mardi 28 octobre 2014

Test de français au cégep: anachronisme culturel et de cheminement scolaire

L'affaire du français écrit au cégep constitue un anachronisme culturel et de cheminement scolaire.

En fait, que le ministre de l'Éducation, du loisir et du sport, Yves Bolduc considère l'élimination de l'épreuve de la langue française pour l'admission au Cégep (études post-secondaires ou pré-universitaires) n'apparaît pas si illogique dans le Québec actuel. Voici pourquoi.
  • Un diplômé du secondaire a passé 11 ans de sa vie sur les bancs d'école. Il a réussi son français. 
  • Le français de base devrait être acquis à la fin du secondaire. Si l'étudiant diplôme du secondaire, il devrait être admissible au Cégep technique et au Cégep préparatoire à l'université.
  • De par ma fonction, j'ai régulièrement à superviser des stagiaires. J'ai eu à faire du coaching de 2 personnes issues de l'immigration. Ces personnes travaillent actuellement (niveau technique), ou étaient sur le point de travailler au Québec (niveau professionnel spécialisé). L'une d'elles occupe un emploi technique et sa connaissance du français écrit et parlé ainsi que la compréhension étaient minimales. L'autre terminait une maîtrise dans une université québécoise sans être suffisamment francisée. Aucune des deux n'a eu a subir la même épreuve du français que les étudiants qui ont grandi au Québec. Ils pouvaient faire réviser leurs textes par des amis et utiliser les correcteurs de français intégrés aux logiciels, ou ajoutés à ceux-ci (ex. Antidote). Parce que ces personnes sont entrées par une autre porte, elles n'ont pas eu à démontrer leur connaissance de la langue, par un test équivalent en français (écrit, compréhension et analyse de texte et français parlé). Les équivalences de diplômes ne tiennent pas compte de la langue du candidat, mais de la spécialité ou de la formation dans un autre pays. Il est donc totalement injuste que pour le volet de la maîtrise du français, on discrimine nos propres citoyens de par la naissance. Je ne dis pas que ces personnes ne devraient pas être reçues. Au contraire, c'est le double standard qui est totalement injuste et peut-être même de ce fait, inconstitutionnel. D'ailleurs, cela explique probablement que l'on ait favorisé une certaine immigration francophone, au détriment d'autres cultures tout aussi, sinon parfois plus aptes à obtenir la citoyenneté. Il apparaît de plus en plus qu'avoir la langue, ne garantit en rien que les néo-canadiens et les candidats aiment la culture d'accueil.

vendredi 24 octobre 2014

Terrorisme : les modérés silencieux. Et le cas d'Asia Bibi

Une étudiante musulmane américaine se présente devant un panel de discussion sur le terrorisme et ce qu'il faut pour le contrer. 

Comme d'habitude, dans ce genre d'intervention, elle rappelle que la majorité des musulmans ne sont pas des radicaux. Ce à quoi elle reçoit une réponse qui fait référence. Dans toutes les cultures qui ont connu des périodes de violences idéologiques, ethniques, racistes ou autres violences du même genre ciblant volontairement des civils, la majorité de modérés silencieux n'ont jamais fait la différence. Il en a été ainsi pour le nazisme, pour les exécutions massives dans l'implantation du communisme, et ainsi de suite. Les musulmans modérés silencieux ne feront pas la différence, s'ils ne font pas connaître leur opposition, s'ils ne sortent pas en masse du placard.

RÉPONSE À UNE MUSULMANE MODÉRÉE

Brigitte GABRIEL est présidente-fondatrice et directrice générale de l'organisme ACTI for America. Elle co-animait une table de consultation et répondait à une question de Saba Ahmed, étudiante en droit. Source cnsnews.com (date non spécifiée).

Pensée : « La seule chose nécessaire au triomphe du mal est l'inaction des gens de bien » (The only thing necessary for the triumph of evil is for good men to do nothingEdmund Burke). 

