mercredi 28 août 2013

Cannabis et conduite automobile au Québec : danger bien réel

IMPACT DES SUBSTANCES PSYCHOACTIVES SUR LA CONDUITE AUTOMOBILE

Au Québec, 1 élève de 5e secondaire sur 18 (5,5%) a consommé de la cocaïne (2006). Ceci exclut évidemment la consommation des décrocheurs scolaires n'ayant pas atteint ce niveau de scolarisation. L’AITQ a mis sur pied des outils de sensibilisation et d’éducation pour prévenir la conduite automobile sous l’influence du cannabis (et d'autres drogues), (1). Voici quelques faits de leur cahier de l'intervenant. Vous trouverez ici leur tableau de l'Impact des substances psychoactives sur la conduite automobile. Mais au départ, quelques données externes qui parlent fort.
(Dernière modification 5 décembre 2013)

CONDUCTEURS DÉCÉDÉS : fréquent mélange de cannabis ou autre drogue et d'alcool 

source : SAAQ, cas réels de conducteurs décédés, données du bureau du coroner (1999-2000).

Pour les conducteurs de véhicules de promenade décédés, sous l'angle de l'analyse abordée par la consommation d'une drogue:
  • «On a décelé la présence d’autres drogues [autre que l'alcool] dans 32,4 % (166/512) des échantillons d’urine»
  • «De l’alcool a également été relevé dans 47,5 % (79/166) de tous les cas de consommation de drogues» (2). Donc, 1 sur 2 de ceux qui avaient une consommation récente ou actuelle de drogue (présente dans l'urine) avait une présence actuelle d'alcool (échantillon sanguin)
Cela nous parle de la réalité de la consommation combinée, le «cocktail», drogue-alcool et les risques évidents pour la santé et sécurité du public. Elles sont supérieures à un sondage, car elles reflètent des faits.

Consommation de substances psychoactives chez les jeunes au Québec en 2006 (3)

source : INSTITUT NATIONAL DE LA SANTÉ PUBLIQUE

Le tableau ci-dessous fournit le portrait épidémiologique de consommation pour les étudiants du 5e secondaire au Québec, année 2006. Ces données du milieu scolaire, excluent les décrocheurs n'ayant pas atteint de niveau de scolarisation.

(Cliquez sur le tableau pour l'agrandir)
GAGNON et autres, 2009, p.13. La publication est de 2007 mais les chiffres sont de 2006.
Pour l'année 2006
  • 1 sur 18 : le nombre d'étudiants du 5e secondaire ayant consommé de la cocaïne dans la dernière année (chiffres de 2006). C'est plus de 1 étudiant par classe de secondaire 5, sans compter les décrocheurs du même groupe d'âge.
  • 1 sur 3 : «En 2006, 30,2 % des répondants de l’enquête provinciale dans les écoles secondaires rapportaient avoir consommé une substance autre que l’alcool au moins une fois sur une période douze mois, ce qui représenterait plus de 142 000 élèves au Québec».
  • 1 sur 2 au 5e secondaire (ont consommé une substance psychoactive autre que l'alcool):  «50,9 % chez les élèves de secondaire V». 
  • 13 ans : toujours en 2006, «L’âge moyen d’initiation à la consommation d’une substance autre que l’alcool est de 13,2 ans».
  • entre 1 étudiant sur 3 ET 1 sur 4 : «Le cannabis est la drogue la plus souvent consommée avec une proportion de 29,4 % d’utilisateurs en 2006. Enfin, 8 % de l’ensemble des répondants sont des consommateurs réguliers de cannabis, c’est-à-dire qu’ils en consomment au mois une fois par semaine sur une période d’un mois (...)»
  • 1 sur 10 : au secondaire, «La proportion d’élèves ayant consommé des  amphétamines dans l’année précédente s’élevait à 9,4 % en 2006 avec une proportion différentielle selon le sexe : les filles étant plus nombreuses que les garçons à rapporter en avoir consommé (11,1 % vs 7,6 %)». 
  • 1 sur 6, voire près de 1 sur 5 du 5e secondaire pour les amphétamines : «La proportion de jeunes ayant consommé des amphétamines augmente avec le niveau scolaire passant de 1,7 % chez les élèves de secondaire I, à 17,1 % chez les élèves de secondaire V. » 
Et ces chiffres de 2006 obtenus auprès des jeunes fréquentant l'école ne tiennent pas compte des décrocheurs du même âge!
       

Quelques informations et donnéesextraites du rapport de l'AITQ (2007)


Cannabis et capacité de conduire un véhicule


Selon les chiffres de l'Association des intervenants en toxicomanie du Québec,
«Bien que la littérature sur les psychotropes au volant soit relativement récente, les impacts du cannabis sur la conduite automobile sont néanmoins bien documentés.
Les effets du cannabis varient d’une personne à l’autre et plusieurs facteurs tels que la forme physique, l’état de fatigue, la quantité consommée et la prise simultanée d’autres substances jouent un rôle important sur la capacité de conduire. De façon générale, le conducteur sous l’influence du cannabis risque de moins bien percevoir l’environnement. Sa coordination ainsi que sa capacité à rester attentif à l’environnement routier risquent également d’être affectées. Il peut aussi éprouver de la difficulté à maintenir une trajectoire en ligne droite, à rouler à une vitesse constante et à évaluer les distances. Son temps de réaction est augmenté, ses réflexes ralentis et sa conduite est hésitante. Finalement, il risque de ne pas reconnaître les signaux de danger et de ne pas réagir adéquatement lors d’une situation imprévue» (4).

