lundi 7 octobre 2013

Documentaire «Lillusion tranquille»; une partie de la conclusion erronée

Je viens de terminer pour la première fois, le visionnement du film québécois L'illusion tranquille (2006) version VIDÉO. Le documentaire se veut une critique de la social-démocratie québécoise, après 40 ans de vécu (année de sortie du film 2006). Très intéressant. Je constate que sans avoir vu le film avant aujourd'hui, mon cheminement m'a mené à plusieurs observations critiques semblables aux constats, exprimés  dans le film plus économiquement appuyées. Cependant,  je dirai qu'il contient un aspect avec lequel je suis en désaccord; un point mis en emphase, dans la conclusion. Il est généralement faux de prétendre que le mépris de la prospérité est un héritage catholique ou judéo-chrétien. Nous démontrons ainsi que que si nous avons été «christianisés», nous ne connaissons pas les principes chrétiens. Pas plus qu'être né dans un hôpital et y être retourné occasionnellement, n'a fait de nous des médecins. ET cette position sous-tend une autre prémisse idéologique: le film se termine malheureusement sur un autre mensonge, servant de point de départ d'un renouvellement national espéré, une prémisse fondamentalement fausse qui voue tous les systèmes humains (sociopolitiques inclus) à l'échec à long terme. Ce présupposé idéologique est que l'être humain serait fondamentalement bon. Or, des milliers d'années d'Histoire humaine documentée démontrent que cette philosophie est erronée. Le comportement humain doit toujours être encadré.
  • En temps de paix, le clergé catholique a historiquement côtoyé les riches, autant que les défavorisés, ayant besoin des plus riches, pour aider les plus démunis.
  • Le Québec a rejeté le catholicisme et dans un deuxième temps, les valeurs chrétiennes de quelque tradition qu'elles soient (ex. protestantes anglo-saxones, franco-protestantes). 
  • Mais ses concitoyens sont devenus en un peu plus de 40 ans, dépendants des programmes de l'État, des subventions et de l'endettement pour maintenir artificiellement un niveau de prospérité et de services étatiques, hérité du milieu des années 1960 et des années qui ont suivi immédiatement. 
  • Les deux données, christianisme et national-socialisme québécois sont séparées, voire opposées, comme ailleurs dans le monde, où le socialisme a été opposé; lire «antichrétien». L'entraide chrétienne à laquelle ont convié Jésus et ses disciples de première génération, n'était pas un socialisme, encore moins un système d'État, mais l'entraide volontaire en faveur des vrais défavorisés, la compassion en action. L'engagement suit un changement de vie de ceux qui donnent (une transformation); le riche avare devient ouvert aux autres, le pauvre partage son peu avec un plus pauvre. Mais souvent l'entraide n'est pas en argent mais en temps donné. On ne devenait pas chrétien en naissant dans un territoire (la «paroisse» et le baptême des enfants), on le devenait par choix, ayant pesé les pour (nouvelle vie) et les contres (rejet, etc.).
    • Par exemple, l'Église naissante n'aidait pas tous ceux qui se disaient pauvres. Il fallait quelqu'un qui soit nettement défavorisé (ex. les veuves âgées et sans enfants adultes pour les soutenir; ex. les estropiés et les handicapés incapables de travailler, les malades sans famille pour subvenir à leurs besoins matériels, les étrangers (migrants) non établis en train de se chercher un travail, etc.). La famille avait la responsabilité de prendre les siens en charge.
    • La contribution était volontaire et non pas un impôt ou une taxe imposée; chacun donnant ce qu'il jugeait approprié selon sa richesse
    • Durant les périodes de persécutions, certains ont préféré donner avant que l'État leur enlève suite à leur conversion à la foi en Christ.
    • L'entraide chrétienne n'était pas impersonnelle (pas un socialisme ni un communisme); celui qui aide connaît ceux qui sont aidés, il sait qu'ils sont vraiment dans le besoin.
