dimanche 30 juillet 2017

Gratuite la santé au Québec? À 43% des dépenses de la province, Non

Que coûte le système de santé au Québec? Réponse: 43 cents (centimes) de chaque dollar dépensé en services et opérations de l'État. C'est ce qui est désigné comme «dépenses de missions» du cadre financier du Québec, prévisions pour l'année 2017-2018. C'est l'argent des payeurs de taxes et impôts et non du Gouvernement dans les faits.


Pour le plan économique publié en mars 2017 au Québec (1), la projection du coût de la santé pour l'année 2017-2018 était de 40223 millions de dollars, soit environ 40,22 milliards de dollars. Est-ce beaucoup ou peu? Tout dépend évidemment de la capacité totale de dépenser de l'État du Québec. Pour la même période de 1 an, les dépenses totales projetées (sans compter le service de la dette) sont de 93852 millions ou env. 93,85 milliards.

Le pourcentage des dépenses affectées à la santé avec ses programmes sociaux pour l'année courante (2017-2018) est donc de 42,9% environ, soit pratiquement 43% (40223 millions  / 93852 millions de dépenses de missions = 0,4286 ou 42,86%).





Si l'on inclut le «service de la dette» pour la même année (2), lequel est projeté à 9868 millions ou 9,87 milliards de dollars, les coûts de la santé semblent alors réduits à 38,8% des dépenses, par rapport à 43% quelques années plus tôt, mais c'est illusoire, car 


  • ce n'est qu'une manière différente de présenter les dépenses (celles reliées à la dette étant aussi là il y a quelques années)
  • et le coût de la santé versus les taxes et impôts insuffisants pour tous les services de l'État impliquant tout de même un endettement sont le signe que l'État n'a pas les moyens de ses «services».

La mesure d'efficacité d'un système de santé dépend aussi des services réellement disponibles pour tous les assurés


Avant que les États-Unis sur la recommandation de l'ex-candidat à la chefferie du Parti Démocrate, Bernie Sanders, soient tentées de lorgner le modèle du système de santé canadien, il faut savoir 

  • que les «clients n'ont pas tous accès (ni facilement même s'ils en ont un) à un médecin attitré (médecin de famille). Cela est particulièrement important quand nos gouvernements successifs n'ont pas réussi à informatiser et centraliser les contenus des dossiers médicaux après des années de tentatives et des centaines de millions de dollars investis. Pour la province de Québec, l'objectif est d'atteindre 80% de la population liée à un médecin attitré, aussi dit «de famille». Personnellement, durant la dernière décennie, j'ai passé au moins la moitié des années sans avoir un médecin généraliste attitré (le cas encore en juillet 2018). Ceci signifie ne pas avoir de suivi médical annuel ou ne pas avoir rapidement accès à un médecin spécialiste au besoin (3). 
  • Une personne avec un diagnostic de cancer peut attendre 2 ou 3 mois avant de recevoir un premier traitement. 
  • Ceci sans compter le temps précieux perdu avant les examens conduisant aux tests et analyses et de là, au diagnostic. 
  • Il n'est pas rare qu'une personne qui se déplace dans un hôpital public spécialisé pour une chirurgie attendue depuis des mois, voit celle-ci reportée le jour-même, en raison des contraintes de personnel spécialisé ou de disponibilité de salles de chirurgie. Car le problème québécois est aussi organisationnel.
  • Pas étonnant que l'euthanasie fasse depuis peu partie de l'offre de services des «traitements» et que l'on veuille élargir davantage «par compassion» (4). Pourtant, si l'on changeait le néologisme «aide médicale à mourir» (la mort comme traitement) par empoisonnement volontaire, le verrions-nous autrement?
  • Crédits image : Luc Tesson (date inconnue)
  • L'apparente gratuité du système tend évidemment à déresponsabiliser les individus, ce qui augmente le fardeau des coûts pour ceux qui paient des impôts et ceux qui remboursent ou rembourseront la dette par leur travail. 
  • Avec l'inversion de la pyramide des âges (dénatalité), le système canadien se retrouvera dans les prochaines années au bord de l'implosion.

Ce n'est pas tout d'avoir une carte de santé dans les provinces du Canada; encore faut-il que les services soient réellement accessibles dans chaque province


Dans la province de Québec (Canada), si vous entrez par les portes de l'urgence en ambulance, par exemple suite à un accident ou une overdose, vous aurez un service rapide. C'est le drive in de la santé. Mais si vous devez consulter un médecin et obtenir, par exemple une chirurgie ou un traitement, armez-vous de patience. Un client qui voudrait voir un dermatologue pour un «grain de beauté» suspect (possible mélanome), devra premièrement être référé par un médecin et ensuite il faudra des mois sur une liste.

Malgré les tentatives et efforts de l'actuel ministre de la santé depuis 2014, Gaétan Barette (lui-même médecin spécialiste), il n'y a pas encore 80% de la population qui ait accès à un médecin.

Que faire pour optimiser les dépenses dans un système de santé publique tentaculaire et désynchronisé, souvent adjoint de résistance au changement et de chasses-gardées?


Certains clients observateurs (dont je suis) croient que l'argent investi de nos taxes et impôts devrait suivre le client et non les institutions (subventions). Il est logique de croire que lorsque les clients seraient perçus comme un revenu et non comme une dépense quand ils entrent dans une institution de santé publique (ex. hôpital, CLSC, ...) l'approche en serait transformée.

