mardi 17 mai 2016

UBER: le Parti Libéral du Québec n'a pas compris l'enjeu beaucoup plus large des monopoles

Le Parti Libéral du Québec (PLQ) a acheté la paix avec la moitié dissidente de sa base et s'est assuré la soumission des Jeunes libéraux, suite à la division du vote du 14 mai 2016 sur le controversé projet de LOI 100 sur l'industrie du taxi au Québec. Ce vote se tenait lors du Congrès général du PLQ.


Dernières modification : 2016-05-21, 2016-09-19

Pourtant, les Québécois ne demandent pas de faire mourir des entreprises qui ont suivi des règles d'une époque différente et qui vieillissent mal, mais de préparer la transition ou de permettre la diversité.  La clientèle, par exemple, qui va recourir à UBER, ne prendrait pas nécessairement un taxi conventionnel. Elle recherche une expérience différente. Imposer un modèle unique, c'est comme dire que tous les restaurants devraient faire partie d'un modèle unique. En réalité, il faut par exemple, limiter le nombre de normes à l'essentiel. Un bon point de départ serait de réduire les prix immoraux proches du pizzo mafieux pour les permis d'opérations (quand l'État complexifie au lieu de faciliter l'entrepreneuriat).

En réduisant le problème aux nouvelles technologies et à l'économie du partage tel qu'il a été exprimé à la sortie de son congrès tenu les 14 et 15 mai 2016, le PLQ démontre qu'il saisit mal les enjeux; la vue d'ensemble

En promettant un chantier sur l'économie de partage pour sauver la face, le PLQ 


  1.  sauve la face, peut-être, mais en apparence et temporairement. 
  2.  démontre qu'il n'a rien compris (ou qu'il fait semblant de ne pas comprendre)
Le véritable problème n'est pas la barrière des normes pour éviter de tuer nos industries (ex. se conformer à la taxation, à un nombre minimal de normes, attestations et droits), car il est possible pour UBER de se conformer à certaines règles compréhensibles ET de changer les choses progressivement ou rapidement, selon le cas. Le véritable problème est le nombre de monopoles et la complexité administrative en découlant. Par exemple, il y une différence entre un permis et un permis au prix exorbitant sur lequel s'opère une spéculation et qui peut vite étrangler ceux qui veulent travailler. L'avenir serait peut-être un droit annuel raisonnable (ex. 1000$ en un paiement unique annuel ou 100$ mensuellement pour 12 versements par année).

Le problème est donc beaucoup plus large que la technologie


Le problème est beaucoup plus large que la technologie et que l'économie de partage; il est structurel. Le discours pro-UBER contient aussi du faux; notamment le réduire à une simple application OU à du covoiturage. Le client reçoit véritablement un service. Le conducteur fait vraiment un travail autonome, sous forme d'un service.

Le transporteur et ses passagers ne sont pas dans une relation de covoiturage; ne soyons pas naïfs. Une fois ceci dit, il faut ensuite reconnaître que nous avons fonctionné d'une manière et celle-ci a démontré des faiblesses en rigidifiant l'Économie du Québec. En s'accrochant aux méthodes de contrôle de gestion de l'offre sur le déclin, le Québec est comme une femme moche avec des poils de barbe non épilés, espérant que le beau gars va l'inviter à danser...; comprendre: notre rigidité espérant attirer les investissements et l'entrepreneuriat. Et notre phobie des billets de 50$ et 100$... 

Et même des pas faits en ce sens, il faudra prévoir ensuite ajuster. Nous sommes en train d'explorer des changements, dans lesquels il faut protéger nos industries, sans se scléroser et sans étouffer les entrepreneurs, majoritairement des travailleurs autonomes, qui veulent se lever et construire leur propre horaire de travail.

Pour se sortir de l'impasse de la fin de semaine (vote du 14 mai 2016), le PLQ a sorti d'un sac une promesse. Une possible «coquille vide», parce qu'un chantier sur l'économie de partage, ça peut vouloir dire à peu près n'importe quoi et rien; mais aussi cacher un contenu creux pour endormir les gens avec des concepts comme des coops complexes ou d'autres moyens de calmer le jeu par le discours et les pseudo-consensus. Pour le gouvernement, partage peut aussi rimer avec taxes. Dans ces exercices de réflexion et de consultation dits consensuels à la mode de chez nous, il suffit par exemple de comptabiliser les rapports favorables et regrouper les autres, traités derrière les portes closes (délibérations secrètes ou non formelles), comme non recevables, car n'allant pas dans le sens du consensus désiré. Et si l'opinion publique ne suit toujours pas, on embauche des spécialistes pour une étude qui doit conclure et éduquer les gens sur le fait que la position gouvernementale est la bonne (1).

C'est que les politiciens expérimentés sont férus des sens multiples des mots, autant que le futé Tracassin dans Shrek 4 : Il était une fin.

Le rusé Tracassin, dans Shrek 4: Il était une fin. Ce dernier fait signer des contrats aux clauses truquées. Les personnes séduites entendent ce qu'elles veulent entendre et paient fort le prix du manque de prudence, car il est difficile d'en sortir, après avoir signé. Il y a trop de Tracassin dans la politique actuelle.

Richard Martineau. Jeunes libéraux, bravo ! Journal de Montréal, 16 mai 2016.

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1.     Lors du prétendu «consensus» idéologique sur l'euthanasie et la mort assistée, un classement a démontré que la majorité des rapports déposés était plutôt méfiants à l'égard de l'emphase de la consultation sur l' «aide médicale à mourir» (l'ultime «soin» provoquant la mort) et ouverts sur une approche d'accompagnement plus humaine, favorisant un réel système de soins palliatifs. Les recommandations de la commission sont allées dans le sens de favoriser la première, après avoir embauché une firme pour faire confirmer la position dite «consensuelle» qui ne l'était pas dans les faits.