi. Mais connaissant la structure sociale de Montréal, ils sont probablement capables d'aligner 20,000 insatisfaits qu'on peut qualifier de "permanents" (disponibles sur une base régulière) pour paralyser l'économie d'une ville, la métropole du Québec.

3.  Ils ne suivent pas vos règles. Un peu comme une nouvelle culture, c'est ainsi qu'il faut les considérer. Avez-vous remarqué, chers chroniqueurs et journalistes, qu'ils ne suivent pas les règles (propre de l'approche anarchique actuelle, carré noir) et ne combattent donc pas avec les approches habituelles. Ils méprisent le lobbying enregistré, les consultations publiques, la légitimité des élections (au Québec). Ils font fi des lois, des ordonnances des tribunaux, des règlements municipaux, des lois spéciales, de leurs engagements pris au départ des manifestations. Ils renient les conclusions des négociations.

4.  Leurs "armes secrètes" sont
-  la beauté de leur jeunesse
-  leurs yeux doux et leur politesse (apparente) mais au double-langage
-  la manipulation à leurs avantages égocentrique des chartes des droits
- leur réseautage sans frontière même avec des pirates informatiques (ex. appuis d'Anonymous) et avec d'autres groupes de contestation)
- la réinterprétation de l'histoire, par exemple, les étudiants dans la rue qui comparent les évènements actuels à la chute du Mur de Berlin qui était la chute du communisme; système économique pourtant chéri par l'ASSÉ.

Un des meilleurs exemples de ces charismes politiques et des sourires qui tuent est le dictateur communiste bien connu sous son surnom de Pol Pot (de: Political Potential). Celui-ci était à la tête des Khmers Rouges, entité communiste responsable de la disparition de 2 millions de Cambodgiens.

Les sourires qui tuent: L'un de ceux-là était Pol Pot 
(surnom qui lui vient probablement de Political Potential)

5.   Ils ont une élite pour eux : des représentants payés par les médias d'État, donc une représentation avec accès directs aux médias et dans l'Éducation et la formation des futurs enseignants.  Pensez à tous ces enseignants des sciences humaines qui les ont appuyés même après les offres négociées du 5 mai. Contrairement aux marxistes-léninistes ou  aux maoïstes québécois des années 1970-1980 qui étaient vus par la majorité, comme des bizarres, eux ont leurs élites: professeurs des sciences humaines (particulièrement les cours de philosophie et d'histoire ou sociologie), même parmi ceux qui enseignent les futurs enseignants depuis des décennies, des animateurs d'émissions à la Société Radio-Canada (SRC ou CBC francophone) ou une oreille dans divers médias (même TVA -LCN- devient conviviale et les admire). L'histoire partagée par la grande majorité parmi la nouvelle génération d'enseignants post-secondaire au Québec, est teintée de marxisme-léninisme (Éric Bédard en fait mention), sans que le nom de ces doctrines y soit mis de l'avant. De la même manière que l'on vous vendrait une automobile, en prononçant le moins possible ce mot associé à la pollution. De leur côté, les gens des chaînes de nouvelles continues des médias agissent soit comme idiots utiles (= idéalistes manipulés par les groupes extrémistes) ou pour certains, agissent comme de vrais complices (sachant où ils vont et la propagande qu'ils font. Ils y croient, je ne dis pas qu'ils le font par méchanceté). Que des journalistes chroniqueurs professionnels ne voient pas cela me dépasse.

6.  Leur idée de démocratie participative est séductrice (voter sur tout en tout temps ou plutôt au meilleur temps pour bypasser la majorité) même si elle avantagerait nettement ceux (les bénéficiaires des subventions et de l'aide sociale de l'État) qui sont moins occupés à produire un travail ou à soutenir une famille. Personne ne comprend en plus, que cette forme de consultation en continue serait aussi contestable que la démocratie actuelle en cas de divergence d'opinion. S'ils ne respectent pas la majorité actuelle, pourquoi les futures minorités les repecteraient? Réponse: parce qu'eux utiliseront la violence à bon escient (violence économique?).