Il y a aussi un problème important; celui de la lenteur à s'adapter. Imposer un changement de direction ou de philosophie de grosses institutions étatiques subventionnées et syndicalisées, c'est comme faire tourner le Titanic avant qu'il frappe un iceberg.

Par exemple, si une personne n'a pas de médecin attitré et veut rencontrer un dermatologue, pourquoi dois-elle consulter un médecin référent qui ne la connaît pas avant? Cela fait deux évaluations, deux dépenses, au lieu d'une? Un autre professionnel pourrait inscrire la même référence en s'assurant uniquement que la personne est dirigée vers le bon spécialiste.

Les bonnes intentions en matière de santé au Québec: les choses ne vont pas comme dans les livres


Lorsque l'on considère le système de santé américain, on est porté à surestimer notre réussite et à se satisfaire du statu quo.

  • Mais notre système pourrait accaparer un jour pas si loin, la moitié du budget des services et opérations de l'État et s'effondrer en raison de la dénatalité.
  • De plus, on peut avoir une carte de santé, sans accès réel garanti.
  • Comme dans les systèmes socialistes, il faut se mettre en ligne (délais parfois de plusieurs mois voir des années entre la demande et l'accès à un spécialiste, à une chirurgie, etc.). 

Personne n'est contre un système de santé accessible à tous. Tout le monde veut que tout le monde soit soigné dans un délai normal. Mais il y a 50 ans, au moment de faire le virage dont le système actuel est le fruit,

  • on ne savait pas comment évoluerait la démographie. On était à une époque de fécondité. 
  • On ne connaissait pas non-plus les coûts sociaux futurs des toxicomanies en croissance (santé, justice, ...) ou des changements de mœurs sexuelles (multiplication des MST), résultant en partie d'individus déresponsabilisés par la gratuité apparente de notre socialisme émergent.
  • On ne savait pas que les avortements, ainsi que les examens pré et post-avortement non inclus dans les statistiques de coût unitaire, seraient un jour considérés comme actes médicaux assurés par la carte santé. Une grossesse involontaire n'est pourtant pas une tumeur, ni une affaire d'État.
  • On ne connaissait pas les fraudes à venir, par exemple, les non-résidents canadiens avec faible revenu possédant une adresse et un compte bancaire au pays (louant un mini-appartement délabré qu'ils n'occupent pas réellement) et qui ne paient pas d'impôts, mais avec un statut légal qui leur permet de toucher des allocations de l'État et de rentrer au pays pour un traitement ou pour donner naissance). 
  • Le défi le plus grand à venir de notre système de santé n'est pas le vieillissement des personnes (discours discriminatoire envers les aînés considérés de plus en plus comme un poids social), mais la dénatalité, avec autour de 1,7 enfants nés par femme. Encore là, les néologismes (nouveaux sens accordés aux mots) masquent la réalité. Le problème réel n'est pas de vieillir et de vivre plus âgés qu'il y a 50 ans, mais de ne plus donner naissance. Un peu trop de matérialisme, peut-être? 
Et le problème des coûts de santé doit être abordé globalement. Car si on diminue l'âge moyen de la population, mais que l'on perd l'équivalent en nouveaux coûts de soutien aux familles, on ne fait que déplacer le problème. Il faut donc aussi tenir compte de l'employabilité, du taux de chômage, etc. Le Gouvernement tient d'ailleurs compte par exemple du PIB dans le calcul de ses dépenses.

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    1.     TABLEAU A.4  Cadre financier consolidé de 2016-2017 à 2021-2022 (en millions de dollars [canadiens]). Source : LE PLAN ÉCONOMIQUE DU QUÉBEC. Gouvernement du Québec. Mars 2017.

    NOTE: 1000 millions = 1 milliard (équivalent de l'anglais, 1 billion)



    2.     «service»? Wow! il faut les néologismes qu'il faut pour aider à avaler la grosse pilule de la dette. Les dépenses de la dette sont devenues un service public...

    3.     Cela signifie ne pas pouvoir prendre un rendez-vous avec un médecin. De là, en consultation en mini-urgence en clinique privée ou en clinique privée sans-rendez-vous pour une simple infection d'une blessure ou bactérie, ne pas avoir de point centralisé (médecin attitré) où sont communiqués les résultats des tests prescrits (données médicales éparses dans diverses cliniques, hôpitaux, sans lien entre elles). Cela signifie aussi se faire faire un petit sermon de l'infirmière du tri, comme quoi on DOIT avoir un médecin, alors même qu'on est sur une liste d'attente depuis quelques années si votre médecin a quitté la clinique médicale dont vous étiez client.

    4.    Je réfère ici à la nouvelle «aide médicale à mourir», qu'une certaine élite veut étendre aux souffrances psychologiques (ex. personnes âgées devenues aveugles ou sourdes, personnes atteintes de quelques maux non mortels mais cumulatifs), aux enfants malades, aux patients souffrant de problèmes mentaux graves (ex. une personne avec une dépression sévère qui le demande, alzheimer avancée, démence). C'est bien peu comprendre la problématique du vieillissement pour des personnes qui ont un réseau social peu développé ou l'abandon des proches. Bien des personnes demanderont la mort pour une souffrance intense qui est en réalité une solitude ou la peur d'entrer dans les dédales du vieillissement avec des inconnus; d'où la souffrance intérieure intense. Mais l'approche «one size fits all» propre aux socialismes établis (ou émergents comme le nôtre) ne fait pas dans la nuance.