Asia Bibi, accusée de blasphème au Pakistan,
condamnée à la peine de mort. Cause en ultime
appel en octobre 2014, après 2 condamnations
et 4 ans de prison dans une cellule exiguë.
Dans les situations de terrorisme et crimes de guerre, nous voudrions entendre la dénonciation véritable et le refus évident de la violence gratuite idéologique, comme lorsque un avion de civils a été abattu dans le conflit Russie contre Ukraine (Vol MH17). Sinon, il suffira dans un tel pays, d'une minorité de radicaux pour faire basculer les autres membres d'une communauté dans la violence (ou imposer le silence).
  • Par exemple, qui dans l'islam, élève sa voix contre les exécutions et les emprisonnements,
    Asia Bibi: un exemple de charia appliquée.
    comme celui de Asia Bibi (parmi des milliers d'autres)? Je l'avais oublié, cette femme pakistanaise, mère de 5 enfants, qui croupit depuis 4 ans dans une cellule de 1,5 m x 1,5 mètres. Son crime? Non-musulmane, elle a plongé son verre dans la même eau que des travailleuses musulmanes. En se défendant, en réponse aux accusations, elle a été accusée de blasphème. La sentence est extrême. Et si c'est la loi du pays, ce n'est donc pas une si petite minorité, vous ne croyez pas? Elle a des problèmes avec sa circulation sanguine en raison de l'exiguïté de sa cellule où elle est confinée. Elle craint de manger la nourriture que sa famille lui apporte, car elle sait que celle-ci pourrait être empoisonnée avant de lui être remise. Des hommes politiques (dont le gouverneur du Penjab Salman Taseer et le ministre des minorités Shahbaz Bhattqui) ont voulu prendre sa défense ou réformer la loi ont été assassinés. De surcroît, sa condamnation à mort a été confirmée en octobre 2014. Celle-ci a d'ailleurs ravivé le souvenir de son arrestation. Des cas aussi grave, ou plus encore, il y en a des milliers. Mais nous pouvons nous indigner contre celui-ci, qui sont vécus dans des pays où de telles lois applicables à tous serait, dit-on, le produit d'une infime «minorité».
  • Autre exemple: Quel tribunal islamique juge les crimes de guerre de l'islam? 
  • Et ainsi de suite.

Quand le multiculturalisme n'est plus compris comme la diversité dans UNE nation


Jeune adulte, je comprenais le multiculturalisme du Canada comme quelque chose de positif et dans un sens de merveilleux; un genre de wonderland à la Winnie The Poo, où le tigre et le cochonnet sont devenus amis. Une terre où le miel coule à flot non seulement pour le natif Winnie (comme dans Winnipeg), mais pour les néo-canadiens, grâce aux programmes sociaux, comme peu de pays en ont. Je percevais que cela voulait dire l'ouverture à l'autre, pour permettre à d'autres personnes en provenance d'autres cultures, de profiter eux aussi des avantages de la liberté de choix, de pensée et de religion, de prospérer, dans notre pays, en conservant ce qui est beau de leur culture, mais en formant UNE nation, UN pays dans lequel il a fallu des siècles pour parvenir à un équilibre fragile, petit à petit, pas à pas. Plusieurs y ont prospéré après leur arrivée. Mais il leur a fallu travailler fort. Aujourd'hui, en observant ce qui se passe depuis quelques années et en décomposant le mot (= multi + culturalisme; plusieurs cultures), je me rends compte qu'il est plutôt compris comme l'invitation à chacun, de conserver son mode de vie sans compromis: ses rivalités, ses conflits ethniques, son unilinguisme, voir même son animosité contre le pays d'accueil; bref, ce qu'il y a quelques décennies, était fui par ceux qui étaient heureux de faire partie du Canada et qui devenaient vraiment canadiens. On dit même, chez certains d'entre eux: «C'est vous, les Canadiens, qui êtes multiculturalistes, pas nous!». Nous répondons:  «pourquoi s'en faire; ce n'est qu'une minorité non représentative».

Résultat: dans 100 ans, ce ne sera plus un pays.

LIRE :

Pakistan: peine de mort confirmée pour Asia Bibi, Le Figaro, 16 octobre 2014.

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2014/10/16/97001-20141016FILWWW00172-pakistanpeine-de-mort-confirmee-pour-asia-bibi.php

Benoît RAYSKI. Vous vous souvenez d'Asia Bibi ? La condamnation à mort de cette Pakistanaise chrétienne pour avoir mal parlé de Mahomet a été confirmée. Atlantico. 22 octobre 2014.

