samedi 5 mai 2012

La désobéissance civile est dans les gênes de la CLASSE

OU: La CLASSE (ASSÉ) c'est la DÉFENSE DU SYNDICALISME RADICAL (oups! on s'est fait avoir...)


Éric BÉDARD, historien et professeur au
Québec. Auteur du recueil d'essais 
Recours aux Sources, Essais sur notre
rapport au passé. Éditions Boréal, 2011.

Le gouvernement devrait-il cesser de négocier avec le mouvement contestataire de la CLASSE (Coalition large de l’ASSÉ)? D'où vient cette association? La  CLASSE, c'est l'ASSÉ (Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante) né dans la foulée du sommet des Amériques ET pour un "syndicalisme de combat"; de confrontation (1). D'emblée, elle ne défend pas premièrement les étudiants, mais le syndicalisme. Voyez-vous la nuance importante? L'ASSÉ (Assez) est à sa source le fruit d'un schisme au sein de deux associations étudiantes (collégiales et universitaires) jugées trop peu revendicatrices et trop pacifiques. La CLASSE est donc la voix élargie de l'ASSÉ dans le combat idéologique actuel.

Selon l'historien québécois Éric Bédard qui connaît l'histoire de ces mouvements, il y a une distinction importante à faire, entre le rôle de la CLASSE et celui des autres associations plus étudiantes qui se donnent pour mandat de représenter leurs membres:
On peut lire sur le site internet de l'ASSÉ:  «La CLASSE (Coalition large de l’ASSÉ) est une coalition temporaire créée autour de l’ASSÉ afin de lutter contre la hausse des frais de scolarité et de coordonner la grève générale illimitée qui aura lieu durant l’hiver 2012. Le but de cette coalition est donc d’ouvrir les structures de l’ASSÉ à des associations étudiantes non-membres afin de construire un mouvement large et combattif afin de bloquer la hausse»

La CLASSE vs les autres associations étudiantes : une différence dans les revendications et une différence dans les moyens

C'est ce que nous dit l'historien et professeur Éric Bédard, dans deux entrevues, dont j'ai transcrit un court extrait :

«Il y a une différence au niveau des revendications. Ce que l'ASSÉ et la CLASSE souhaitent c'est une réforme globale du système capitaliste. C'est une condamnation en règle... de ce qu'on appelle le néolibéralisme et dans le fond, toutes les manifestations, toutes les grèves sont un peu un prétexte pour contester beaucoup plus globalement le système. Évidemment on ne le voit pas publiquement et ce n'est pas ce discours-là qui est tenu sur la place publique, parce que je pense... qu'ils perdraient des plumes au niveau de l'opinion publique, mais quand on écoute... les discours de Gabriel Nadeau-Dubois en assemblée, et il y a des extraits de ces discours qui circulent sur l'internet, on voit que c'est ce registre-là qui est... le registre le plus important.  
Donc une différence au niveau des revendications, contestations bien plus globales du système, versus la FECQ et la FEUQ qui disent: «non, nous on représente nos membres; on essaie d'obtenir le mieux pour eux. Et puis tant mieux si ça permet plus de justice sociale, mais notre but premier c'est de défendre nos membres». 
Alors là, c'est le premier point, puis, différence dans les moyens et donc, confrontation(s), grève(s)...» (Éric Bédard, professeur et historien, 30 mars 2012, en entrevue à KYK RadioX), (2).

Sachant ceci, le gouvernement devrait intervenir moins naïvement. C'est que nous ne sommes plus seulement au niveau de la négociation avec des étudiants. Le Gouvernement devrait agir dans l'intérêt du plus grand nombre, après avoir expliqué le pourquoi aux citoyens, comme le ferait tout bon chef d'État.

La CLASSE : un club-école du syndicalisme revendicateur radical

Mais la CLASSE n'est pas un syndicat de par sa structure. Elle peut faire des boycotts, recruter des membres et tenir des assemblées, mais ne peut pas faire la grève au sens propre. Ma question: comment se fait-il qu'après tant de semaines de contestation de l'ordre établi, les allégeances de la classe comme club école du syndicalisme, n'est-il pas clairement sorti dans les médias? La réponse est probablement dans l'expression "solidarité syndicale" (ou omerta syndicale?). Nous savons, qu'au Québec, la plupart des journalistes sont pour les valeurs habituellement associées à la "gauche", bien que la dichotomie gauche-droite soit souvent beaucoup trop simpliste, sauf sur certaines thématiques. Car, parenthèse, on peut être de droite économique (moins d'interventionnisme de l'État) et pour des soins de santé et l'éducation (instruction publique) accessibles pour les moins nantis, mais bon... Il faut donc se tourner vers des médias alternatifs pour avoir nos réponses.