  • On ne peut donner ce qu'on n'a pas. Dans la social démocratie, oui on peut (yes we can), sur la base de l'endettement collectif. À l'opposé, le christianisme dit que plus tu empruntes, plus tu est lié au prêteur, au risque de devoir travailler pour lui; ce que nous faisons en travaillant pour payer des intérêts élevés.
    • Notre prospérité illusoire de 1970 à aujourd'hui, est au contraire assise sur l'endettement chronique pour se payer des services dits universels, pour lesquelles nous n'avons pas les moyens. Nous avions les moyens pour un «petit véhicule» en terme de programmes sociaux,  mais nous nous sommes payés le modèle luxueux et coûteux; la «société modèle» à faire briller devant les voisins.
  • Le système québécois hérité des changements progressifs de pensée des décennies 1950 et 1960 a lancé des idéaux inatteignables. Il s'agit d'un mensonge, ou au mieux d'un calcul naïf. Cela dure le temps que nous les adoptions de façon intégrée (difficilement annulable ensuite). Un des buts, à la fin des années '60, était d'écarter l'Église des programmes en instruction et santé publiques (au Québec, majoritairement les catholiques, parfois les protestants dans certaines enclaves culturelles et linguistiques)
    • Il faut comprendre que les ordres religieux catholiques, avec leur modèle fondé sur la pratique du célibat, vivaient avec peu. Oui ils avaient des édifices et des terres pouvant faire penser à des domaines. Nous les disons même aujourd'hui millionnaires, mais dans ces «domaines» aujourd'hui vides et sur ces lots, ils vivaient autrefois à quelques centaines de travailleurs sans posséder de biens en propre (pour soi-même). Les grands presbytères eux, servaient aussi d'auberge pour accueillir les religieux de passage. Sans famille à faire vivre, et sans maison et transport individuels, les membres des ordres religieux étaient en fait des fonctionnaires ecclésiastiques peu coûteux. Ces travailleurs et travailleuses catholiques vivaient dans des résidences communautaires avec lieux communs, sans salaire individuel et pouvaient ainsi développer des services à peu de frais et souvent gratuits pour les vrais démunis. Ils avaient des chambres avec cuisine commune, une seule maison de repos (villégiature) pour une large communauté locale ou régionale. Ce mode de vie plutôt ascétique leur permettait de tenir et opérer diverses oeuvres caritatives, d'instruction et de santé publiques avec peu de besoins en masse salariale, et même d'offrir encore des services durant les creux économiques.
    • Pour les évacuer du régime public, et pour éviter le choc du coût réel avec de vrais salaires syndiqués, souvent aussi de nouvelles infrastructures et nouveaux édifices adaptés au nouveau système (ex. écoles polyvalentes), le Québec a dû emprunter pour offrir des services en apparence à faibles coûts (endettement non visible). Ceux qui l'ont fait, savaient qu'un jour, il faudrait bien rembourser cette apparente gratuité (du moins dans quelques générations). La haine contre la religions des pères a pu produire d'étranges énergies... 
    • Ce mode de vie a aussi amené des revers (ex. autoritarismes régionalisés, certains abus physiques ou sexuels, la persécution au moins économique des franco-protestants, ...). Mais dans l'ensemble, le clergé et les ordres ont maintenu une cohésion socio-culturelle sans laquelle le peuple francophone que veut sauver le PQ aurait été dissout dans la culture environnante. Le PQ n'existerait pas. Le parti devrait donc se garder une petite gêne dans son mépris anti-catho, hérité des socialismes et doctrines semblables.
  • Comme exemples de services de l'État-Providence (le nouveau divin)
    • L'instruction «gratuite» qui devient dans les faits de moins en moins gratuite, maintenant que nous avons mis dehors les ordres religieux et que les édifices sont vieillissants et souvent mal entretenus, faute d'argent pour les rénovations.
