vendredi 25 novembre 2016

L'élection U.S. 2016 nous a appris une chose ou deux sur la nouvelle démocratie

Les élections pour la Présidentielle des États-Unis en 2016 nous ont appris une chose ou deux... Pour une certaine élite ou non, la démocratie est bonne seulement si elle fait élire un candidat favori de la majorité des médias. Sinon c'est le déferlement et la diffamation. 



Au Québec, on a dénoncé à grand bruit le projet de mur de Trump entre les États-Unis et le Mexique (en réalité une frontière renforcée physiquement ou technologiquement) de Trump. Mais nos médias francos élèvent un mur de l'information, souvent avec la complicité du CRTC qui nous bloque l'accès au contenu étranger.

(dernières modifications: 27 novembre 2016, 12 décembre 2016, 30 décembre 2016, 11 janvier 2017)


Le mur de Trump et le mur des médias: Retour sur la position de la presse écrite américaine durant la Présidentielle américaine 2016


Les statistiques ci-dessous montrent les positions (sinon l'absence de recommandation) des 348 plus grands journaux américains. Y sont comparés la position politique exposée en fonction du candidat appuyé ou non ou de leur neutralité. Si l'on cumule les journaux qui recommandaient de voter pour Hillary Clinton ou de ne pas voter pour Donald Trump, nous avons 77%. Ce pourcentage s'élèvent à 83% si on ajoute la recommandation de voter pour un autre candidat. Cela représente clairement 8 journaux sur 10.  Seulement 15% des 348 plus grands journaux n'ont pas pris position et 2% ont recommandé Trump, alors que la moitié des électeurs ont voté pour lui. Conclusion: Les journaux sont CLAIREMENT décalés par rapport à la population.

Soutien offciel des 348 plus grands journaux américains en 2016. Crédits : Olivier Berruyer, Les-Crises.fr (14 nov. 2016) 



Le message envoyé par le décalage avec la volonté des électeurs  


On observe un réel décalage entre la position des électeurs (env. la moitié) et l'appui des journaux envers Trump (2%). En bref,

  • 83% des journaux ont pris ouvertement position pour Hillary ou pour un autre candidat ou contre Trump
  • Alors que près de la moitié des électeurs ont voté Trump, la presse écrite appuyait Trump à 2%.
  • Et l'homme a gagné quand même, y inclus contre des candidats de qualité, beaucoup plus favoris du parti Républicain, mais qui n'ont pas su parler aux Américains ou «adresser» (traiter) les questions qui sont jugées importantes par le peuple. 


Le message envoyé par ce décalage d'une certaine élite médiatique, avec un appui à 2% contre en gros la moitié des électeurs, est que le peuple qui ne vote pas avec les médias serait con et ne mériterait pas le droit de vote. Je reformule: la démocratie populaire n'a pas de réelle importance pour une grande part de l'élite médiatique. De là à fabriquer l'information ou à la transformer, il y a un pas et il est déjà franchi. C'est en partie la raison du déclin de la confiance dans les grands médias.


Un constat politique sur la course américaine de 2016


J'ai suivi la course et écouté des extraits des discours de Trump via les médias américains. Quand je prenais les reformulations de ses déclarations au Québec francophone, c'était comme une autre course à la présidence (une autre année électorale). De ce côté-ci du mur médiatique, on ne véhiculait pas la même course électorale. Pire, les reformulations en français étaient ensuite reprises par des mots amplifiés.