Lire sur http://www.atlantico.fr/decryptage/souvenez-asia-bibi-condamnation-mort-cette-pakistanaise-chretienne-pour-avoir-mal-parle-mahomet-ete-confirmee-benoit-rayski-1818760.html#pu0BgGXD4Oa6Ju0Q.99

dimanche 12 octobre 2014

Le Québec et le virage de la vente au détail en ligne - Opinion d'un consommateur

12 oct. 2014 - De plus en plus d'argent est dépensé pour les achats en ligne au Québec; échappant souvent aux commerces locaux. Ma contribution par cette réflexion vise le POURQUOI, en tant que point de vue d'un client.


Le rendez-vous du commerce en ligne a été présenté le 8 octobre 2014 à Montréal. L'événement, organisé par le Conseil canadien du commerce de détail avait pour thème principal l’avenir du commerce de détail. La vente au détail (vente de produits) est en pleine transformation au Québec. (LaPresse/Les Affaires, 2 octobre 2014), échappant souvent aux commerces locaux de la province de QuébecLe rendez-vous du commerce en ligne était d'ailleurs animé par le président fondateur de eComMtl Stéphane Ricoul. 

Mon présent article ne vise pas à décrire le quoi, que je laisse aux spécialistes du commerce, de l'économie et du marketing. Mon intervention vise le POURQUOI, en tant que point de vue d'un client qui chemine sur la question. Ma conclusion est que les marchands qui manquent le virage vont voir leur part de marché décliner. 


Pourquoi un client comme moi ou mon fils échappent-ils parfois au détaillants locaux?


Je présente, par instinct, des avenues qui pourraient aider le commerce local; non pas uniquement ce qui est, mais ce qui pourrait être. Ce qui suit n'a pas de prétention scientifique. C'est une hypothèse de départ avec quelques conseils d'un père qui achète parfois en ligne et qui observe son fils, jeune adulte, qui le fait lui aussi. Deux générations, deux acheteurs en ligne, deux comportements.

Êtes-vous fous?


Je suis toujours surpris que plusieurs entreprises paient des milliers de dollars en publicité pour attirer quelques grappes de clients, mais que nombre d'entre elles font très peu pour être à l'écoute de ces mêmes clients engagés, autrement dit, pour garder les centaines ou les milliers qu'elles ont déjà; opération qui serait logiquement moins coûteuse. Par exemple, au lieu de cartes fidélité à 2%, plusieurs clients préféreraient probablement une baisse de prix de l'équivalent...

Pas de «prisonniers consommateurs»


La première réaction, pour protéger les achats locaux serait de penser à des surtaxes (barrières tarifaires, protectionnisme, élever des murs contre le libre marché). Mais ce serait une erreur de notre Gouvernement, car le client post-moderne est rebiffé par ces nouveaux «murs de Berlin» commerciaux et se rebellera contre la pratique. Que faire donc?


La vraie question de «l'infidélité» par de plus en plus de clients, c'est le «Pourquoi?»


Pourquoi un client va-t-il préférer faire venir un produit de 500 km, voire même 1000 km de distance, plutôt que de se rendre chez un revendeur local? Je tenterai quelques pistes par notre expérience familiale avec des clients de deux générations.

Voici quelques hypothèses à explorer.

mercredi 8 octobre 2014

Le Québec vers un autoritarisme politique ?

Les institutions privées en services de garde pour la petite enfance et en éducation sont de plus en plus perçues comme un dérangement. L'État veut contrôler tout le contenu éducatif.


Il s'en faudrait de très peu pour croire que le Québec est en marche vers un autoritarisme politique. Le contrôle est de plus en plus enveloppant sur l'éducation, de la garderie à l'université. Les institutions privées en services de garde pour la petite enfance et en éducation sont de plus en plus perçues comme un dérangement, comme si elles étaient le sable dans l'engrenage d'un plan en progression. Il est de moins en moins possible de pouvoir exprimer une opinion divergente. Le changement des partis au pouvoir ne change pas le plan. On appelle le point de vue de l'État et des médias, une certitude, moi j'appelle cela les derniers moments de la démocratie, placée sur respirateur. Quand les citoyens d'un État n'ont le droit de penser que dans leur chambre, cela ne s'appelle plus de la liberté.

Mon analyse de l'opposition incessante contre le réseau privé en éducation (et services de garde) et l'incessant débat contre les écoles privées, m'ont amené à conclure ceci:


Drapeau d'un Québec totalitaire. 
Fiction ou anticipation ? Crédits image :
Quand le Québec aura le monopole en éducation, de la garderie à l'université, tout sera en place pour un autoritarisme politique.