    • Une offre de soins de santé dits «gratuits» pour tous, où s'engouffre près de la moitié du budget annuel du Québec, donc de nos impôts et taxesDans les faits, notre système de santé publique devient presqu'une médecine d'urgence; l'autre médecine étant, comme pour les services de l'État dans les anciens pays de l'est du 20e siècle, l'objet d'une longue attente. Encore un peu, et comme là, il faudra connaître quelqu'un dans les réseaux de services ou faire un cadeau à un employé. 
    • Divers programmes sociaux pour donner à ceux qui pouvaient travailler mais ont été encouragés à s'asseoir; payés sans avoir de services à rendre en retour. Ils avaient besoin d'aide pour trouver un meilleur travail ou fermer leur mois, mais on leur a dit, on va t'aider uniquement si tu ne travailles pas. Résultat: à revenu égal et à choisir entre deux pauvretés, le choix était simple. Tout aussi étrangement, on sortit des institutions hérités du catholicisme, ceux qui avaient besoin de tutorat. La désinstitutionnalisation a mis dehors plusieurs personnes non autonomes, supposant qu'avec un logement subventionné et un chèque mensuel, cela serait suffisant. Plusieurs psychiatrisés en ont fait partie. Ces non autonomes ont vite délaissé les logements qu'ils ne pouvaient gérer, pour devenir des sans adresse fixe et de ce fait des sans chèque. Les substances psychotropes (drogues) se développant au rythme de la science firent aussi grandir leur nombre, à partir d'un bassin de gens sans handicaps à la naissance.
    • La rente pour tous en vue de la retraite, au départ sur la base d'une contribution de moins de 4 pourcent de mise de côté sur salaire (illusoire dès le départ).
  • Ce ne sont pas les valeurs chrétiennes; nous avons appliqué une doctrine socio-économique semblable à ces systèmes économiques autoritaires, où pour un service d'État, il faut attendre très longtemps son tour. 
    • L'enseignement chrétien au contraire de notre système, enjoint d'éviter l'endettement et de vivre selon ses moyens autant que possible. Dans la culture où est né le christianisme, et dans les pays voisins, par exemple, il s'adresse entre autres personnes, à des esclaves et des esclaves volontaires  (engagés envers le prêteur pour rembourser une dette). Il dit: «Si tu peux devenir libre, profites-en plutôt»; autrement dit, si tu le peux, libère-toi, deviens ton propre patron. Le National-socialisme québécois dit au contraire: Nous créons des programmes universels pour tous [avec votre argent, vérité omise], mais en échange nous donnons la cadence et les règles économiques, morales, les «valeurs bonnes» ou les règles de la «vie bonne», et autres. Cette tendance sur les valeurs est en pleine accélération avec le cours d'ECR, ou avec l'entrée dans le système de garde public, des enfants dès la petite enfance (nationalisation progressive depuis env. 3 décennies avec évacuation du privé).
  • C'est un néo-prolétariat dans lequel l'État réclame de façon croissante, les enfants de ceux qui reçoivent les services payés par les impôts et taxes, incluant les profits et taxes des sociétés d'État (ex. SAQ, Hydro-Québec, Loto-Québec): programmes éducatifs, de santé, de garderie, et autres.
    • Mais il a, comme ses modèles, développé ses files d'attente pour recevoir des services. Que la file d'attente de centaines ou encore de plusieurs milliers de personnes soit sur une liste de services de l'État (garderies, santé, etc.), plutôt qu'alignés devant une porte, n'en fait pas moins une file d'attente. Nous, clients d'un régime dit universel attendons des mois, voire des années, par exemple pour une chirurgie ou un traitement. Ici, être des "patients" prend tous ses sens.
    • Il fallait au départ l'illusion de la prospérité infinie (la Providence n'est plus divine mais étatique). C'était le prix à payer pour mettre dehors les ordres catholiquesMaintenant, on ne sait pas comment nous annoncer que la gratuité apparente était transitoire (services en réalité payés avec nos impôts et taxes). C'est un système qui croule. On le fait donc pas à pas.
