mardi 21 janvier 2014

Lettre : Au Québec « On achève bien les chevaux »

[Lettre en prévision du projet de loi en faveur de l'euthanasie, postée à l'adresse de courriel du député. M. Couillard n'était pas encore député car c'était avant les élections du printemps 2014]


M. Philippe Couillard, chef du Parti Libéral du QuébecAssemblée nationale du Québec,

Monsieur le député et chef du Parti libéral du Québec, nous savons que le 11 février prochain, le Parti québécois votera en bloc, un bloc froid et dur, pour diminuer la valeur de la Vie humaine. Ce parti essaie de nous faire croire qu'il agit par intérêt pour les citoyens du Québec, pour la liberté de choix. Parlons-en donc, de cette « liberté », de la liberté d'être effacé par d'autres. Pourquoi alors ne reconnaît-il pas, le parti, qu'aujourd'hui la science médicale permet de contrôler toutes les souffrances de fin de vie, sans provoquer la mort ? Pourquoi a-t-il récemment refusé de définir le sens de l'expression « fin de vie », sinon pour ouvrir bientôt la voie au suicide assisté pour toutes sortes de souffrances qui se révéleront impossibles à hiérarchiser ? Pourquoi, s'il veut la liberté de choix, a-t-il tout fait pour éviter l'expression « euthanasie », pour promouvoir sa position, par une ruse injustifiable ? Pourquoi entretient-il, au nom de la liberté de choix, la confusion entre les soins, le vrai sens d'une « aide médicale », et l'euthanasie, l'acte de la provocation directe de la mort. Pourquoi alors, et au nom de quelle liberté, méprise-t-il les médecins spécialistes qui s'opposent et y est-il allé de contre-études, pour parvenir à ses fins ? L'avenir est devenu bien sombre dans l'Histoire, quand des États avancés et enflés, ont changé le sens des mots pour faire triompher l'idéologie du parti.
 Quelle force dirige ce parti, pour qu'il reste endurci, sachant que d'abord des aînés, plus tard des handicapés et enfin des enfants, comprendront le message suivant : que la maladie qui les diminue, un ennemi à combattre ensemble, les rend indignes aux yeux de notre société. Comment pourront-ils faire un choix libre, quand on a déjà privé l'opinion populaire, d'une partie de la connaissance médicale actuelle en discréditant même les opposants spécialistes du domaine ? Quand avons-nous franchi la ligne, entre la valeur intrinsèque de la vie humaine et celle d'une idée et avons-nous ainsi rétrogradé cette vie, au niveau de la valeur d'une opinion philosophique ou politique comme une autre ? La Vie est plus qu'une opinion.

Chacun, du moins la plupart d'entre nous, avons peur de souffrir. Et ce parti ne se prive pas d'utiliser cette crainte naturelle, pour déformer la réalité ; pour parler de consensus, même quand plusieurs médecins et médecins en soins palliatifs font entendre leur voix pour protéger la vie humaine. Plusieurs personnes plus vulnérables se sentent déjà menacées ; car elles sont loin d'être toutes séniles, les personnes âgées. Ces programmes de santé, que l'on s'est donnés, fiers, pour soutenir les faibles, sont maintenant attaqués. « On achève bien les chevaux », dit-on. Ce à quoi il faut aussi ajouter : On prolonge bien la vie des chiens et des chats en soulageant leurs maux, lorsqu'on en a les moyens. Un homme qui noie un chat dans un poche ou qui tire une balle à un chien, est passible de poursuites devant les tribunaux. Non, on n'achève plus si « bien » les chevaux. Je vous demande de prendre position contre ce gouvernement qui trompe le peuple, en disant et en maintenant depuis son élection, que le soulagement de la souffrance ne suffit pas. Que l'affaiblissement et la perte d'autonomie et parfois de continence, rend l'humain indigne de vivre, alors que l'indignité c'est de livrer la personne à elle-même, durant des heures dans ses excréments. Selon le même argument, un bébé est un humain indigne, car il a totalement besoin des autres. Son message, celui du parti, il sera bien compris. C'est une simple équation de première année du primaire : moi + maladie = fardeau pour les autres. Bref, on parle beaucoup de solidarité dans ce Québec bleu ciel et fleuve, mais on oublie ce qui fait la force de la vraie solidarité : les plus forts supportant les plus faibles ; les vrais vulnérables ; et ne laisser personne en arrière. J'espère, comme plusieurs citoyens, que vous oserez vous lever avec votre parti, pour voter contre ce projet de loi, digne des plus sombres romans de fiction politique. 

Recevez, Monsieur le député et chef du Parti libéral du Québec, mes cordiales salutations et meilleurs vœux de succès dans la nouvelle année.