dimanche 13 septembre 2015

Migrants: le père d'Aylan pilote du bateau selon une passagère?

ARTICLE ENTIÈREMENT REVU ET RÉPONSE AUX CONTRE-RUMEURS (mise à jour: 2015-09-19)


Zainab ABBAS était de l'expédition surchargée qui a chaviré. Selon son témoignage, Abdullah (le père de la jeune victime Aylan) agissait comme le pilote (capitaine) du bateau et il avait sa propre famille comme passagers


Bon, si le terme «passeur» était peut-être inappropriée, disons... un possible pilote de l'embarcation. Voici l'histoire. Et nous verrons certaines différences de fond, entre la photo de la jeune Vietnamienne brûlée lors d'un bombardement au napalm qui avait fait le tour du monde et celle d'Aylan.

Zainab a affirmé via une interprète du réseau Ten (canal 10 Australie) que Abdallah agissait comme passeur d'un bateau en surcharge piloté par lui (News 12 sept. 2015). Crédits photo : Ten (Channel 10, Australia, lecteur verrouillé) via TheRebel.tv sur Youtube (12 septembre 2015: youtu.be/ni3al6ONqds, lien consulté le 13 septembre)



AVERTISSEMENT:

Selon le journal Libération.fr s'appuyant sur Valeurs Actuelles (17 septembre 2015) il s'agirait encore là (thèse du passeur) d'une fausse information (fausse nouvelle). Avouons que cela crée une convergence de beaucoup de «fausses» informations. Disons que l'éléphant dans le placard devient de plus en plus gros. La porte est arquée!

DÉSINTOX DE LA PSEUDO-DÉSINTOX : L'argument à l'effet que le 10,000$ pour passer illégalement en Europe n'ai pas été remis à Abdullah, père d'Aylan, mais à un autre homme n'a pas de quoi à fairese dégonfler l'information.

  • Les faits sont bien expliqués dans le reportage de Ten (média australien): le père est accusé par une passagère d'avoir agi comme pilote du bateau, donc comme un potentiel allié du passeur. Elle dit qu'il a menti aux médias. Aussi qu'il conduisait trop vite, dans les conditions. Le collecteur d'argent (10,000 dollars US), pour rassurer la femme qui témoigne à Channel 10 (Australie), lui avait au préalable dit que le capitaine du bateau serait un dénommé Abdullah qui ferait le passage avec ses deux enfants et sa femme. C'est très clair dans le reportage. Les probabilités qu'on ait affaire au même Abdullah sont plutôt dérangeantes... Ce dernier a, après le drame, déclaré avoir payé son voyage 4,000 euros (Wall Street Journal, 3 sept. 2015), soit moins de 5,000 dollars US, donc bien en deça des 10,000$ US que la femme affirme avoir quant à elle déboursés, pour le même trajet. Se peut-il, à tout le moins, que le père de famille ait négocié une ristourne en échange de sa participation active dans le passage? Cela soulèverait aussi la question suivante : s'il a piloté le bateau, comme Zainab le prétend, avait-il les compétences pour une telle embarcation avec passagers? 
  • En réponse au journal, Zainab ABBAS qui a témoigné à Ten, s'est quand même retrouvée sur le bateau et a entendu (lorsqu'elle négociait son passage) les informations sur la présence du capitaine (ou plutôt devrait-on traduire pilote) et sa famille, lesquelles informations, avaient pour but de la rassurer sur la sécurité du passage. L'argument étant que le fait qu'un dénommé Abdullah transporte sa propre famille (1 femme et 2 enfants), devait constituer un gage de sécurité. Contrairement aux journalistes, elle détient potentiellement des détails de première main.
  • Ajoutez à cela le fait que le père aurait donné des témoignages contradictoires de l'issue tragique de son aventure (Wall Street Journal repris par TheRebel). Dans l'une, le père est secouru en mer pas la garde côtière. Dans l'autre, il nage jusqu'à la rive et marche jusqu'à l'hôpital.
Abdullah, le père «...gave different accounts of what happened next. In one interview, he said he swam ashore and walked to the hospital. In another, he said he was rescued by the coast guard(Wall Street Journal, 3 septembre 2015)
  • La tante d'Aylan (et de son frère G_ _ _ _) confirme que la famille de 4 personnes n'avait pas déposé de demandes pour immigrer au Canada, contrairement à une rumeur qui a fait dévier les enjeux électoraux au Canada. Le parti Conservateur dirigé par Stephen HARPER devenait, selon cette thèse, le responsable de la mort d'Aylan et presque toute sa famille immédiate. Selon certaines versions, la famille était déjà reçue en Syrie et tentait de migrer en Europe pour des raisons économiques (pour améliorer leurs conditions économiques) et non plus parce que leur vie était menacée. Oubliez le titre un peu simpliste, quoique l'information est attestée par la tante, et concentrez-vous sur l'ensemble de ce qu'elle dit : VIDÉO Youtube
  • S'il n'y a pas eu récupération (faire mousser la nouvelle) par les médias, pourquoi le journal Libération se sentait-il obligé de se justifier, le 3 septembre 2015, du fait qu'il n'avait pas diffusé la photo d'Aylan «Kurdi» qui est en réalité Aylan Shenu (alors que beaucoup d'autres médias l'avaient fait)? Comme écrit dans un précédent article sur le présent blogue: «C'est assez surréaliste cette défense, comme si tous les médias devaient reprendre les mêmes images, aux mêmes dates, avec les mêmes angles de l'information...» 