La CLASSE et le pourquoi du grand support syndicaliste, incluant celui des enseignants qui refusent de franchir la moindre ligne de piquetage étudiante

La racine de la CLASSE, dans une association pro-syndicaliste et "génétiquement" contestataire, explique aussi l'association qu'on pouvait trouver étrange ces derniers mois et même hier, vendredi le 5 mai à Victoriaville, entre trois centrales syndicales et les associations étudiantes à la table de négociatons. Celles-ci se sont révélées comme sous le mentorat et sous un soutien financier et logistique certain de certaines grandes centrales syndicales (aide logistique dans l'organisation des manifestations, certains financement comme la location de salles, coaching, etc.). On comprend aussi de mieux en mieux la position de plusieurs enseignants, refusant d'appliquer des injonctions même quand leur sécurité n'est pas en cause, mais plutôt leur idéologie (ex. Université Laval).

Move it! (bouge-toi le Q..uébec)
Pour la CLASSE, dialoguer c'est faire reculer l'autre sans concession

C'est le temps de se réveiller.

  1. Est-ce que vous croyez que l'actuel système démocratique, partiellement corrompu, serait mieux en migrant vers un idéalisme pro-syndicats, syndicats eux aussi atteints par la corruption, faut-il le rappeler? 
  2. Essayez, juste pour voir  dans 10 ans,de demander des services pas chers à ces professionnels qui auront environ la mi-trentaine... 
Il serait temps que notre gouvernement prenne la chose au sérieux et que les grands médias sortent de leurs idéaux pour analyser les faits. Il y a un grand "ménage du printemps québécois" à faire aussi dans le journalisme au Québec. Notamment, le syndicalisme (idéalisé ici) est au moins tout autant associé au crime économique que le politique. C'est ce qu'on voit dans l'industrie de la Construction...

Donc, à visage angélique, les intentions ne sont pas toujours dévoilées. Mais le double discours en assemblée (confrontation) et lorsque confronté sur la place publique (vouloir dialoguer) en dit long sur la nature de la bête. Cela va un peu comme ceci pour certains leaders étudiants radicaux : ne dévoile pas toutes tes cartes ni les motifs profonds publiquement, car tu perdras l'appui de la faveur populaire... Quand tu négocies, tu ne demandes pas, tu exiges. Négocier, c'est faire reculer l'autre; ici notre gouvernement et de ce fait notre argent, pour la future élite. Voilà la stratégie.


À LIRE AUSSI (sans oublier les commentaires):
La CLASSE endosse la violence
http://blogues.lapresse.ca/edito/2012/04/23/la-classe-endosse-la-violence/

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1.  On peut lire sur le site internet de l'ASSÉ:  «La CLASSE (Coalition large de l’ASSÉ) est une coalition temporaire créée autour de l’ASSÉ afin de lutter contre la hausse des frais de scolarité et de coordonner la grève générale illimitée qui aura lieu durant l’hiver 2012. Le but de cette coalition est donc d’ouvrir les structures de l’ASSÉ à des associations étudiantes non-membres afin de construire un mouvement large et combattif afin de bloquer la hausse». http://www.bloquonslahausse.com/la-classe/ (page consultée le 5 mai 2012)
Le refus d'aller en classe (pseudo-grève car les prêts et bourses ont été distribués) était pré-décidé, comme le stipulait le texte sur la page consultée le 5 mai 2012: « ...coalition temporaire créée autour de l’ASSÉ afin de lutter contre la hausse des frais de scolarité et de coordonner la grève générale illimitée qui aura lieu durant l’hiver 2012». 


2.  Le Sommet des Amériques s'est tenu à Québec au printemps 2001 et non en 2000. C'est aussi la réaction contestataire du deuxième Sommet des peuples, une mobilisation qui accueille 2000 représentants syndicaux, des organismes sociaux et féministes (source: Tou.tv - Tout le monde en parlait, saison 5, épisode 4, Radio-Canada, 2010).