Les effets des drogues sur la conduite automobile, en tableau (5).

(Cliquez pour agrandir)
Source :  tableau compilé par ÉMOND et autres, AITQ (2007)


La perception de soi :  la fausse sécurité observée chez le conducteur consommateur de cannabis



«Certains groupes minimisent davantage les risques associés au cannabis au volant. Ainsi, les gens ayant expérimenté la conduite automobile sous l’influence de cette substance ainsi que les consommateurs réguliers de cannabis sous-estiment plus les risques reliés au cannabis au volant» (6).

Acceptation sociale et politique : des facteurs de renforcement (encouragement à consommer)


Ci-dessous, le modèle de GREEN et KREUGER (7) montre les liens entre différents facteurs personnels et contextes, jouant un rôle dans la consommations de drogues; rôle pouvant être facteur de risque ou facteur de protection.

SPA = substances psychoactives



«Le modèle présente des facteurs de risque ou de protection, selon le cas». Comme facteurs de renforcement, côté risque, on peut penser à l'acceptation sociale, aux pressions du groupe (amis, peur du rejet, besoin de socialisation). Les contextes facilitants pour la consommation du cannabis pourraient logiquement se trouver alimentés par l'opportunisme politique, voir où se situe la case Organisation et Politique, en amont (alimentant) les contextes facilitants, en réponse à la demande et aux pressions pour la libéralisation (consommation libre) du cannabis, du haschisch et d'autres substances psychotropes. 


Conclusion

Achetez des votes avec du «pot» (prononcé comme pote; = cannabis).

Au «temps de Duplessis», comme dit l'expression, on achetait des votes avec de la bière ou un flacon de «boisson forte». En 2013, certains politiciens achèteraient des votes avec promesse de faciliter la consommation et la possession de drogues considérées à tort comme inoffensives.

Les intervenants prennent les choses plus au sérieux que les opportunistes politiques 



  • L'Institut national de la santé évoque le «portrait épidémiologique» (2006-2007). 
  • L'AITQ incite à ne pas conduire un véhicule après avoir consommé une drogue agissant sur le système nerveux central (2007).
  • De son côté, la SAAQ a établi depuis déjà plusieurs années, un lien fort entre les accidents de la route et la consommation chez les conducteurs décédés (en 1999-2000), dont les prélèvements biologiques ont révélé la consommation récente ou actuelle de drogues et la consommation combinée, drogue et alcool.

Ma petite recherche a fait ressortir qu'il est difficile de savoir comment les choses ont évolué, comme si on ne voulait pas vraiment le savoir. Il est difficile d'obtenir des données détaillées et récentes pour le Québec. Par contre, bien que l'alcool demeurait encore au milieu des années 2000, la principale substance trouvée chez les jeunes conducteurs impliqués dans un accident selon la SAAQ (BRAULT, 2004), la combinaison des substances lors de la consommation a de quoi faire réfléchir les opportunistes politiques qui veulent banaliser la consommation de cannabis et de ses dérivés (ex.  haschisch, huile) à des fins récréatives ou festives.

_______________
1.  Shirley ÉMOND et autres. Conduite automobile sous l’influence du cannabis. Cahier de l’intervenant. 2e édition, Association des intervenants en toxicomanie du Québec inc. (AITQ), 2007. 55p.  http://www.aitq.com/themes/canabisauvolant.html (lien consulté le lundi 26 août 2013).

2.  M. BRAULT et autres. Le rôle de l'alcool et des autres drogues dans les accidents mortels de la route au Québec : Résultats finaux. Québec, Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ), 2004, p. 4-5
NDLR:
Sous l'angle d'analyse par la consommation d'alcool :
  • 39,8 % (4 sur 10) des conducteurs décédés avaient de l'alcool dans le sang. 
  • Parmi ces conducteurs décédés avec alcool démontré par échantillons sanguins, 38, 7 % (près de 4 sur 10) avaient consommé également une autre drogue ou des drogues combinées, majoritairement du cannabis  et des benzodiazépines (médicaments psychotropes contre l'anxiété, l'insomnie, l'épilepsie et les convulsions). 
Autrement dit, en 1999-2000, 15,4 % (entre 1 sur 6 et 1 sur 7) des conducteurs décédés, avaient une consommation combinée de type alcool actuellement (échantillon sanguin) + drogue actuellement ou récemment (test d'urine moins précis).

Calcul sur une base de 100 (pour comparer à 100 pourcent):
100 X (39,8 / 100) = 39,8 conducteurs décédés (ALCOOL) sur 100 conducteurs décédés.
Et de ceux-ci : 39,8 X (38,7 / 100) = 15,4 conducteurs décédés (ALCOOL + possible drogue simultanément selon test d'urine) sur 100 conducteurs décédés.
15,4 conducteurs décédés sur 100 équivaut à 1 sur 6,49 (une triste loterie).

3.  Hélène GAGNON et autres. L’usage de substances psychoactives chez les jeunes québécois. PORTRAIT ÉPIDÉMIOLOGIQUE. Institut national de la santé publique - Direction du développement des individus et des communautés, Juin 2009, 53p.

4.  ÉMOND et autres, 2007, p. 15

5.  Même source, p. 18

6.  Même source, p. 15

7.  GAGNON et autres, 2009, p. 2