Drapeau d'un Québec totalitaire.
Fiction ou anticipation ? Crédits image :
YasPasdPRESSE.Blogspot.com

lundi 6 octobre 2014

Quelle part de familles de classe moyenne à l'école privée au Québec ?

Le taux de fréquentation des écoles privées par la classe moyenne pour la province de Québec


ERRATUM. Entre 2010 et 2014, j'ai véhiculé sur ce blogue un chiffre erroné sur le taux de fréquentation des écoles privées par la classe moyenne pour la province de Québec (1). Je tenais mes chiffres d'un article de 2010, d'un chroniqueur bien connu à Québec. Vérification faite avec deux études commanditées par la Fédération des établissements d'enseignement privés (FEEP), chiffres de 2005 et de 2013, je ne sais pas d'où provenaient les statistiques sur les revenus de la clientèle utilisées par le journaliste; peut-être des données régionales et non de l'ensemble de la province de Québec? Je dois donc corriger le tir en révisant à la baisse les chiffres diffusés précédemment. 

Malgré ce constat, nous sommes en mesure de voir que


  • Les classes moyenne et de revenu inférieur constituent encore une bonne part de la clientèle du réseau d'enseignement privé au Québec (± le tiers des familles clientes ou un peu moins). 
  • Mais nous apprenons aussi que leur proportion fond littéralement parmi la clientèle des instituts d'enseignement privés autonomes (chiffres des instituts privés membres de la FEEP), qu'on peut comparer, entre les études de 2005 et de 2013, en se servant d'un calculateur de l'inflation (hausse du coût de la vie au Canada) entre ces années. La classe moyenne combinée à la classe de revenu inférieure seraient passées de plus de la moitié des clients, à près du tiers en seulement 8 ans. Comme si cela était programmé par les coupes au privé, lentement mais sûrement... Work in progress!
NOTE : Aux fins des calculs basés sur le revenu familial, le RFB désigne le revenu familial brut (revenu annuel brut par ménage).

1.  Étude du CRIÉSÉ, 2013 (2)


Répartition des revenus selon l'étude de 2013: selon la plus récente étude, près du tiers des ménages (familles) clientes du réseau privé sont de la classe moyenne ou de revenu inférieur au Québec. C'est donc une partie importante de la clientèle.

Selon cette étude récente auprès des écoles membres de la FEEP, en 2013,
  • la clientèle du réseau privé appartenant à un ménage (famille) à faible revenu est celle dont le revenu familial brut (RFB) en avril et mai 2013 est de moins de 53,250 $.
  • Les ménages de la classe moyenne ont un RFB de 53,251 à 106,500 $. 
  • Les familles clientes considérées avec un revenu supérieur sont celles avec un RFB supérieur à 106,500$
  • Cependant, la classification du CRIÉSÉ (Université de Sherbrooke), ajustée pour la présentation des résultats dans le tableau de 2013, n'a pas suivi strictement ces seuils statistiques. Donc, considérant les catégories retenues; on constate quand même que 28% (ou 21% + 7%) de la clientèle du réseau privé d'enseignement membre de la FEEP, a un RFB inférieur à 100,000$ (avril / mai 2013). 
  • MAIS, tentons d'estimer la partie de la classe moyenne non distinguée des familles de RFB supérieur (106,501$ et plus) au Tableau 3 de la page 12 de l'étude. N'ayant pas accès aux données brutes, il faut pour cela considérer la tranche de revenu familial, entre 100,000$ et 106,500$, à fusionner avec la définition statistique de la classe moyenne retenue au départ pour l'étude (p. 3-4).  Comme il y a 5 tranches de 10,000$ pour 29 points de pourcentage dans la tranche 100,000 à 149,999$, il est logique de conclure ce qui suit. Près du tiers (1/3) de la clientèle des instituts d'enseignement privé membres de la FEEP, se situe dans les ménages de classe moyenne ou inférieure (soit 28% + une partie des 29 points actuellement fusionnée avec les seuils 100,000 à 149,999$). Bien qu'on ne puisse connaître le nombre exact de points en pourcentage (%) correspondant aux seuils 100,000-106,500$, on peut visualiser un ordre de grandeur: 28% + quelques points en pourcentage. Près du tiers (près de 1 famille sur 3) de ménages (familles) de classe moyenne ou de revenu inférieur composant la clientèle du réseau privé, constitue une estimation minimale tout à fait raisonnable en tenant compte des critères initiaux des seuils de définition des classes sociales (en dollars arrondis, faible revenu = moins de 53,250$; classe moyenne = 53,251 à 106,500 $, revenu supérieur = 106,501 et plus $, avec revenus des clients compilés en avril et mai 2013).
Dans les seuils retenus au Tableau 3 (2013), le seuil de «richesse» à 100,000$ et plus en revenu FAMILIAL (par ménage) relève davantage de l'arbitraire et de l'imaginaire québécois (une sorte de seuil psychologique plutôt qu'une mesure statistique et mathématique), (3). Mais il a été utilisé, «tenant compte de l’utilité du recours à la catégorisation de la variable revenu» (rapport du CRIÉSÉ, 2013) d'usage en statistiques au Canada.
Revenu familial brut des familles clientes des écoles privées du Québec membres de la FEEP, selon l'étude du CRIÉSÉ (Centre de recherche sur l'intervention éducative et socioéducative) de l'Université de Sherbrooke, réalisée en 2013 au Québec (revenus période avril / mai 2013).