7.  Leur méfiance (sinon rejet) des intitutions va en droite ligne avec l'héritage de la montée de l'individualisme coïncidant avec la "Révolution tranquille".

Ils ne sont pas manipulés par les syndicats, mais je dirais plutôt qu'ils les ont utilisés, mais ne suivent pas la règle de cette vieille garde. Ils profitent du coaching, du support logistique, du conseil juridique et stratégique, et de l'aide financière (ex. location de salles pour leurs réunions) mais pour mieux ensuite se détacher des vieilles figures syndicales qu'ils balanceront après un certain nombre de mois ou d'années. L'ASSÉ a des vues plus radicales que nos syndicats actuels qui savent que le conflit perpétuel ne paie pas. Elle et ses partenaires se croient "purs" et légitimes de diriger le peuple, même s'il fallait suspendre la liberté de presse et d'expression des opposants et la paix sociale pour y parvenir. Ils ont cependant oublié que les syndicats sont eux-même atteints par la corruption  qui a des entrées dans le monde politique (ex. marché public de la construction). Les syndicats et les associations étudiantes n'ont pas le monopole de la vertu.

Les choses ne vont pas bien au Québec...

Les choses ne vont pas bien au Québec, particulièrement dans sa métropole, Montréal. Mais peu le voient. Nous préférons voir les beautés extérieures et l'énergie et l'assurance de la jeunesse revendicatrice à l'excès. «Comme ils sont mignons et engagés» (dans leur crise) disent plusieurs. Il y a un fort potentiel d'une guerre idéologique permanente dont l'arène serait la rue et nos institutions publiques. Je ne dis pas qu'ils le font par méchanceté. Je pensent que plusieurs croient que leurs motifs sont purs et sans faille. D'autres par contre, savent où ils vont et quelles sont les étapes. Mais quand ils toucheront à l'argent ou au pouvoir, la vraie nature des uns et des autres se révélera ...

Les gens qui se joignent aux étudiants et à ce mouvement de révolte ne font pas la différence entre sanctionner un gouvernement en suivant un processus et des règles, et d'autre part le renverser. Faudra-t-il à l'avenir aller en élection chaque fois que 10 pourcent de la population sera insatisfaite de sa situation socioéconomique? Ce n'est pas cela, notre démocratie.

Mais je crois que les temps ont changé, comme si nous étions à l'aube d'une nouvelle culture qui a de quoi inquiéter, car à la fin, ce seront les violents et les rusés qui profiteront, si nous ne nous donnons pas des mécanismes de défense. C'est la loi de l'évolution que vous chérissez.

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1.  Richard MARTINEAU, Avec Aron. Chronique Franc-Parler, Journal de Montréal, 26 mai 2012.
http://www.journaldemontreal.com/2012/05/26/avec-aron

2.  Extrait du discours de Gabriel NADEAU-DUBOIS, de la CLASSÉ, le 7 avril 2012:
«Notre grève c'est pas l'affaire d'une génération, c'est pas l'affaire d'un printemps. C'est l'affaire d'un peuple.  C'est l'affaire d'un monde.
Notre grève c'est pas un évènement isolé. Notre grève c'est juste un pas, c'est juste une halte, le long d'une route beaucoup plus longue.
Notre grève, elle est déjà victorieuse (...) parce qu'elle nous a permis de voir cette route-là; celle de la résistance.
Il est là le vrai sens de notre grève. 250,000 personnes ça sort pas dans la rue parce que ça ne veut pas payer 1625 dollars de plus.
Il est là le sens de notre grève, dans la durée, dans la poursuite demain de la désobéissance. Nous avons planté ce printemps, les graines d'une révolte qui ne germera peut-être que dans plusieurs années.»
 (Gabriel Nadeau-Dubois, de la CLASSÉ, Coalition large de l'ASSÉ, extrait transcrit par YapasdPRESSE, du Discours Nous? du 7 avril 2012), (4).

3.  Richard MARTINEAU, Avec Aron. 26 mai 2012.
http://www.journaldemontreal.com/2012/05/26/avec-aron

4.  NOUS? Gabriel Nadeau-Dubois (Intégral)
discours Nous?, VOX, 7 avril 2012