samedi 26 avril 2014

ENTREVUE Le Devoir : La médecine désarmée devant la mort

Voici un extrait d'une excellente entrevue diffusée en février 2010 avec le Dr Balfour MOUNT, dans le journal Le Devoir.
En 1973, le Dr Mount, chirurgien-clinicien en urologie-oncologie à l'Hôpital Royal Victoria, entreprend une étude sur les soins prodigués aux patients en phase terminale dans son institution. Le constat qu'il fait le trouble profondément. «Je savais le personnel hospitalier très compétent, attentionné et ayant à coeur d'offrir les meilleurs soins possible aux patients. La technologie médicale, nous l'appliquions très bien, mais nous avions omis le fait qu'il y a une importante différence entre la pathophysiologie de la maladie sur laquelle nous concentrions nos efforts et l'expérience subjective de la maladie qui est influencée par ce que nous sommes comme personne. Car il y a des aspects physiques, psychologiques, sociaux, spirituels, voire financiers, qui modifient cette expérience», souligne le Dr Mount avant de rappeler que «quand on ne peut plus espérer prolonger la vie, l'objectif est d'améliorer la qualité de vie, ce qui est expressément le but des soins palliatifs. Or, les patients se faisaient souvent dire qu'on ne pouvait plus rien faire pour eux. On leur faisait sentir qu'ils occupaient un lit dont nous avions besoin pour un patient pour lequel on pouvait faire quelque chose», raconte le Dr Mount. «Cette attitude reflétait notre manque de compréhension et notre ignorance de ce qui peut être fait pour ces patients qui sont les plus malades de notre système de santé. Nous ne satisfaisions pas les besoins psychosociaux, voire physiques de ces patients. Personne ne s'était penché sur ce que pourrait être un contrôle adéquat des symptômes, dont la douleur, chez cette population de patients.» 
[...] Le Dr Mount affirme humblement que ce sont deux de ses patients qui lui ont donné les meilleurs enseignements. L'un d'eux, un brillant jeune homme de 30 ans, surnommé Chip, membre de l'équipe olympique canadienne de ski, qui avant son cancer généralisé «ressemblait à un dieu grec et excellait dans tout ce qu'il entreprenait», confia au Dr Mount, peu avant sa mort, alors qu'il était devenu squelettique comme les rescapés d'Auschwitz, qu'il «venait de vivre la meilleure année de sa vie». «J'ai eu une vie merveilleuse, tournée vers le monde extérieur. Durant cette dernière année, j'ai fait un voyage intérieur et ce fut le voyage le plus extraordinaire de ma vie», lui avait-il dit à l'insu de sa famille.

«Ce patient m'a enseigné que l'on ne peut juger la souffrance d'autrui», car, même dans un état physique effroyable, un mourant peut vivre les meilleurs moments de sa vie. Dans son cas, «sa famille souffrait probablement plus que lui et projetait sa propre souffrance sur lui», explique le Dr Mount [...]
Dr Balfour MOUNT (vers 2010). Crédits photo: Bethany MOUNT
Image recadrée par YapasdPRESSE.blogspot.com

LIRE l'entrevue au complet :
Pauline GRAVEL. 

L'entrevue - La médecine désarmée devant la mort. 

Le père des soins palliatifs au Canada propose une approche plus humaine

Le Devoir, 1er février 2010.