2.  Étude de MASSÉ (2005) (4)


La précédente étude commanditée par la FEEP remontait à 2005 (8 ans avant celle de 2013).

Répartition des revenus selon l'étude de 2005


On constate que pour les revenus familiaux bruts (RFB) de 70,000$ et moins pour 2005, le réseau privé de l'époque comptait pour 37,5% de sa clientèle dans cette tranche de RFB. C'est près de 4 familles sur 10.

On peut estimer à l'aide d'un calculateur que la limite supérieure du revenu FAMILIAL de la classe moyenne en mai 2005 équivaut en tenant compte du coût de la vie, à un RFB de 93,004 $ CAD  en dollars équivalents de mai 2013 (basé sur une équivalence avec le RFB limite de la classe moyenne, mai 2013: 106,500 $ CAD ). Chiffres basé sur une inflation de 12,67% entre 2005 et 2013.


3.  Variation estimée en pourcentage de clientèle des classes moyenne et inférieure à l'école privée au Québec, mai 2005 à mai 2013


En prenant les paramètres suivants:
  • seuil supérieur du Revenu familial brut (RFB) de classe moyenne; soit le montant au-dessus duquel une famille est considérée de revenu supérieur dans l'étude pour 2013: 106,500$
  • ramené en dollars équivalents pour l'année 2005, d'après la hausse du coût de la vie; résultat estimé du seuil supérieur de la classe moyenne calculé en dollars équivalents de 2005 : 93,003.66 $ avec le calculateur de la Banque du Canada (basé sur l'indice des prix à la consommation -IPC- de biens et services de Statistique Canada)
  • hausse du coût de la vie, Canada, 2005 à 2013: 14,51% (source: calculateur Banque du Canada et IPC de Statistique Canada, paramètres appliqués par le calculateur, au 6 octobre 2014)
  • et en prenant dans le tableau de 2005, le seuil le plus rapproché du RFB de 93,004$ (valeur arrondie au dollar dans le tableau 2 ci-haut), 90,000$ pour 2005,  
On arrive à une représentation (proportion) des classes moyennes et de revenu inférieur, avec un ordre de grandeur d'un minimum de 52% de la clientèle du privé en 2005, couvrant les revenus par famille de moins de 30,000$ jusqu'à à 90,000$ : (14,19% + 17,25% + 13,94% + 6,34%) = 51,725 ou env. 52% (lignes 3, 4, 5 et 6 du tableau 2 de 2005). Retenons 1 famille sur 2 et on ne se trompe pas pour la proportion.
Calculateur de la Banque du Canada selon les chiffres que j'ai utilisés (coût de la vie augmenté de 14,51% entre 2005 et 2013).