Par exemple,

  • Chaque accusation OU rumeur (accusation soulevée sans rapport policier) sur Trump devenait une «vérité» médiatique.
  • Si Trump  déclarait qu'il faut faire cesser l'immigration illégale en provenance du Mexique, il devenait un sale raciste. Pourtant, il existe un mécanisme pour immigrer ou travailler aux États-Unis, tout comme au Canada, qui ne prévoit pas de passer sous les clôtures, de traverser les brèches ou d'escalader les murs de palplanches. On répondait que probablement des illégaux ont travaillé pour Trump. Peut-être, comme pour les financiers Démocrates aussi, mais là n'est pas la question. La question est justement de corriger une situation.
  • Quand, face au résultat de l'élection le président du Mexique a voulu faire la leçon au nouveau président élu en offrant sa protection aux illégaux aux États-Unis, le clan journalistique a majoritairement repris en chœur son refrain, évitant de souligner une évidence: l'immigration massive se fait dans une seule direction. Les Mexicains fuient massivement leur pays corrompu pour aller chez les méchants «Yankees». Les journalistes auraient dû souligner ce «FAIL» made in Mexico. Que penser de l'éthique ou du professionnalisme de tels journalistes? Des mercenaires inutiles? En réalité, le président mexicain appréhendait de voir revenir subitement 2 ou 3 millions d'illégaux qui le mettraient dans l'embarras à la face du monde entier. C'est l'histoire d'un échec mexicain dont on accuse les États-Unis. Vouloir stopper l'immigration illégale dans un pays n'est pas du racisme.
  • Quand le candidat Trump affirmait qu'il ne faut pas accélérer le processus d'immigration en provenance de l'Irak et de la Syrie, mais prendre le temps de s'assurer que les migrants ne sont pas infiltrés par plusieurs combattants de l'entité pro-État islamique (Daech) il était un raciste. Pourtant, la Sécurité intérieure (la vraie Homeland, pas celle de la série TV) affirmait la même chose, selon les informateurs sur le terrain (avis reçus). Le problème : la destruction des informations (édifices détruits), ou leur non accessibilité en temps de guerre, ou le flux de migrants utilisé pour faire passer des combattants à l'Ouest pour étendre la guerre. La position de Trump : il ne fallait pas empêcher l'immigration d'Irak et de Syrie, mais ne pas l'accélérer. Dans le même sens, il y a même eu un réel avertissement rendu public, de la Sécurité intérieure envers l'administration Obama et fin de non-recevoir de la part de l'Administration Obama, qui poussait pour une accélération de l'immigration. Puis subitement, les attentats de Paris ont réveillé le peuple américain, mais personne ne parlait de ce sera mis en place pour le protéger de menaces de plus en plus réalistes et éviter la situation européenne. On n'en n'a peu parlé au Québec, sauf surtout pour dépeindre Trump comme un raciste d'extrême-droite.   
  • À l'argument qu'il y a eu les «Boat people» en provenance de la Thaïlande et que nous étions «plus ouverts»: la génération non née à ce moment doit savoir que ceux-ci fuyaient une guerre qui les visaient eux et seulement eux, contrairement à la guerre actuelle qui a un fort vecteur anti-occidental et plus particulièrement antiaméricain. Deux chaloupes surchargées de 50 passagers, ne contenait pas 2 potentiels terroristes. Et les auteurs du génocide, les Khmers Rouges n'avaient pas les visées d'une expansion mondiale. Il n'y avait pas non plus les réseaux modernes de passeurs quasi-professionnels qui attirent les personnes déplacées ou les autres, simplement à la recherche d'une vie meilleure, les trompant sur la base de fausses promesses («vous trouverez la richesse dans les pays occidentaux»). Mais en 2016, avec 1) la guerre de la Syrie, 2) le désir d'expansion et d'infiltration de l'Occident par des clans (État islamiste et autres radicaux) et 3) le retrait précipité de l'Irak qui a donné exactement ce qui était dénoncé par les hauts gradés de l'armée (vacuum suivi du retour certain des radicaux qui briment leur peuple), les pays d'Occident sont une cible. 