    • Le système québécois actuel est l'héritage du copier-coller d'extraits ou portions d'utopies économiques qui ont échoué en Europe et ailleurs encore (pays pratiquant le communisme ou le socialisme, par exemple).
Le christianisme ne méprise pas l'argent, mais dénonce ce que l'on fait avec ou pour l'obtenir, pour s'enrichir 
  • Les Évangiles reçus et le reste du Nouveau Testament, ne sont pas contre les riches (parce qu'ils sont riches), mais dénonce ceux parmi les riches qui sont injustes, ou trompeurs, ou sans compassion ou ne respectent pas leurs engagementsLa preuve est que des convertis notoires, gouverneurs, riches, hauts fonctionnaires ou ministres (notamment un Éthiopien venu adorer Dieu à Jérusalem selon la pratique de l'Ancienne Alliance), ont fait partie des premiers chrétiens sans avoir à renoncer à leurs richesses. Des femmes de la noblesse aussi ont à certains moments suivi Jésus et ses disciples, et les ont même assistés de leurs biens.
  • Les reproches de Jésus et des apôtres sont dirigés contre certains riches, nombreux, qui retiennent le salaire des ouvriers, les trompent en leur disant «je vais te donner tel salaire» et qui violent leurs engagements, qui achètent (corrompent) les juges et magistrats pour contrer les demandes de jugement que leurs victimes soumettent à la justice, etc.
  • Le jeune homme riche qui refuse d'être disciple de Jésus parce que Celui-ci lui demande de vendre tout ce qu'il a, n'a pas compris ce que Jésus voulait dire. Premièrement, pour faire partie des disciples de première ligne, il fallait ne pas s'embarrasser des affaires de la vie; être prêt à partir pour voyager avec peu. Jésus avait des centaines d'autres disciples auxquels il n'a pas demandé de quitter leur maison et leur frères et soeurs, pères et mères, et de tout vendre. Mais, pour ceux qui le suivraient au quotidien durant de longs mois, c'était particulier. Et deuxièmement, au jeune homme riche, il voulait aussi lui dire : «Tu me demandes que faire pour accomplir la volonté de Dieu. Je te réponds sur la base qu'il ne doit pas y avoir d'autre dieu devant Sa face. Donc, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et suis-moi. Je te dis cela parce que je sais que ta richesse est ton dieu à toi. Je veux que tu réfléchisses et que tu reconnaisses que toi qui te penses juste et bon, sans faute ou sans péché, tu réalises que tu es loin de Dieu. Nul ne peut atteindre Dieu par ses seules oeuvres et ses seuls efforts. C'est pas la grâce, un don immérité que tu peux atteindre le Père. À un autre, je demande aussi de renoncer à ses dieux à lui pour qu'il prenne conscience de son besoin de salut. Voilà ce que je voulais que tu comprennes».
Cela est un peu plus près de la réalité que ce que l'on véhicule allègrement dans les médias, par ignorance souvent, mais malhonnêtement dans d'autres cas.

Bref

Il est généralement non fondé et anachronique de prétendre que le mépris de la prospérité est un héritage catholique ou judéo-chrétien

Le film se termine sur une autre hypothèse non appuyée par l'histoire, avec pour point de départ un renouvellement socio-économique espéré pour le Québec. La prémisse fondamentalement fausse débouche toujours sur l'échec à long terme. Elle affirme que l'être humain est fondamentalement bon. Des milliers d'années d'Histoire humaine démontrent que cette philosophie est erronée

Un simple test démontrerait que l'humain a besoin de cadres et conventions, sinon la communauté s'effondre. Isolez 2000 personnes (la moitié étant des hommes et l'autre moitié des femmes) sur une île où ils doivent survivre, et ils seront contraints de s'établir des règles, qui deviendront ensuite traditions, bonnes ou mauvaises.

Ceci dit, je recommande ce documentaire.

AUTRE TEXTE 
En réponse à un humoriste québécois :

Martin Matte lie mépris de l'argent et foi chrétienne

http://yapasdpresse.blogspot.ca/2014/01/martin-matte-lie-mepris-de-largent-et.html

«L'illusion tranquille», 2006, en stream, Durée approximative: 1h14