En se servant des résultats ainsi calculés, tenant compte de l'inflation (dollars équivalents) pour estimer la part des familles de classe moyenne et inférieure, on arrive à la tendance suivante à la fin des années scolaires comparées (2005 vs 2013), l'année scolaire (de la maternelle au secondaire) se terminant en juin au Québec, donc tout près de la dates des enquêtes statistiques:

Estimation de l'évolution de la portion des familles de la classe moyenne et inférieure, clientes du réseau d'enseignement privé 
(réf. instituts d'enseignement privés, membres de la FEEP)

  • 2005 : un minimum estimé à 52% (globalement la moitié de la clientèle ou 1 famille sur 2)
  • 2013 : un minimum de 28% auquel il faut cependant ajouter quelques points pour couvrir les familles avec un revenu compris entre 100,000 et 106,500$, donc près du tiers (1 famille sur 3). Sans connaître les chiffres exacts pour cette tranche, car nous n'avons pas accès dans le rapport aux données non catégorisées, on peut toute de même conclure sans trop se tromper, que près du tiers de familles  de la classe moyenne (53,251 à 106,500 $) et de revenu inférieur (0$ à 49,999$) combinés  composent la clientèle des écoles privées du réseau de la FEEP  (voir calcul d'un ordre de grandeur au point 3 basés sur le tableau 3, données d'avril et mai 2013). Il faut en effet tenir compte de la tranche de RFB entre 100,000$ et 106,500$ de RFB, car le véritable revenu  par logement en 2013 (retenu initialement aux fins de l'étude) pour la classe moyenne est 53,251 à 106,500 $, et non pas 50,000$ à 99,999$ (catégorie retenue aux fins de la présentation au tableau). 
  • Il s'agit d'une chute importante de la représentation des classes moyenne et inférieure en seulement 8 ans, soit une clientèle qui est passée de la moitié des familles (1 sur 2) à à peine le tiers

C'est donc une baisse importante en seulement 8 ans qui indique que la classe moyenne jumelée à celle de revenu inférieur sont de moins en moins représentées dans le réseau d'enseignement privé.

Nous assistons donc à une dégradation de la démocratisation de l'enseignement privé, laquelle étrangement, amène un plus grand poids financier pour l'État pour soutenir 100% des coûts de la clientèle du réseau public. Si cela peut constituer un avantage pour les commissions scolaires (lorsque la capacité d'accueil est présente) et syndicats (cotisations des syndiqués), il s'agit d'une dépense additionnelle pour la province de Québec (donc pour l'ensemble des contribuables québécois). Car lorsqu'une famille de classe moyenne ou de revenu inférieur choisit le réseau d'enseignement public (maternelle au secondaire) faute de revenus suffisants pour le privé, elle n'injecte pas d'argent nouveau dans le réseau de l'éducation du Québec. Car elle paie déjà ses taxes, impôts et taxes scolaires. Le Gouvernement du Québec, doit quant à lui compenser la commission scolaire à laquelle se joint un enfant qui s'inscrit au public. Et d'où proviendra le manque à gagner entre le soutien d'un enfant au public versus ce même enfant au privé? De nouvelles taxes et impôts, sinon de l'augmentation de la dette de la province (5).


4.  Conclusion : Nous assistons donc à une dégradation de la démocratisation de l'accès à l'enseignement privé et la social-démocratie du Québec ressemble de plus en plus à un socialisme occidental émergent, limitant de plus en plus les options et choix des citoyens. 


Sans connaître le pourcentage précis de familles de la classe moyenne entre 100,000$ et le seuil supérieur de cette classe, 106,500$ du classement (tableau) retenu par le CRIÉSÉ (Université de Sherbrooke, 2013), on peut quand même dégager une tendance. La classe moyenne et celle de revenu inférieur fondent littéralement en tant que clientèle du réseau privé, passant de une personne sur deux de la clientèle en 2005, pour chuter à peine au maximum de représentation de une personne sur trois en 2013; baisse importante en seulement 8 ans (6). 

Difficile de ne pas penser que c'est exactement ce que certains hauts-fonctionnaires de l'ombre, ainsi que les commissions scolaires et les syndicats réclament. Et que les gouvernements semblent leur accorder, non pas pour des économies (inexistantes car les coûts seront plus importants pour l'État québécois si d'autres familles quittent le réseau privé annulant leur investissement annuel dans le réseau), mais par principe idéologique

On pourrait croire sans effort, que la social-démocratie du Québec ressemble de plus en plus à un socialisme occidental émergent, limitant de plus en plus les options et choix des citoyens. Il n'en faudrait pas beaucoup pour croire que nous sommes en train de migrer depuis la forme démocratique d'un État au service du peuple (l'État pour le bien-être du peuple), vers la forme un peuple au service (existant pour) l'État

Serions-nous dans un socialisme émergent, dans lequel le peuple ne sert qu'à soutenir l'État, son idéologie, ses valeurs, en se faisant confisquer ses libertés de choix et son argent. Au 20e siècle, les idéologies semblables ont amené la disparition de la classe moyenne avant que l'économie de ces pays implose (s'effondre sur elle-même). Celles qui semblent tenir encore, n'ont d'apparentes richesses que près des grands hôtels touristiques. Mais dès que vous vous en éloignez, c'est la misère partagée (ex. Cuba en possible rapprochement avec les États-Unis).