Signature du président du Conseil de 
sécurité nationale
Extraits de la lettre envoyée au président Obama par le président du Comité de Sécurité nationale, datée du 16 novembre 2015, suite aux attentats de Paris. Les tensions sont palpables en lien avec l'attitude de l'Administration Obama, suite à des informations privilégiées qui lui ont pourtant été transmises et le peu de cas fait des lettres, avis et recommandations qui ont précédé; notamment, plusieurs vulnérabilités identifiées plus tôt en 2015 en matière de sécurité, avant les attentats de Paris.

Il est clair qu'en rendant publique cette lettre (PDF ici), le Comité pour la Sécurité avertit que l'administration Obama serait redevable aux citoyens et au Congrès américains en cas d'attaque au pays, si elle ne prend pas des mesures plus appropriées à l'évolution du dossier de l'État islamique. Les agents n'allaient pas jouer le rôle de la cloche et l'idiot.


Extrait de la lettre envoyée au président Obama par le président du comité de sécurité nationale, datée du 17 novembre 2015, suite aux attentats de Paris. L'on y perçoit des tensions en lien avec l'attitude de l'administration Obama, suite à des informations privilégiées qui lui ont pourtant été transmises et le peu de cas fait des lettres, avis et recommandations précédentes; notamment, sur plusieurs vulnérabilités identifiées en matière de sécurité (1).

Explications détaillées et traduction proposée ici


La liste pourrait continuer pour un livre entier. Après l'élection du candidat Trump, tout est bon en ce cas pour déformer les propos du candidat ou sinon, pour y aller d'anecdotes et de rumeurs reprises rapidement par les médias de masse majoritairement de gauche.

La panique au Québec


Par exemple, une chroniqueuse du Québec qui a même déjà dirigé un magazine respecté est en panique (décembre 2016) contre le résultat de la Présidentielle américaine de 2016. Elle mentionne qu'un groupe de suprématistes blancs ont fait un salut à la mode Hitler (Heil!) avec bras levé et tout envers Trump qui se passait aux États-Unis, en 2016!
1)  Ce n'était pas une la démarche de Trump
2)  Je venais justement de prendre un court reportage datant de plusieurs mois auparavant suivi d'un débat au sujet de manifestants qui déambulaient dans la ville de New York, avant la course de 2016. Ils réclamaient le lynchage de policiers blancs, alors que régulièrement des policiers blancs abattent aussi des blancs. Le slogan des extrémistes réclamait le meurtre de policiers, aux États-Unis, en 2016. rien de moins:

«Wath do we want? Dead cops!
When do we want it? Now

(Traduction : Que réclamons-nous? Des flics morts!
Quand cela? Maintenant!), (1).

Ce qu'il faut comprendre en réalité et pondérer, c'est qu'il se trouve des extrémistes idéologiques de toute part, de gauche et de droite aux États-Unis. C'est le prix des libertés nord-américaines. Mais les médias du Québec sont enclins à prendre position et à remodeler l'information, comme chez la gauche aux États-Unis. Nous avons idéalisé la gauche, comme un Robin des Bois postmoderne. Des individus dont plusieurs n'ont même pas voté aux élections de 2016, prennent la rue (mouvement Not my President). Certains d'entre eux sont rémunérés 30 dollars l'heure pour manifester et intensifier le mouvement pour intimider et enlever l'envie aux électeurs de voter à droite. C'est de la pure intimidation, comme un mari jaloux qui menace son épouse de représailles si elle parle à des hommes.

Je l'ai constaté personnellement: durant la course à l'investiture des deux grands partis, mais plus encore durant la Présidentielle, la moindre accusation contre Trump était considérée comme une vérité, amplifiée de ce côté-ci du mur des médias. Mais quand inversement, un scandale présumé touchait les Clinton (ex. financement à même la Fondation Clinton, ex. décès par meurtre d'un initié républicain que Julian Assange associait à une source), ou quand une caméra cachée révélait que les Démocrates avait soudoyé des personnes pour semer le désordre aux rassemblements de Trump, c'était le plus souvent le silence média ici.

