vendredi 29 août 2014

Sentence du juge pour l'ex-enseignante Tania Pontbriand qui avait séduit un élève de 15 ans

La sentence a été prononcée par un juge du Québec dans l'affaire de l'ex-enseignante Tania Pontbriand. Cette dernière avait développé et entretenu une relation inappropriée avec un de ses élèves, qui n'avait que 15 ans au début des faits. Elle avait au cours de l'idylle asymétrique, entretenu des centaines de relations sexuelles avec l'élève lorsqu'elle était au début de la trentaine. Elle a été condamnée par le juge à 20 mois de prison pour des infractions purgées en concurrence (ensemble). Imaginez: le jeune homme a porté plainte en 2007, quelques années après les faits, et nous sommes en 2014. Après 7 ans de procédures et un jugement contre la femme, et considérant l'appel déposé immédiatement par celle-ci, le jeune homme y aura passé une décennie de sa vie avant de pouvoir passer à autre chose. C'est socialement inacceptable évidemment. Notre justice est comme un tracteur de ferme sur une autoroute; incapable de suivre le trafic.

Le jugement

Le juge a souligné, dans son jugement, l'importance d'envoyer un message clair à la société.
« Le tribunal est convaincu que dans la présente affaire se retrouve la nécessité de dénoncer qui est si pressante que l'incarcération est la seule peine qui convienne afin d'exprimer la réprobation de la société à l'égard du comportement de l'accusée et l'objectif de donner suite à la dissuasion générale. » (extrait du jugement trouvé sur ICI radio-canada.ca )
La cause, vue par la société

Comme d'habitude, les animateurs des radios parlées de Québec,  particulièrement ceux de sexe masculin,
Le jeune homme avec l'enseignante durant 
les années qu'a duré la relation
souvent le public aussi, tendent à diminuer la gravité de la faute. Pour plusieurs, le jeune homme en aurait certainement tiré avantage et ne se plaignait pas tant que cela faisait son affaire. Sauf que lorsque ces éthiciens en herbe, soumis à une hypothèse inverse, où l'enseignant serait un homme de 30 ans et plus, et la victime une fille de 15 ans, ou un homme et un garçon de 15, alors le public est beaucoup plus hésitant à défendre l'enseignant. Pourtant, c'est bien ainsi qu'il faut  analyser la gravité du cas comme je l'avais déjà écrit.
  • C'est la question des relations entre adultes et mineurs, même lorsqu'il n'y a aucun lien d'autorité ou de services professionnels entre une personne qui évalue et une personne évaluée. La question ressort lorsqu'on imagine par exemple que l'adulte serait un homme de 30 ou 35 ans profitant pour des centaines de relations sexuelles d'une fille de 15 ans séduite sur le web ou avec la gardienne de ses enfants, ou l'amie de sa fille, par exemple. Le public trouve cela un peu moins cool, surtout si l'on imagine que la personne séduite et utilisée serait notre enfant.
  • C'est aussi toute la situation du professionnel responsable et évaluateur de personnes versus un bénéficiaire de ses services d'âge mineure ou même majeur, évalué par l'autre. Cela peut s'appliquer au coaching dans les sports, aux relations d'autorité impliquant des victimes d'âge mineur (ex. un ou une employée), et autres de même nature. Même entre adultes, une sérieuse question morale (éthique) se pose: Par exemple, un ou une enseignante universitaire pourrait-il aussi être l'évaluateur neutre (sans parti pris) de celle ou celui avec qui il ou elle couche ?
  • Enfin, la dénonciation qui est beaucoup remise en question par les hommes (qui auraient aimé être à la place du jeune) peut ne pas être nécessairement uniquement d'intérêt pour la victime, mais aussi pour dissuader que le pattern ne se reproduise avec cette enseignant(e) (si le secret est gardé) ou un(e) autre. En ce sens, tout cet exercice pourra ne pas avoir été réalisé en vain.
  • Enfin, ceux qui auraient aimé être à la place de l'adolescent de 15 à 17 ans auraient peut-être aussi fait une dépression lorsque l'enseignante a mis fin à l'aventure après quelques années. Beaucoup de jeunes hommes aujourd'hui, se suicident pour des peines d'amour.
Comprendre la gravité des actes

De plus, pour faire comprendre la gravité des actes, il ne s'agit pas pour l'accusée d'un ou deux actes isolés, mais de centaines de relations sexuelles entre cette ex-enseignante (qui a perdu son emploi) et celui qui a été  pendant un temps son élève et pour des mois ensuite, son jeune amant. Le jeune homme qui a lui-même porté plainte après qu'elle ait rompu les liens avec lui, en a en plus subi un préjudice, car il est vraiment tombé en amour avec celle qui s'est en quelque sorte servi de lui pour ses fins personnelles, parfois au su de son mari. La rupture a conduit la victime à la dépression et a eu des impacts négatifs non négligeables dans la suite des temps pour le jeune, même devenu adulte.

La justice au Québec: comme un tracteur de ferme sur une autoroute

Lentes heures du système

Selon ICI Radio-Canada.ca, Tania Pontbriand a immédiatement porté la cause en appel. Non seulement le jeune homme s'est fait voler une partie de son adolescence à l'heure où les choix sont particulièrement importants, mais avec une cause qui va en appel après 7 ans de procédures et un jugement du tribunal prononcé contre la femme, il y aura passé une décennie de sa vie pour pouvoir passer à autre chose. C'est inacceptable évidemment. La justice de notre social-démocratie est un tracteur de ferme sur une autoroute; incapable de suivre le trafic. Il faut une réforme et probablement déléguer des aspects de celles-ci.

LIRE AUSSI : 

Quelle sentence mérite l’ex-prof Tania Pontbriand ? | Réponse au Journal de Québec (2014-01-25)
http://yapasdpresse.blogspot.ca/2014/01/quelle-sentence-merite-lex-prof-tania.html

Prof et élève; retour sur l'affaire Tania Pontbriand (2012-04-03)