LIRE AUSSI : 

Éducation Québec : Pourquoi financer l'école privée? QUIZ vidéo de la FEEP (4 octobre 2014)


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1.  Les deux tiers avaient un revenu familial inférieur à 80,000$; 4 sur 10 avaient même un revenu familial de moins de 60,000$. Source: Jean-Jacques Samson, Journal de Québec, 13 juillet 2010.
(je n'ai pu déterminer d'où provenaient les chiffres du journaliste; peut-être une statistique de la région de la Capitale, plutôt que provinciale).

2.  François LAROSE et autres. Profil socioéconomique et attentes technologiques des parents d’élèves du réseau des établissements d’enseignement privé du Québec. CRIÉSÉ (Centre de recherche sur l'intervention éducative et socioéducative) Sherbrooke, 6 décembre 2013.

3.  En effet, un revenu familial brut (RFB) de 100,000$ en 2013, n'a plus rien à voir avec 100,000 dollars en 2000, par exemple. Ainsi, un revenu familial brut de 100,000$ en 2013 équivaudrait à un RFB de 77,742$ en 2000 (au dollar arrondi), en considérant l'inflation (hausse du coût de la vie, en produits et services) selon la feuille de calcul (calculateur) de la Banque du Canada. 


5. Il n'en faudrait pas beaucoup plus pour oser penser que l'État veut contrôler tout ce qui touche à l'éducation des enfants, comme dans les anciens prolétariats où l'État prenait en charge les enfants du peuple, dès la petite enfance et les enseignait, mais en retour, ces enfants et leurs familles lui étaient redevables en pensée et en action.

6.  Il resterait toutefois à mon avis, un biais possible à vérifier, concernant la compréhension des répondants, particulièrement de la dernière enquête, auprès des clients des écoles privées membres de la FEEP. Les parents répondants ont-il bien saisi la notion de revenu par ménage, dans le contexte où il y a de plus en plus de familles éclatées (divorces ou séparations et familles monoparentales ou reconstituées). Comment, en tel cas, les personnes analysent-t-elles leurs revenus familial ou par ménage, selon le cas? Par exemple, une mère seule qui reçoit une allocation payée par l'ex-conjoint, calcule-t-elle son revenu seul (revenu personnel + allocation) ou autrement (somme des deux parents + allocation du conjoint pour enfant)? Si c'est le cas, des familles de la classe moyenne seraient considérées comme ayant un revenu supérieur à la classe moyenne. Par exemple, l'allocation pour l'enfant pourraient être comptée 2 fois: déjà comprise dans le revenu du père avant d'être une dépense et comme revenu pour la mère... En tout cas, il faudrait fouiller un peu plus cet aspect de l'interprétation du RFB pour des parents séparés ou divorcés, parent monoparental et famille reconstituée, revenu pris en compte en cas de garde partagée, ... et cela, au-delà de cette seule enquête. Quand calcule-t-on, ou non les revenus des deux parents? Ce n'est peut-être pas clair pour tous les répondants à ce genre d'enquête.

samedi 4 octobre 2014

Éducation Québec : Pourquoi subventionner l'école privée? QUIZ vidéo de la FEEP

La Fédération des établissements d'enseignement privés (FEEP)  au Québec présente une courte vidéo au contenu simplifié pour expliquer en quelques mots et images la situation du financement du réseau scolaire privé, particulier au Québec. La vidéo «QUIZ pourquoi financer l'école privée» est bien faite et d'écoute facile. Je commente par la suite ce qui pourrait être perçu comme des mensonges.



L'argumentaire de la FEEP étant très simplifié pour le besoin, certains pourraient croire que les chiffres sont falsifiés

Voici le fruit de mes recherches, réflexions et contacts avec le réseau privé
(dernière mise à jour: lundi 6 octobre 2014)

D'où vient que l'élève au privé ne coûterait que 38% du support de l'État au public, si l'État finance un élève du privé à 60% de la subvention du public ?