Le phénomène «The Voting Dead» au vote par anticipation a soulevé peu d'intérêt au Québec


Or, on sait que dans le contexte, ce sont surtout les Républicains qui avaient avantage à voter par anticipation. La plupart des médias n'ont pas repris cette nouvelle. CBS a révélé qu'un grand nombre de personnes décédées votaient, non seulement dans divers comtés lors d'enjeux moindres, mais également dans la course de 2016, par anticipation. Phénomène qu'avec humour, certains ont décrit comme «The Voting Dead», un clin d’œil à la populaire série apocalyptique «The Walking Dead».

Aux États-Unis, c'est CBS qui a validé ce phénomène récurrent aux diverses élections, notamment diffusé aux infos de Los Angeles du 23 mai 2016, validé aussi au Colorado, infos du 22 sept. 2016, validé aussi à Chicago, infos du 27 oct. 2016).





Très peu parlé dans les autres médias, à part Fox New, encore moins au Québec. Mais quand une pro-Trump a avoué sans gêne avoir tenté de voter 2 fois, cela a fait une demie-page dans un de nos grands journaux du Québec.

L'élection de Donald Trump contre toute possibilité quelques mois plus tôt : jugement contre les médias?


Pendant ce temps, on estime généralement à 70% le niveau d'impopularité des grands médias (gauche et droite). Certains analystes ont émis l'hypothèse que l'élection de Trump a été du même coup un jugement populaire contre ceux-ci.

Bref, voici ce que nous a amené le nouveau millénaire


Pendant que tout le monde attendait le «Bug» de l'an 2000, celui-ci est arrivé, mais pas où on l'attendait (informatique et bases de données bancaires ou autres). Le «Bogue de l'an 2000» a bien eu lieu, mais il a été idéologique et politique. Depuis à peu près le tournant du nouveau millénaire, si la démocratie fait élire un autre candidat que la majorité des médias appuie, cette personne ne vaut rien ou c'est une erreur, une dysfonction de la démocratie ou un virus idéologique; une anomalie électorale. Quand la gauche économique perd elle pleure, intimide et menace dans la rue. Quand la droite économique perd, elle assume durant 1, 2 ou 3 mandats et travaille à la prochaine élection.

Ce que la dernière élection US 2016 nous apprend c'est que la démocratie telle que nous l'avons connue est sur son déclin. Les journalistes et les médias ont plein la bouche du mot «démocratie» mais il est devenu un néologisme (sens nouveau). En fait ils n'y croient pas, ni ne la souhaitent pas vraiment. Aux États-Unis, une vague de contestataires qui ont perdu les élections sont contre le système des grands électeurs (le candidat qui gagne un État gagne le vote des grands électeurs de cet État). Mais ils voudraient que seule une certaine élite vote; une sorte d'oligarchie, des spécialistes de la gauche intellectuelle (une dégradation par rapport au système des grands électeurs!). Ils se proclament eux-mêmes progressistes, mais que sont-ils en fait? Trouvons un mot pour les désigner: ce sont des «régressistes». Ce qu'ils souhaitent, c'est l'équivalent d'une oligarchie (direction d'un État par quelques hauts-dirigeants non élus), laquelle au lieu de constituer une oligarchie économique (industrielle, etc.), serait une direction par des intellectuels triés selon une idéologie.

Au Québec, on a dénoncé à grand bruit le projet de mur de Trump entre les États-Unis et le Mexique (en réalité une mise à la norme et uniformisation de ce qui existe). Mais nos médias élèvent un mur de l'information. Honte à ceux qui participent à cet obscurantisme postmoderne et qui se croient la crème du monde entier.

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Élections 2016: Quand la rue fait plus peur que Trump

(12 novembre 2016)

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1.  NYC Protestors Chant For 'Dead Cops', Fox Friends posté sur Youtube par un usager,  15 déc. 2014

https://youtu.be/xY1c87CoaQg