  • Ajoutez ce fait de l'erreur sur le nom de famille de l'enfant et cela commence à faire beaucoup de fausses informations ou erreurs. Comme quoi, la nouvelle aurait démarré en course d'accélération, quand le feu de signalisation était encore au rouge et depuis ce temps, la presse internationale semble embourbée dans un impossible rattrapage, ou pour d'autres, en damage control


  • Et que dire du frère d'Aylan tout autant victime de ce naufrage? Il est demeuré un anonyme pour la majorité du monde. 
    Le corps du frère d'Aylan, G_ _ _ _,  est demeuré un produit sans nom. Le fait qu'il ait été trouvé plus tard, ne justifie pas que la presse mondiale s'en soit rapidement désintéressée. Un choix éditorial a été fait consciemment; clientéliste ou idéologique ou les deux? En tout cas,  convergence du choix des images.
    Le frère aîné d'Aylan, nommé G _ _ _ _ (je ne dis pas son nom et vous comprendrez pourquoi dans la suite de l'article),  lui aussi noyé, est demeuré anonyme; un produit «sans nom» ou générique qui n'a pas pu retenir l'attention une journée. La bonne première impression ne peut se faire qu'une fois...
    Ci-dessous, deux versions d'une même photo d'Aylan, dont l'une avec la présence de pêcheurs en arrière-plan nous confirme tout de même qu'il y a eu recadrage pour mieux influencer... (photo tirée de francetvinfo, 3 sept. 2015).
    Photo d'Aylan, vue sous un autre angle.


Corps du jeune Aylan Shene (et non à tort, Aylan Kurdi) dans la vue recadrée


Au sujet de la surmultiplication des erreurs ou fausses nouvelles (ex. sur le nom d'Aylan SHENU et non pas Kurdi) et sur le sens sociopolitique à leur donner, VOIR:
Idéologies et guerre des images: les médias traditionnels ont-ils créé un monstre? (Jeudi, 10 sept. 2015)
http://yapasdpresse.blogspot.ca/2015/09/ideologies-et-guerre-des-images-les.html


Malgré le présent argumentaire, il ne s'agit pas de s'opposer à l'accueil de tout réfugié ou des immigrants, mais de deux choses:

  1. dénoncer ce qui a les allures d'une opération marketing malhonnête dans laquelle les médias nous ont plongés, voire manipulés à des fins politiques
  2. et dénoncer le détournement en cours. Un effet pervers est qu'au lieu d'accueillir les véritables minorités de Syrie, chrétiennes et yésidies fragilisées dans cette Syrie majoritairement musulmane en ébullition (chiites et sunnites, des musulmans opposés entre eux et pire le génocide que leur fait subir l'État islamique). Étrange en effet que l'on veuille imposer en priorité à l'Occident d'accueillir ceux qui, maintenant en guerre civile, ne constituaient pas des minorités en Syrie, même avant la guerre civile; plutôt que de logiquement recevoir ceux que cible en prédateur, l'État islamique (EI; voir ceci sur l'hypocrisie des médias occidentaux, 5 sept. 2015). Et dans les lignes de migrants, on voit au fil des jours, un nombre croissant de jeunes hommes en bonne santé, sans enfants et en âge de défendre leur peuple. Ils ont le poing levé, prêts à affronter les forces de l'ordre en Occident, mais pas pour combattre les adversaires de leur pays... Et il en sortirait bientôt des millions, comme cela. Quelque chose sonne faux dans ce cortège, où des hommes célibataires en santé en âge de combattre, prennent la place des familles déplacées aux portes des pays d'Europe. En effet, plusieurs hommes en bonne santé, particulièrement revendicateurs, sont apparus dans les files de «réfugiés» ce qui fait énormément douter des raisons réelles de leur migration en nombre croissant (opportunisme économique?). Ils ressemblent en tout, à des individus qui profiteraient de la migration des déplacés pour voler la place des véritables réfugiés et des véritables minorités.



RETOUR À L'ARTICLE

L'expédition coûteuse était supposée assurer la sécurité pour quitter la Turquie (version de migration économique me basant sur le témoignage de la tante, Tima), mais il n'y avait pas de gilets de sauvetage pour tous les passagers qui étaient en surnombre. Selon Zainab ABBAS, l'accusatrice d'Abdullah devant le média australien, le père serait un menteur qui blâmerait les autres pour ses propres choix. Les déclarations ont été publiées via Ten ou Channel 10 et reprise par Rebel.TV. Le reportage qui suit est en anglais, parce que le Québec ne relaiera pas cette nouvelle (à moins que tous les autres médias le fassent).


Vidéo Youtube : Kurdi's father accused of being a "stoned" people-smuggler (12 septembre 2015)

(Source Channel 10, eyewitness NEWS, tenplay.com.au)

En fait, si l'on se colle strictement au récit, Abdullah aurait agi comme pilote du bateau de passagers, non en tant que passeur.




(...)

Deux impacts possibles


  1. Si les déclarations constituent une accusation infondée, la popularité d'une fausse nouvelle de plus, témoignerait  encore une fois de la perte de confiance des divers groupes envers les médias traditionnels pour recevoir les informations. Si les médias traditionnels n'avaient pas renié leur premier mandat (informer objectivement et séparer clairement la nouvelle de l'édito au cours des dernières décennies), la moindre rumeur sur les grands événements ne recevrait pas tant d'écoute.
  2. Mais si le témoignage s'avère confirmé, nous sommes véritablement en face d'une crise des images et d'une crise d'éthique médiatique, dans laquelle les médias sacrifient leur identité. Par exemple, nous avons vu que Libération.fr avait cru important de devoir s'excuser, dès le 3 septembre, et ce, bien que le quotidien ait publié des articles et même des photos de naufragés, durant les jours et semaines qui ont précédé. 

Sur la comparaison de la photo d'Aylan avec celle de la jeune Vietnamienne


Pour se justifier, la presse internationale et les médias traditionnels comparent la photo d'Aylan avec celle de la jeune Vietnamienne dans un recadrage créé ci-dessous aux fins du présent article. Une telle pression sur l'opinion qui serait soudain tournée en erreur de jugement de la communauté médiatique confirmerait la nécessité de mettre «en quarantaine« (en attente) les clichés qui nécessitent une interprétation.

En réponse à ceci, on a beaucoup comparé la photo d'Aylan à celle de la jeune vietnamienne brûlée au napalm, qui courait nue sur un chemin de campagne fuyant son village bombardé. Sauf que voici la différence: La photo de la jeune Kim Phuc n'était pas sujette à interprétation (photo ci-dessous retouchée pour masquer sa nudité).

Photo ici recadrée pour masquer la nudité totale de la victime, la jeune Kim PHUC. L'image originale avait fait le tour du monde devenant un symbole de la guerre du Vietnam et des revendications pour mettre fin au conflit. Crédits photo : Nick Ut / Canapress Tous droits réservés.






