mardi 8 août 2017

Le parti de la CAQ doit se définir et mes autres observations politiques pour le Québec de 2017

Le parti Coalition Avenir Québec (CAQ) présente un grand inconvénient et un grand avantage. Son grand point faible, c'est que pour un grand nombre de Québécois,  il demeure inclassable. La CAQ ne peut pas se définir en quelques mots. Son grand avantage, c'est que le parti n'est pas encore en état de disgrâce, ni la cible de choix pour ses adversaires. Il est comme un «nouveau» restaurant encore sous observation six ans après son ouverture ... Cela ne saurait durer. Et suit ma réflexion sur quelques autres partis du Québec.


En 2017, la CAQ est comme un «nouveau» restaurant encore sous observation six ans après son ouverture, mais cela ne saurait durer. Pour bien comprendre, je vais remonter dans le temps sur ce blogue.

Retour à la création de ce blogue


Au moment de créer ce blogue qui succédait (et se chevauchait),  à la fin de l'année 2008, à une version préliminaire sur EspaceCanoe (section grand public fermée depuis), la tendance médiatique au Québec était déjà de museler le conservatisme. Stephen Harper au fédéral, c'était le diable; Amir Khadir et son parti aligné sur les principes communistes au Québec, c'était le plus élevé des anges; un genre de néo-Castro



C'est dans ce contexte, que je réagissais à ce que je percevais comme une manipulation de certains médias, notamment Radio-Canada. Marquer idéologiquement un parti ou un candidat en y attachant l'étiquette «de droite» et même, souvent arbitrairement «d'extrême-droite», c'était et c'est encore souvent pour un grand média, indiquer de ne pas leur accorder le vote citoyen, tout en évitant de se positionner ou se dévoiler comme un journaliste ou hôte partisan, employé d'un réseau média privé ou public. Dans ce contexte, je disais qu'il fallait s'affranchir des clichés, gauche vs droiteMais au fil des mois et années, je réalisais que pour se libérer des chaînes intellectuelles mensongères du tout bon (la gauche) vs tout mauvais (la droite), il fallait prendre conscience de l'importance de la gauche au Québec, par exemple dans les universités et les cégeps, les médias, certains grands syndicats utilisant l'argent des syndiqués (ou ressources humaines pourvues par les prélèvements sur salaire) pour favoriser un parti politique auquel n'adhèrent pas tous les salariés cotisants; exemple alliance de syndicats activement engagés dans une campagne anti-Conservateurs et pro-Libéraux de Justin Trudeau en 2014-2015, etc.

Donc, tout en étant toujours en continuité logique et de valeurs, avec une une bonne partie de mes premiers articles, consistant à:
  • adhérer à des valeurs de libre choix 
  • et en même temps être en faveur d'une sage gestion des programmes sociaux et de l'importance de l'entraide, 
  • en favorisant (facilitant) le travail
  • et la fiscalité simplifiée pour les entreprises en premier, 
par contre ma pensée a quelque peu changé. C'est que d'une part au Québec, pour s'affranchir de l'idéologie enfantine et binaire, «droite toute mauvaise» vs «gauche toute bonne», il faut d'abord prendre conscience que la faveur envers la gauche et l'extrême-gauche existe bel et bien et domine dans les influences (ex. dans le poids média et les institutions d'enseignement post-secondaires). Il faut réaliser qu'aucun parti n'est «tout bon» ou «tout mauvais» et qu'aucun ne peut satisfaire tout le monde. En 2017, on ne peut pas avoir une camionnette qui tire un VR de 35 pieds sur une autoroute et qui se stationne dans une case de 2,50 mètres sur 6.

C'est après avoir pris conscience des mensonges et fausses promesses de la gauche et de ses échecs cuisants historiques et actuels, que l'on peut passer à un autre niveau




La gauche n'a pas le monopole de la vertu et démontre et a démontré qu'elle peut être fasciste, faire tuer des millions de personnes et interdire l'expression, au nom des libertés des camarades. Après la libération de la dictature cubaine, les Castro n'ont pas établi de système électoral démocratique plus de un demi siècle plus tard. Selon le sénateur Ted Cruze (présidentiable aux États-Unis et né de parents cubains), le clan Castro a envoyé (ou envoie) en prison ou a chassé les militants et activistes qui réclamaient des élections démocratiques. Le Venezuela (État ami des frères Castro), encensé par Obama au début de son manda, révèle maintenant, un exemple raté de plus; le côté sombre de la concentration des pouvoirs dans le socialisme qui a lui aussi son 1%. La gauche a presque tué la France économiquement et culturellement. Le système de santé cubain décrit comme un modèle mondial se déclinerait en réalité un système à trois vitesses.


Mais face à de tels constats, les partis alternatifs naissants ou émergents se retrouvent vite devant la tentation d'être tout pour tous à la fois. 

Qu'est devenue la CAQ depuis sa création en 2011?


D'autre part, au Québec, nous avons pu assister à la naissance du parti Coalition Avenir Québec, un véhicule politique récupérant une partie des pièces de l'Alliance Démocratique du Québec (ADQ, Adéquistes). L'ADQ a été victime d'avoir pris une expansion  trop fulgurante dans le contexte de l'élection de 2007, où elle est venue à deux cheveux de prendre le pouvoir avec une équipe trop peu formée à la guerre politique et ses pièges. En formant l'opposition officielle, l'ADQ devenait l'adversaire à abattre et à piéger (déclarations des députés sans expériences ou mal évalués, etc.), les médias plus à gauche aidant. Après un renversement des choses et la démission du co-fondateur et chef du parti, Mario Dumont (suite à un retour rapide en élections forcées par les Libéraux du Québec formant alors un gouvernement minoritaire), on a assisté au démantèlement de l'ADQ par ses leaders et à la «vente» de certaines pièces à la CAQ en production. Les autres partis se sont appropriés d'autres pièces, car Mario Dumont a été souvent méprisé ou regardé de haut par ses adversaires politiques, mais toujours copié. 

Mario Dumont, ex-homme politique et chef de parti au Québec; co-fondateur du parti Alliance Démocratique du Québec (ADQ) qui a fortement influencé la politique québécoise de 1994 à 2012. Crédits photo: radio FM 93,5 de Montréal, (page consultée le 8 aout 2017)


Puis on a vu cheminer ce nouveau véhicule de la CAQ. De par sa nature, la CAQ tend à se contorsionner pour être un parti multicolore ou éclectique; une sorte de parti couteau suisse. C'est le parti «Je peux être tout ce que tu veux», pour reprendre une réplique tirée de l'excellente comédie, L'Intra-terrestre (film de 1999 que je vous recommande et qui a bien vieilli, dont l'acteur principal est Brendan Fraser).

François Legault, homme politique et homme d'affaires du Québec. Co-fondateur du parti Coalition Avenir Québec (CAQ)


Mais dans son intention de répondre à tout (l'intention était bonne), la CAQ a failli à la tâche de définir sa mission en quelques mots. Résultat, elle semble pour plusieurs électeurs actifs, non pas un parti pour tous, mais un parti inclassable, ce qui est très différent. Sur Wikipedia, le parti est défini comme de centre droit (page consultée le 7 août 2017).  Mais on peut tout autant (ou davantage?) dire qu'elle est extrême-centriste ou encore de centre gauche, voire quasi de gauche...




Le Parti Québécois (PQ), quant à lui, semble avoir fait, avant les Démocrates américains, l'erreur de passer de statut de parti des classes moyennes et des travailleurs à celui de parti des programmes sociaux de gauche, presque d'extrême-gauche par moment (malgré les «fiançailles» ratées avec QS) ou à joindre lui aussi les attentistes en peine d'amour de leurs chefs successifs.

Jean-François Lisée, chef du Parti Québécois durant l'année électorale 2018.


Pour ce qui concerne le Parti Libéral du Québec (PLQ), le plus étrange, c'est que comme les Républicains de Donald Trump aux États-Unis, le PLQ a de son côté, profité du vide laissé par le PQ, et se trouvait en milieu d'année 2017, en voie de tourner en parti des travailleurs et classe moyennes.

Déjà dans les années soixante, voter pour le Parti Libéral était vu comme un changement. Ce slogan sur-utilisé vieillit mal en politique québécoise.


Le Parti Conservateur du Québec demeure le joueur méprisé des belles-sœurs, médias «mainstream», même lorsqu'il performe plus que QS dans certaines circonscriptions. Il a intérêt à développer son média ou canal de communication politique pour parler directement à la population.

Adrien Pouliot, homme d'affaires du Québec et chef du Parti Conservateur du Québec. Crédits photo : Parti Conservateur du Québec (page consultée le 8 aout 2017)


À quoi donc comparer un éventuel vote à la CAQ? 


Accorder son précieux vote à la CAQ, peut sembler, si une élection arrivait en 2017, comme acheter une boîte de conserve qui a perdu son étiquette. Il faut l'ouvrir (voter pour) en vue de connaître son contenu. Le cheminement de la CAQ, née en 2011, dénote qu'en politique, comme ailleurs en réformes sociales, notamment, il y a une énorme différence entre le concept (ici, répondre à toute attente et presque son contraire) - le livre si l'on veut - et sa réalité mise en application. La CAQ doit se définir et plutôt que se laisser définir. Elle doit trouver sa mission et l'expliquer en quelques mots, concentrer ses efforts. Car pour le moment, voter pour la CAQ en vue du «changement» pourrait ressembler à changer les meubles de place dans une pièce.

Enfin, le Québec de 2017 n'a pas besoin de partis attentistes. La CAQ a tout intérêt à se définir, tout comme le Parti Conservateur du Québec et son chef, boudés par les principaux médias. Si un parti devait représenter les travailleurs, le centre-droit et la droite sans oublier les vrais pauvres et démunis, n'est-ce pas ce dernier? Le PQ, de son côté, drague les non-travailleurs et les révolutionnaires cheveux dans le vent, mais en oubliant les travailleurs et la classe moyenne active. Quelle erreur de placement de produit politique de la part de son probable futur ex-chef!