La photo de la jeune Kim était prise durant le déroulement des faits, on voyait d'autres enfants en fuite et des soldats, ainsi qu'un incendie en arrière-plan. Surtout, Kim pouvait témoigner elle-même de sa propre histoire, sans le filtre politique ou médiatique.


Kim PHUC, devenue citoyenne canadienne. Non, le Canada n'est pas fermé aux vrais réfugiés, ni aux immigrants économiques qui suivent les règles. Le pays accueille au-delà de 200,000 résidents nés à l'étranger, chaque année. Les personnes nées à l'étranger constituaient au recensement de 2011, un cinquième (1 sur 5) ou 20% de la population vivant au Canada (Source : Statistique Canada, données du Recensement de 2011, source consultée le 13 septembre 2015).


Alors qu'avec la photo d'Aylan, nous voyons un bambin échoué sur une plage de Turquie et une histoire bourrée de contradictions se résumant à une question à deux volets: étaient-ils des migrants économiques déjà sécurisés (donc illégaux voulant contourner les règles) OU des réfugiés d'une minorité en danger en attente d'une terre d'accueil? 

  • Selon certains médias, la famille d'Abdullah était reçue et en sécurité en Turquie depuis trois ans. D'autres disent qu'ils quittaient la Syrie...
  • Plus encore, même la tante d'Aylan et soeur d'Abdullah, Tima, confirmait en entrevue sur un réseau anglophone, que le père n'avait pas déposé de demande pour émigrer au Canada (contrairement aux informations diffusées au Canada dès le début de cette affaire devenue enjeu électoral, accusations non fondées que l'on dit issues d'un député du NPD). Une possible demande d'un oncle ne concernait pas la famille d'Abdullah. Tima parle d'un besoin d'améliorer leurs conditions économiques (donc, thèse de migrants déjà sécurisés, mais voulant passer en Europe) et potentiellement plus tard, déposer une demande officielle pour le Canada qui a une excellente réputation.
  • Le père est devenu seul survivant de la famille de quatre, après l'expédition ratée. Mais serait-il possible qu'en plus de tenter de migrer illégalement en Europe, il soit devenu lui-même un «entrepreneur» de la mort en devenant l'allié d'un passeur? Le cas échéant, et s'il était démontré qu'il pilotait effectivement le bateau de passagers illégaux, avait-il les compétences pour cette responsabilité, ou aurait-il simplement cherché, sans égard à ses capacités, à tout faire pour accélérer et minimiser les coûts de son passage? 
  • Quand on fait les calculs, cela pourrait ressembler à un scénario possible. Son accusatrice au canal Ten (Australie) affirme avoir déboursé 10,000$ US pour le passage «sécuritaire» où selon son passeur, un dénommé Abdullah devait piloter l'embarcation, avec à son bord, ses deux enfants et sa femme. Abdullah, père d'Aylan, a déclaré au Wall Street Journal, avoir payé leur passage 4,000 euros (donc moins de 5,000$ US en septembre 2015); grossièrement la moitié de la dame). Pourquoi une telle différence entre les deux familles pour la même traversée? Un service rendu?
  • Pourquoi les versions contradictoires d'Abdullah, notamment sur l'issue du drame (garde côtière vs sauvé par ses propres moyens)?
  • ou de leur point de départ vs arrivée?  
  • ou sur le nombre de gilets de sauvetage disponibles?

Quelque chose ne va pas


L'homme doit être à nouveau interrogé par des autorités si cela n'est déjà fait. Et les médias traditionnels ont un devoir moral et professionnel d'investiguer le tout de façon objective et incontestable et de bien informer, s'ils veulent sauver le peu de confiance que les citoyens de toutes allégeances et idéologies leur attribuent encore. Il est clair qu'ici, ils ont échoué. Les citoyens des pays hôtes ont vu l'hameçon, trop vite appâtée.

Une affaire à suivre pour tout média qui se respecte et qui a contribué au mythe.

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1.   Kim PHUC  est maintenant citoyenne canadienne. Elle a créé la fondation Kim Phuc Fondation International (kimfoundation.com) pour supporter les enfants victimes de la guerre. Elle vit au Canada et s'est réconciliée avec le pilote qui a bombardé son village.